Les deux phases de production reconnues par l’étude du matériel recueilli sur le site de la rue de la Muette n’illustrent pas la totalité de l’activité pressentie de l’atelier. De nombreuses données scientifiques confirment la permanence d’une production de céramique sigillée au-delà de 5 av. J.-C. Des analyses ont démontré que 50 % de la sigillée mise au jour dans le camp d’Haltern (7 av. J.-C. - 9 apr. J.-C.) provenait de Lyon. D’autre part, les contextes régionaux fournissent la preuve de la présence de céramique sigillée lyonnaise au début de notre ère, et autorisent la restitution d’une production locale jusque vers 15 apr. J.-C.
Toutefois, cette phase de production n’a pas laissé de traces sur le site de la Muette. Si des vestiges en sont conservés, ils pourraient voir le jour sur un site voisin des bords de Saône, mais pourraient encore constituer le matériel d’un atelier plus éloigné qui prendrait un autre nom.
Bien qu’elle soit peu sensible pour la production de la première phase, il est évident que la vocation de l’atelier de la Muette n’était pas de satisfaire un marché local mais de participer à un commerce de grande ampleur. Le rayonnement commercial de l’atelier lyonnais est surtout observable à partir de 15 av. J.-C. et il ne paraît s'essouffler qu’une vingtaine d’années plus tard.
La distribution des céramiques à paroi fine (gobelets d’aco) et sigillées a pu être décelée à partir d’analyses chimiques, de reconnaissances visuelles, et par l’inventaire des marques de potiers. Les résultats montrent une large diffusion tournée vers le limes rhénan, l’ensemble des sites militaires et civils du nord-est de la Gaule sont approvisionnés. Quelques témoins attestent encore une diffusion régionale vers l’ouest et le franchissement de plus grandes distances vers le nord-ouest115 .
La production de céramique fine s’interrompt à l’approche de l'avènement de Tibère. Il semble déjà que durant les premières années du ier siècle apr. J.-C., la sigillée de la Muette se restreigne à un débouché local déjà concurrencé par les importations du sud de la Gaule.
Le site de la Muette n’est pas définitivement déserté par les potiers à la fin de l’époque augustéenne lorsque prend fin, entre 10 ou 15 apr. J.-C., la production de sigillée lyonnaise. À la fin du ier siècle apr. J.-C. la production de cruche à pâte claire témoigne du maintien de l’activité216 . Tous les fours du site qui ont été étudiés appartiennent à cette époque.
1. Desbat (A.) et alii, « Les productions des ateliers de potiers antiques de Lyon. 1ère partie : Les ateliers précoces », Gallia, 53, 1996, p.235, fig. 93.
2. Laroche (C.) « L’atelier de la Muette (2e période) », dans Desbat (A.) et alii, « Les productions des ateliers de potiers antiques de Lyon. 2e partie : Les ateliers du ier s. après J.-C. », Gallia, 54, 1997, p. 51-54.