3.2.2.3. Terminologie

La dénomination des formes de vases antiques pose toujours quelques problèmes, dus notamment à la longue péripétie de ce vocabulaire jusqu’à nos jours où la déclinaison infinie des formes et des usages l’ont rendu imprécis.

Les noms antiques de quelques vases - notamment pour la céramique sigillée - sont connus ; néanmoins c’est le référant typologique de ces formes qui leur sert le plus souvent de nom. La plupart de ces termes sont grecs et désignent des vases de même origine ou fidèles à ces modèles. À côté des noms grecs, intégrés dans le vocabulaire latin pour nommer des vases très spécifiques bien identifiés, il existe quelques termes latins. Disséminés dans la littérature ou réunis dans des lexiques1114 , leur emploi couvre souvent une grande diversité de récipients et d’usages. Le plus répandu pour évoquer le récipient à boire est sans doute poculum, toutefois, il ne peut être appliqué à une forme précise, et comme aujourd’hui, la métonymie entre contenant et contenu est fréquente dans le vocabulaire courant.

Parmi les termes utilisés pour l’atelier de la Butte celui de gobelet est le plus universellement adopté (beaker, becher, bicchiere) pour les vases à boire de forme haute, cylindrique ou légèrement ovoïde (types 6 à 11). Le terme est souvent étendu aux vases fermés, il nomme alors deux réalités typologiques qui pourraient être distinguées. Ainsi, Ph. Bet l’applique à l’ensemble des formes fermées - privilégiant l’usage sur la forme - sans que l’on puisse lui donner tort2115 . Le gobelet n’évoque pas a priori l’idée d’un vase globulaire, et on peut le considérer comme un vase tenant aisément dans une seule main, ce qui n’est pas toujours le cas des formes de grande dimension. Le groupe nominal « pot ovoïde » apparaît couramment dans les publications francophones, il décrit des vases de plus grandes dimensions à vocation culinaire, sous cette forme - ou abrégé en « pot » qui n’est pas tout à fait étranger à la consommation de boisson - on peut aussi l’accepter pour les vases fermés de l’atelier de la Butte (types 12 à 14) qui, malgré leur usage et leur conception très différents, ont un profil comparable3116 . L’usage généralisé du mot gobelet pour tous les vases hauts, plus ou moins fermés, a l’avantage d’éluder le problème parfois délicat de la séparation entre des gobelets à galbe ovoïde, et les pots les moins globulaires. En l’absence d’une frontière indiscutable, le passage des gobelets aux pots est fixé entre les types 11 et 12, la variante 12.1 pouvant être considérée comme transitoire.

La question des vases hémisphériques mérite aussi discussion. Les auteurs anglo-saxons emploient volontiers le terme cup, mais sa traduction française - tasse - est plutôt réservée aux vases ansés. La coupe désigne des vases assez divers, de dimensions variables et à usages multiples. Pour le service de la boisson le terme est consacré aux vases montés sur pied. La coupelle1117 évoque peu le domaine de la boisson et le godet est de trop petite dimension. Comme la coupe, le bol ne descend pas d’un terme antique, il a été emprunté récemment (à la fin xviiie siècle) au vocabulaire anglais. La forme qu’il désigne n’est pas strictement attachée à une fonction (boire/manger). Le terme est utilisé par les auteurs anglais pour des vases de plus grandes dimensions, mais son passage dans le lexique francophone l’a conduit à désigner généralement un vase hémisphérique sans anses dont le module correspond aux vases à boire de l’atelier de la Butte (types 1 à 5).

Pour les décors nous utiliserons les termes sablé/sablage lorsqu’il s’agira effectivement d’un traitement de surface, c’est-à-dire lorsque le sable est ajouté au moment de l’engobage. L’adjectif « granité » sera plutôt réservé aux vases dont l’aspect de la surface est généré par la nature de la pâte saturée de dégraissant (parfois qualifiée de « peau d’orange »), le terme reste ainsi attaché aux productions augustéennes. L’emploie du terme «réticulé2118 » étonnamment en usage pour les vases enduits de barbotine est heureusement en cours d’abandon, il s’adapte par contre beaucoup mieux au décor de filets de barbotine en losanges. On préférera encore le terme simple et précis de crépi à diverses comparaisons imagées comme « peau de crapaud3119 ».

Notes
114.

1. Iulis Pollux, Onomasticon ; Nonius Marcellus, De conpendiosa doctrina, livre XV, De genere vasorum vel poculum.

115.

2. Bet (Ph.), Henriques-Raba (C.), « Les céramiques à parois fines de Lezoux », SFÉCAG, actes du congrès de Lezoux, 1989, p. 21-29.

116.

3. La forme des pots ne remet pas en question leur usage pour la boisson, de nombreux graffitis exécutés après cuisson le confirment. Pour exemple on peut citer le pot de Peyrestortes décoré de feuilles d’eau qui porte un graffite : bibe serve non vaco tibi (bois esclave je ne suis pas vide pour toi). Clautres (G.), « Les graffites gallo-romains de Peyrestortes », Gallia, 16, 1958, p. 52-53,no 240.

117.

1. Terme choisi par Ph. Bet pour les vases hémisphériques : Bet (Ph.), Henriques-Raba (C.), « Les céramiques à parois fines de Lezoux », SFÉCAG, actes du congrès de Lezoux, 1989, p. 21-29.

118.

2. Dans BÉmont (C.), « Vases à parois fines de Glanum : formes et décors », Gallia, 34, 1976, p. 267 repris par Godard (C.), « Une réserve de céramiques à l'époque de Claude à Vienne », SFÉCAG, actes du congrès de Tournai, 1992, p. 242.

119.

3. Lasfargues (J.), Vertet (H.), « L'atelier de potiers augustéen de la Muette à Lyon, sauvetage de 1966 », Notes d'Epigraphie et d'Archéologie Lyonnaise, Lyon, 1976, p. 63.