2.3.5. Saint-Romain-en-Gal

L’amplitude chronologique du site de Saint-Romain-en-Gal est comparable à celle des grands sites lyonnais, néanmoins, les ensembles du ier siècle apr. J.-C. qui ont été mis au jour ont livré peu de céramiques à paroi fine lyonnaises153 . La construction du nouveau musée archéologique, n’a en outre pas facilité la consultation des collections. Le matériel découvert en contexte d’habitat souligne en tous cas, pour une chronologie proche, les différences qui existent entre la céramique en circulation à Vienne et celle qui était encore proposée à la vente dans la boutique de la rue de Bourgogne.

Les formes et décors inédits ont été repérés grâce aux logiciels d’inventaires. L’analyse stratigraphique s’est focalisée sur le matériel d’un sondage récent réalisé dans une des voies254 , les couches dénombrées sont datées du règne d’Auguste au iiie siècle apr. J.-C.

L’occupation de la rive gauche du Rhône à Vienne est d’autre part remarquable par l’existence de plusieurs ateliers de céramique. Les structures de cuisson d’un seul atelier sont connues au nord du site, il a produit essentiellement des cruches en pâte calcaire355 . Toutefois, la découverte de dépotoirs comprenant d’importantes quantités de céramiques (fig. 45), parmi lesquelles des vases surcuits et des fragments de moules, permet d’identifier d’autres productions locales.

Outre la production d’imitations de sigillée à vernis rouge non grésé et de céramique engobée, deux ateliers de céramique à paroi fine sont attestés à Saint-Romain-en-Gal. Une fosse comblée de ratés de cuisson fouillée en 1984 a livré au coeur de la maison des dieux océans 5000 tessons de gobelets d’aco. Certains sont surcuits, d’autres au contraire le sont insuffisamment pour la fusion de la glaçure plombifère156 , à ce dépotoir il faut ajouter un fragment de moule apparu en fouille en 1983.

Conforme à la typologie et à la technologie padane (moulage d’une pâte siliceuse), l’atelier viennois - compte tenu des données existantes - paraît avoir été en activité sur une brève période qui s’intercale entre les ateliers lyonnais de Loyasse et de la Muette. La présence à la Muette et à Saint-Romain-en-Gal de gobelets issus des mêmes moules, et de fragments de moules trouvés à Lyon mais dont la composition chimique est viennoise, indique des relations étroites entre les deux sites. Il faut probablement supposer un déménagement des potiers viennois et de leur mobilier vers le bord de Saône. Au contraire, les différences qui séparent les productions des ateliers de Loyasse et de Vienne ne permettent pas d’envisager une relation comparable.

Un second atelier de céramique à paroi fine a fonctionné à Saint-Romain-en-Gal257 . Les modes de fabrication qui le caractérisent ne peuvent être confondus avec ceux du précédent : argile calcaire pour la pâte et engobe non grésé rouge réservé à la paroi externe et à la face interne de la lèvre. Sa typologie est limitée à quelques formes dont les plus abondantes sont un vase à panse piriforme guillochée sur pied annulaire avec une lèvre en éversion, et une imitation de gobelet d’aco tourné dont le guillochis remplace les picots (fig. 46). L’activité de cet atelier paraît s’être prolongée durant toute l’époque augustéenne.

Avec une production de véritable sigillée mise en évidence par analyse chimique358 dont le site de fabrication n’est pas encore localisé, la ville de Vienne a été évidemment un centre de production céramique assez complet et important dans la vallée du Rhône. Néanmoins, la majeure partie des productions identifiées n’ont connu qu’une diffusion locale comme l’illustre le contenu de la boutique de Vienne, elles ont toutefois touché sensiblement la métropole lyonnaise.

Le transfert de l’atelier de gobelets d’aco de Vienne vers Lyon était sans doute nécessaire pour que cette production puisse connaître une plus grande diffusion. L'approvisionnement d’un vaste marché à l’exportation n’était possible que depuis Lyon, les structures artisanales viennoises n’avaient pas cette vocation.

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Figure. 45 - Plan du site de Saint-Romain-en-Gal, situation de l’atelier et des dépotoirs. 1 : atelier de céramique commune, 2 : dépôt de céramiques à paroi fine calcaires, 3 : céramiques engobées et imitations, 4 : céramiques peintes et commune culinaire, 5 : gobelets d’aco (Desbat/Savay-Guerraz 1986).
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Figure. 46 - Céramique à paroi fine viennoise à pâte calcaire engobée, échantillonnage typologique.
Notes
53.

1. Desbat (A.), Leblanc (O.), Prisset (J.-L.), Savay-Guerraz (H.), Tavernier (D.), Le Bot-Helly (A.), Bodolec (M.-J.), La maison des Dieux Océans à Saint-en-Romain-en-Gal (Rhône), Gallia, suppl. 55, 1994.

54.

2. Saint-Romain-en-Gal, Programme triannuel 1991-1993, rapport de synthèse, 1994 rédigé par l’équipe archéologique du site.

55.

3. Canal (A.), Tourrenc (S.), “ Les ateliers de potiers trouvés à Saint-Romain-en-Gal (Rhône) ”, Figlina, 4, 1979, p. 85-94.

56.

1. Desbat (A.), “ Les ateliers gaulois de gobelets d’Aco ”, Archéologia, 1990, p. 42-47.

57.

2. Desbat (A.), Savay-Guerraz (H.), “ Les productions céramiques à vernis argileux de Saint-Romain-en-Gal ”, Figlina, 7, 1986, p. 91-104.

58.

3. Desbat (A.), Picon (M.) “ Les importations précoces de sigillées à Saint-Romain-en-Gal (Rhône) ”, Rei Cretariæ Romanæ Fautorum, acta 31/32, p. 396.