En dépit de leur notoriété due à l’attention plus soutenue des chercheurs, les gobelets d’aco ne représentent que 10 % de la céramique à paroi fine élaborée durant la première phase de production augustéenne (fig. 10). Leur absence des dépotoirs de la seconde phase confirme l’abandon rapide de cette production. Les gobelets de la Muette (comme ceux de Loyasse ou de Vienne) sont conformes au modèle padan : pâte siliceuse, panse et décor moulé, la partie haute du vase est tournée hors du moule, la lèvre est soulignée par une rainure. Le tournasage du pied pratiqué à la Muette distingue cette production de celle de Loyasse. Deux tessons de la Muette ont conservé des traces de glaçure plombifère non-fusée.
Répondant toujours aux mêmes caractéristiques déjà énoncées, les gobelets d’aco peuvent cependant être répartis en plusieurs variantes séparées par les rapports de proportions des vases.
Type 1.1 : Le gobelet élancé est celui qui représente généralement le type du gobelet d’aco. Le galbe du vase respecte un rapport hauteur totale/diamètre maximal (de la panse) compris entre 1.33 et 1.57 (moyenne 1.47). La partie moulée de ce type constitue les trois quart de la hauteur du vase (pl. 5 et 6).
Type 1.2 : Les premières publications décrivant les gobelets d’aco de la Muette ont rapidement reconnu une variante dite basse du type principal114 . Cependant, la hauteur moyenne des vases de ce groupe n’est que faiblement inférieure pour que ce caractère discriminant soit majeur, certains de ces gobelets sont aussi grands et parfois plus grands que les gobelets « hauts » (pl. 6).
En fait, ces vases se distinguent beaucoup plus du type courant par l’accroissement de leur diamètre (ouverture et panse) que par leur hauteur. Le rapport hauteur totale/diamètre maximal est ramené à une moyenne proche de 1 (de 0.87 à 1.07). Le profil de ces gobelets est d’autre part légèrement différent. L’élargissement du diamètre d’ouverture (2 cm en moyenne) et surtout celui du pied qui augmente de 75 % (passant en moyenne de 4 à 7 cm) réduisent l’écart entre ces deux variables et créent un profil moins évasé, plus cylindrique. Ces dimensions génèrent évidemment, à hauteur égale, une contenance beaucoup plus importante que pour les gobelets élancés.
Type 1.3 : Bien que les profils complets soient rares (pl. 7), on peut regrouper dans une troisième variante les vases réellement abaissés (entre 6 et 8 cm de hauteur) dont le rapport hauteur totale/diamètre maximal est inférieur à 1. Leur profil est plus ouvert mais ils se démarquent plus particulièrement par le rapport dans la hauteur entre la partie moulée et la partie tournée. Quelle que soit la variante et la taille des gobelets, la hauteur de la partie émergeant du moule reste constante (entre 2,5 et 3 cm). Mais si pour les deux premières variantes la partie tournée constitue moins de 30 % de la hauteur totale des vases, elle représente 40 % de la hauteur des vases les plus bas. La taille des gobelets est donc entièrement conditionnée par celle du moule.
La fréquence des formes élancées a toujours été estimée supérieure mais aucun comptage sur la fréquence des deux variantes n’existe. Il aurait cependant été possible de les séparer par de simples mesures sur les diamètres des ouvertures, et plus sûrement encore sur celles des pieds.
L’étude et le catalogage des décors et des signatures ont été menés de front avec ceux des gobelets de Loyasse, leur publication est achevée. Neuf signatures sont attestées pour l’atelier de la Muette : aco (7), hilarvs (18), hilarvs aco (114), chrysippvs (251), philarcvrvs (33), t.cavivs (8), philarcvrvs t.cavivs (2), philocrates (5), fidelis (2). Leur dénombrement montre qu’à eux seuls Aco et Chrysippus réunissent 90 % des vases signés. Plus de la moitié des signatures relevées sur les gobelets ou les moules appartiennent à Chrysippus, la moitié des décors et la majorité des moules lui sont attribués. Déjà, à Saint-Romain-en-Gal, sa production dominait l’atelier avant son déplacement.
Comparés à la totalité de la production de céramique à paroi fine de l’atelier, les gobelets d’aco sont largement minoritaires. Le dénombrement par types de la céramique à paroi fine s’est effectué suivant deux comptages. Celui des lèvres ne fait apparaître que 2 % de gobelets d’aco (fig. 9). Mais la difficulté de séparer, en raison de la fragmentation du matériel, les types à lèvre non modelée laisse 30 % de bords indéterminés.
En reprenant le décompte à partir des fonds (fig. 10), le taux de vases indéterminés chute, et la distribution des types est plus nuancée. L’ordre de classement des formes reste inchangé, mais les gobelets d’aco remontent à 10 %.
1. Lasfargues (A), Lasfargues (J.), Vertet (H.), « Observations sur les gobelets d'aco de l'atelier de la Muette (Lyon) », Revue Archéologique du Centre de la France, 7, 1, 1968, p. 81.