4.2.3.1.3. METIER MASCULIN

‘<<C'est sûr que, qu'il faut pas avoir peur et tout parce que bon on n'est pas armé on peut rien faire c'est-à-dire que si on se fait frapper dessus on se fait agresser on est juste bon à partir à l'hôpital et c'est tout hein, dire qu'y a eu un accident de travail sur les lieux et puis terminé quoi, donc on peut même pas intervenir, et justement ils vont nous envoyer en formation pendant trois jours pour apprendre véritablement le boulot de gardiennage et de surveillance>>’, c'est par la catégorie du "risque", caractéristique des métiers traditionnellement masculins, que Johan poursuit la description de son activité professionnelle. Mais cette catégorie n'est pas mise en avant pour valoriser le métier, mais pour pointer au contraire les limites de son champ d'action, et les aspects négatifs de l'emploi. Ce n'est donc pas par la catégorie d'une virilité valorisante qu'il définit son appartenance professionnelle, mais par la catégorie d'une virilité problématique, comme nous aurons l'occasion de le voir à plusieurs reprises tout au long de l'entretien.

Plus encore, les catégories traditionnelles de la virilité ne sont pas de rigueur dans le métier - <<on peut même pas intervenir>> - et c'est pour cette raison même que Johan va partir suivre une formation. Car le <<gardiennage>> n'est pas une activité qui s'improvise ou pourrait se déduire d'une présupposée aptitude à "jouer les gros bras", c'est un <<boulot>> mais pour lequel il faut toutefois se former.

Nous retrouvons avec Johan le processus de non identification professionnelle mis en évidence au cours des entretiens précédents, qui se caractérise par le recours à une dénomination professionnelle en termes de secteur d'activité et non en termes de métier, ainsi que par la désignation "alimentaire" du travail que symbolise le <<boulot>>.