1.2.2. La production

Les céramiques prélevées durant la fouille ne forment pas nécessairement un ensemble parfaitement représentatif de la production de l’atelier. La fenêtre ouverte par le chantier sur la stratigraphie antique du bord de Saône aurait pu révéler d’autres dépotoirs au contenu peut-être différent si elle avait été étendue ou autrement située. Le portrait que l’on dresse aujourd'hui de la production de la Muette en aurait été modifié. Néanmoins, la surface d’investigation était sans commune mesure avec la découverte de Loyasse, et le sondage de 1975 est venu confirmer les observations faites pendant la fouille de 1966.

L’étude céramologique des dépotoirs a conduit au regroupement de certains contextes qui divisent la production augustéenne de l’atelier en deux phases. L’ensemble i (fig. 7) rassemble la céramique de la première phase, elle comprend les deux dépotoirs Gobelets i et ii dont le sondage réalisé en 1975 a montré qu’ils ne formaient qu’un seul dépôt. Le grand dépotoir découvert en 1975 appartient aussi à cette phase datée entre 20 et 15 av. J.-C.

L’ensemble ii (fig. 8) ne regroupe que du matériel exhumé en 1966 : dans la fosse bordée de tuiles (MTS), le remplissage d’une tranchée (TNE) et deux dépotoirs (S3/S4). Plus récent, ce matériel est daté entre 15 et 5 av. J.-C.

La répartition du matériel par catégories est calculée sur le nombre de lèvres. Le volume des dépotoirs à gobelets (Gobelet i et ii) place les céramiques à paroi fine lisses en position de forte majorité (fig. 6). Outre un déséquilibre en faveur de cette production dû aussi au hasard des découvertes de dépotoirs, il faut tenir compte du taux de fragmentation généralement plus élevé pour la céramique à paroi fine et qui a encore été augmenté par le concassage des tessons du dépotoir Gobelet ii. La sigillée forme un groupe relativement modeste, au mieux 15 % de la totalité de la céramique, mais les autres catégories, les gobelets d’aco et la céramique à vernis rouge pompéien sont quantitativement marginalisées.

L’étude typologique de la sigillée de la Muette a révélé, contrairement à des sites de référence contemporains (Haltern, Dangstetten, fouilles du Verbe Incarné à Lyon), la prépondérance à 98 % du service i (b et c), à une époque durant laquelle le service ii est le plus abondant sur les sites de consommation. La représentation du service ii est plus importante dans la céramique de l’ensemble ii, mais celui-ci ne compose toujours qu’un quart de la production de la sigillée.

Les deux phases de productions définies se différencient donc par le taux de céramique sigillée du service ii, mais aussi par le rapport de proportion parmi les variantes du service i entre les services ib et ic, rapport qui s’inverse d’un ensemble à l’autre (fig. 5).

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Figure. 5 - Répartition des services de sigillées de la Muette dans les ensembles i.et ii.
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Figure. 6 - Répartition des productions de la Muette, nombre de lèvres, dépotoirs Gobelets i et ii.
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Figure. 7 - Répartition des productions de la Muette, nombre de lèvres, Ensemble i.
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Figure. 8 - Répartition des productions de la Muette, nombre de lèvres, Ensemble ii.