3.3.2.2. La barbotine

3.3.2.2.1. Les crépis

La plupart des décors complexes ont été composés avec une barbotine fluide. Le crépi, chargé ou non de sable, est la principale de ces applications. C’est un des motifs les plus anciens et le plus répandu, il a été pratiqué dans de nombreux ateliers du ier siècle apr. J.-C. Son utilisation à Lyon est assez précoce et précède de nombreuses autres formes décoratives.

Le crépi est obtenu par le dépôt d’une épaisse couche de barbotine fluide directement avec la paume de la main sur la panse du vase. Le retrait de la main dresse par aspiration la barbotine en arêtes vives suivant un schéma apparemment aléatoire (pl. 47, 62). Les interstices entre les doigts et les phalanges génèrent les sommets et les intersections des reliefs. Sur quelques vases, les traces parallèles des doigts laissent (volontairement ou non) des empreintes facilement reconnaissables (pl. 63, no 1). La présence de sable dans le crépi est un signe d’ancienneté, elle est souvent observée dans les contextes les plus anciens.

Ces enrobages épais débordent parfois sur la lèvre et dissimulent partiellement le profil du vase support. Ils sont courants sur les bols à lèvre en bandeau lisse ou mouluré, et forment d’autre part l’unique décoration de deux bols à lèvre en bandeau lisse d’un module plus grand (pl. 47, nos 7-8). Quelques tessons crépis, plus rares, attestent ce décor sur certains pots.

Sur quelques exemplaires le crépi recouvre aussi la face interne du vase (pl. 126, no 1), ces témoins repoussent encore une fois l’idée d’une préparation de surface à vocation fonctionnelle. À l’exception d’un tesson qui montre l’association du crépi et des appliques circulaires (pl. 110, no 5), le crépi est uniforme. Il peut donc être considéré, à l’instar du sablage ou du guillochis, comme un traitement global de la surface pouvant exceptionnellement constituer le fond d’une composition ornementale plus complexe.

Des variantes de couvertures en barbotine sont connues. Elles altèrent parfois le crépi après son dépôt (lissage, pl. 48, no 1), mais il s’agit le plus souvent de modification dans le mode de répartition de la barbotine. Ainsi, la barbotine est étalée en vastes écailles transversales avec deux doigts (pl. 48, no 2), par aplats successifs (pl. 63, no 2), ou repoussée vers la lèvre dans de larges arcades (pl. 49, nos 1-2).