3.4.3. La céramique à pâte claire

D’autres tessons retrouvés avec la céramique à paroi fine pourraient témoigner d’une production de céramique à pâte claire. Aucun rebut de cuisson ne permet de l’affirmer, néanmoins la présence de mortiers et d’amphorisques illustre la diversité des productions à pâte claire sur le site. Encore une fois, le cas de la Butte peut être comparé à celui des sites voisins puisque la fabrication de cruches a occupé les fours les plus récents de l’atelier de la Muette.

Bien entendu, comme pour la sigillée, la plupart de ces tessons ont pu se retrouver ici au titre de la consommation courante. Les cruches à lèvre en bobine (fig. 77, nos 1-2) ont pu être produites à l’atelier de la Muette1182 , les cruches à lèvre en corniche (nos 4-5) sont très répandues, les autres lèvres (nos 6-10) pourraient appartenir à des vases biansés. Toutefois, un tesson au moins retient notre attention en raison de l’engobe extérieur dont il est recouvert (fig. 77, no 9, fig. 78). L’engobage de ces formes est loin d’être fréquent, et l’engobe est identique en texture et coloris à celui utilisé pour la paroi fine.

message URL FIG077.jpg
Figure. 77 - Céramiques à pâte claire du quai St-Vincent 1/3-5/7/9-14 : couche 2 ; 6/8 : couche 5 ; 2 : couche 6 ; 15 : couche 7.
message URL FIG078.jpg
Figure. 78 - Place de la Butte/quai St-Vincent, lèvre de pot en pâte claire montrant des résidus d’engobe.

La diversité des productions dans une même structure de production est déjà parfaitement illustrée par les ateliers augustéens lyonnais de la Muette et de Loyasse. Ceux-ci ont combiné la fabrication avec des techniques différentes de la céramique sigillée et à paroi fine, de vases tournés et de vases moulés, de céramiques à pâte calcaire ou pâte siliceuse.

La multiplication des productions est encore courante au ier siècle de notre ère, pour les ateliers lyonnais, mais aussi pour de nombreux ateliers gallo-romains : à la Graufesenque1183 , à Montans2184 (sigillée, paroi fine) ou Aoste3185 (céramique commune claire, paroi fine). Toutefois, les ateliers du ier siècle apr. J.-C. se sont souvent limités aux possibilités offertes par la pâte calcaire.

À propos de la production de céramiques à pâte claire de l’atelier de la Butte, on pourrait être tenté de reproduire le modèle d’évolution de l’atelier de la Muette : une production première de céramique fine puis, plus tardivement, après l’arrêt de cette production, la reconversion de l’atelier pour des productions plus communes. La production de céramique à pâte claire de l’atelier de la Butte ne paraît pas clairement postérieure à celle des céramiques fines, et n’indique pas une survivance de l’atelier au-delà des repères chronologiques établis pour la céramique à paroi fine. Néanmoins, les éléments dont nous disposons montrent que ces productions pourraient se développer durant la deuxième moitié du ier siècle apr. J.-C. parallèlement au répertoire simplifié des céramique à paroi fine lisse.

Notes
182.

1. Laroche (C.), « L’atelier de la Muette (2e période) », dans Desbat (A.) et alii, « Les productions des ateliers de potiers antiques de Lyon. 2e partie : Les ateliers du ier s. après J.-C. », Gallia, 54, 1997, p.51-54, pl. 13, nos 3-4.

183.

1. BÉmont (C.), « Fabrications des vases à parois fines à la Graufesenque », Rei Cretariae Romanae Fautorum, acta 21-22, 1982, p. 7-15.

184.

2. Martin (Th.), Céramiques sigillées et potiers gallo-romains de Montans, Montans, 1996, p. 40-43.

185.

3. Laroche (C.), « La production de céramiques fines d'Aoste (Isère). Deuxième moitié du ier siècle après J.-C.», SFÉCAG, actes du congrès de Toulouse, 1986, p. 57-72.

Laroche (C.), « Aoste (Isère). Un centre de production de céramiques (fin du Ier siècle avant J.-C. - fin du Ier siècle après J.-C.). Fouilles récentes (1983-1984) », Revue Archéologique de Narbonnaise, 20, 1987, p. 316-317.