Introduction

Plusieurs étapes marquent l'étude de l'atelier de la Butte. La découverte, au milieu du xixe siècle, d’éléments attestant la production de lampes, et de structures attribuées à la production de céramique en aval du fort St-Jean assura dès cette époque la localisation du site de production. Pourtant, ce n’est qu’un siècle plus tard (1965/66) que l'exécution de travaux place de la Butte a enfin permis de réunir et de conserver de la céramique à paroi fine.

Les publications traitant de la céramique à paroi fine (seul les gobelets moulés et signés porteurs d'images avait pu éveiller l'attention des historiens) se multiplient dans les années 70, et les premiers ouvrages généraux importants voient enfin le jour3. La céramique de la Butte fait alors son entrée dans des typologies qui dressent désormais un tableau assez complet d'une catégorie de céramique longtemps délaissée. Il faut néanmoins attendre la fin des années 80 pour que la première étude sur la céramique à paroi fine en contexte lyonnais soit publiée4. À ce moment, la recherche sur la céramique à paroi fine en France paraît avoir atteint un palier sur lequel elle se repose. Pourtant, pour la production de l'atelier de la Butte, le matériel d'un seul site a été examiné (la rue des Farges), et curieusement le mobilier recueilli sur la place de la Butte n'avait toujours pas été traité trente ans après sa mise au jour.

Au matériel inexploité et conservé au musée de la civilisation gallo-romaine, incomplet puisqu’une partie de la collection et toute la documentation constituée en 1966 demeure privée5, sont venues s’ajouter de nouvelles découvertes en contexte stratigraphique.

L’une des plus notables est celle d’un important dépotoir céramique à Vienne en 1986 qui paraît avoir constitué le stock d’une boutique ou d’un négociant et permet d’observer la céramique de la Butte en phase de commercialisation.

D’autres fouilles contemporaines ou postérieures à l’étude du matériel de la rue des Farges ont apporté des éléments nouveaux, la fouille du Verbe Incarné, du kiosque de la place Bellecour, le site de St-Romain-en-Gal et d’autres ensembles plus modestes n’avaient pas été pris en compte. De nouvelles interventions tout à fait récentes comme celles de la rue Chambonnet ou de l’Odéon enrichissent encore le corpus du matériel disponible.

La présentation de la production de paroi fine des ateliers augustéens de Loyasse et de la Muette était indispensable pour replacer l’atelier de la Butte dans son contexte topographique et historique. L’arrêt de l’activité de l’atelier de la Butte marque aussi celui de la production de céramique à paroi fine de tradition antique à Lyon, mais la production de cette catégorie céramique est probablement contemporaine de la fondation de la cité romaine.

Le tableau des productions augustéennes qui est brièvement dressé permet toutefois une nouvelle approche. Le classement typologique de ce matériel faisait toujours défaut et sa création fournit un outil plus commode de réflexion. Un travail sur les données statistiques vient en outre appuyer la réorganisation des résultats.

L’étude de la céramique à paroi fine de l’atelier de la Butte est conduite en fonction de la qualité du matériel, séparé en trois grandes catégories. La céramique provenant du site de l’atelier constitue un corpus d'identification indiscutable, un ensemble de référence qui atteste la production place de la Butte. L’intégrité de ce lot est essentielle si l’on veut un jour clairement différencier les productions de la place de la Butte et celles de Chapeau rouge. Une partie du répertoire typologique est commune aux deux ateliers, mais certaines formes pourraient avoir été uniquement produites dans l’un d’eux ou sur d’autres sites encore inconnus.

Avec le site de la rue de Bourgogne à Vienne, nous disposons d’autre part d’un ensemble exceptionnel de céramique retrouvée dans le circuit de commercialisation. La représentation de ce lot est statistiquement contestable, il donne toutefois une image précieuse de cette céramique telle qu’elle était proposée à la clientèle Viennoise. Le matériel des sites de consommation lyonnais, régionaux ou plus lointain forme bien entendu la base essentielle de l’examen chronotypologique et statistique.

La céramique du site de production et celle de la boutique de Vienne sont étudiées séparément, en prélude à la typologie. Pour conserver la spécificité de ces ensembles, il était impératif qu’ils soient présentés intégralement.

La typologie est construite avec le regroupement des dessins produits durant l’examen du matériel des sites de consommation. On s’est efforcé d’utiliser un maximum de dessins, regroupés par contextes, rangés suivant leur chronologie. Ainsi, chaque forme est illustrée aussi largement que possible avec la diversité de ses variantes. Le matériel n’est donc pas classé ni étudié par sites, mais réunis pour être mis directement au service de l’analyse. Toutes les données collatérales, présentation des sites, des contextes stratigraphiques anticipent l’étude céramologique.

Notes
3.

Marabini Moevs (M. T.), The Roman Thin Walled Pottery from Cosa (1948-1954), Memoirs of the American Academy in Rome, 32, 1973.

Mayet (F.), Les céramiques à parois fines de la péninsule Ibérique, Paris, 1975.

Greene (K. T.), The pre-flavian Fine Wares.Reports on the excavations at usk 1965-1976, Cardiff, 1979.

4.

Grataloup (C.), L es céramiques à parois fines. Rue des Farges à Lyon, British Archaeological Reports, International Series, 457, Oxford, 1988.

5.

Collection A. Grange.