En 1965, le service des eaux de la ville de Lyon décida de mettre en oeuvre la traversée sous-fluviale de deux conduites de fort diamètre descendant du plateau de la Sarra. Les conduites devaient traverser la Saône en aval du pont de Serin pour ressortir de la rivière au niveau de la place de la Butte (rebaptisée place du 175e R.I.A.).
Les dragages préparatoires eurent lieu en mai 1965 et en juillet une première tranchée venant du nord aboutissait place de la Butte. Par la suite, une grande fosse fut ouverte au centre de la place, puis agrandie vers le quai alors qu'était creusée une seconde tranchée partant de la place vers l'est (fig. 19). Le quai St-Vincent131 fut éventré, et les canalisations rejoignirent le centre de la place par une galerie qui passait sous la chaussée au printemps 1966 (fig. 20). Le chantier fut achevé au mois d'août 1966.
La présence de niveaux archéologiques évidents, en particulier l’apparition des cuves antiques, n’a pas entraîné de fouilles. L’archéologie de sauvetage n’existait pas encore réellement, et c’est à la surveillance d’un amateur assidu sur le site, M. A. Grange, alerté par un voisin des travaux, que l’on doit les observations archéologiques faites sur le terrain, et la totalité du matériel provenant de l’atelier.
La nature des vestiges archéologiques n’a été étudiée qu’après le creusement de la fosse au centre de la place, et la documentation graphique réunie par A. Grange consiste en une simple lecture des parois non préparées qu’aucun archéologue n’est venu confirmer (fig. 21).
La paroi nord de la fosse a été photographiée à plusieurs reprises (fig. 23-24) en raison de la présence des cuves (ou de dolia ?), on en dénombre six dans la largeur de la fosse. Elle montre, en dessous d’un niveau ancien de la place en galets, une épaisse couche de remblai dans laquelle on ne distingue pas de stratigraphie lisible, mais plutôt des éléments de destruction. Peu apparent sur les photographies, un niveau cendreux scelle l’alignement des cuves. Il n’existe pas pour ces vases de dessin céramologique totalement satisfaisant. Leur forme semble relativement ouverte, ils ne possèdent pas de fond plat, malheureusement le profil de la panse est imparfaitement restitué (hémisphérique ou plutôt conique ?). Leurs dimensions ont été approximativement relevées : environ 120 cm de diamètre maximal et 100 cm de hauteur totale. Deux types de lèvres sont recensés, un en marli comparable à celle des dolia, l’autre avec une encoche en réserve (fig. 22).
Au moins quatre alignements ouest-est de ces cuves ont été traversés par la tranchée qui part de la fosse vers le nord. Bien qu’aucun schéma global n’ait été produit, ce sont les coupes de cette tranchée qui furent l’objet des croquis les plus précis, malheureusement leur assemblage est incohérent. Dans ce secteur les alignements de cuves doivent être dissociés des structures maçonnées postérieures (selon les observateurs), un caniveau est interrompu par la tranchée. D’autre part, l’auteur de ces croquis métrés (M. Thévenaz) reconnaît ce qui lui semble être un tunnel de four construit en briques dont les parois sont vitrifiées.
En effet, outre les indices d’une production de lampes et de paroi fine, le site a livré de nombreux éléments fragmentaires de four de verriers et des scories de bronze qui attestent la diversité des artisanats liés au feu dans ce quartier antique132 .
La fosse n’était pas assez profonde pour clairement reconnaître le terrain au-dessous des cuves, le chantier ne s’est pas arrêté sur une couche archéologique. A. Grange décrit néanmoins dans la coupe nord des “ dalles de gneiss ”. Les structures qui occupent la partie nord de la fosse et au-delà dans la tranchée semblent être limitées au sud par un mur garni d’enduit, parallèle à l’alignement des cuves.
D’autres vestiges ont été lus dans ces coupes, notamment des sépultures et des couches qui malheureusement ne sont pas insérées dans une réelle séquence stratigraphique.
Ainsi, les vestiges les plus importants relevés dans la fosse ouverte de la place de la Butte ne sont pas ceux d’un atelier de potier, cependant ils appartiennent clairement au domaine de l’industrie. Un seul élément pourrait se rapporter à des structures liées à la production de céramique, observé dans la paroi est de la fosse, il est décrit comme une ‘“ grosse paroi réfractaire, 18 cm d’épaisseur progressivement brûlée ”’ (fig. 25).
1. Il n'y a plus de quai Ste-Marie-des-Chaînes, le quai St-Vincent rejoint désormais le quai de Serin au niveau du fort St-Jean.
1. La production de verre est aussi attestée sur le site voisin de la Manutention : Nenna (M.-D.), Vichy (M.), Picon (M.), “ L’atelier de verrier de Lyon, du ier siècle après J.-C., et l’origine des verres ‘romains’ ”, Revue d’Archéométrie, 21, 1997, p. 81-82.