3.3.2.1. L’argile plastique

3.3.2.1.1. Les écailles

Les différents types d’écailles, dont certaines se détachent en haut-relief, étaient réalisés avec une pâte plastique. Cette texture permettait le maintien du décor et facilitait sa mise en place. Si l’emploi d’outil ne peut être totalement exclu, les empreintes digitales fréquentes trahissent l’application manuelle des écailles.

Dans le cas des écailles semi-circulaires (pl. 50 ; pl. 63, no 3 ; pl. 79, no 2), le motif était créé par l’écrasement avec le pouce d’une boulette d’argile. Suffisamment plastique pour être roulée, l’argile ne devait cependant pas être trop sèche pour éviter les fissures qui apparaissent lorsqu’elle s’échappe sous la pression du doigt. La dimension des écailles correspond donc à la largeur de l’extrémité de la pulpe du pouce. Une différence de format est notable entre les productions lyonnaises et les céramiques padanes décorées d’écailles plus petites. La densité du décor sépare encore ces deux productions : tandis que les écailles en l’Italie du nord sont plutôt espacées entre elles, les écailles de l’atelier de la Butte se chevauchent totalement pour dissimuler la surface du vase.

Les écailles longues (comparable à des écailles de pomme de pin) étaient aussi modelées à partir d’une boulette de terre (pl. 52 ; pl. 64, no 2 ; pl. 89, no 2). Coincée entre le pouce et l’index, elle était étirée le long de la panse. Une partie de la boulette restait sur place, à peine expulsée par la pression des doigts, le reste de l’argile formant une arête dont la section est conditionnée par la fluidité de l’argile. L’écaille s’amenuisait rapidement avec le manque de matière et les risques de fissures étaient réduits par le lissage de l’argile entraînée pendant le glissement des doigts.

Sur les bols, les écailles semi-circulaires sont réparties sur quatre rangées, en quinconce ou légèrement décalées. Elles peuvent aussi être disposées transversalement sur deux rangées (pl. 51), elles sont alors plus grandes. Parfois droites, les écailles longues sont le plus souvent inclinées, elles sont parallèles au bord sur un vase de Vindonissa. Seuls les bols à lèvre en bandeau lisse ou mouluré portent les deux types d’écailles, les pots en sont plus rarement recouverts (sept rangées sur un vase de Vindonissa, pl. 89, no 1).

L’association des écailles à d’autres éléments décoratifs se limite à l’encadrement par deux écailles semi-circulaires des appliques circulaires (pl. 54).