Conclusion

Au milieu du ier siècle apr. J.-C., Lyon est encore un centre important de production de céramique fine. L’aire de diffusion des céramiques à paroi fine le démontre. Même si d’autres ateliers ont vu le jour en Gaule du sud ou dans le centre, la production lyonnaise est, durant tout le ier siècle apr. J.-C., largement majoritaire partout où elle est présente. Les voies commerciales révélées par l’exportation des céramiques sigillées augustéennes persistent après l’arrêt de leur production. La diffusion des amphores lyonnaises et des céramiques à paroi fine du ier siècle apr. J.-C. illustre leur vivacité.

À Lyon même, les ateliers locaux ne laissent qu’une place anecdotique aux productions ibériques ou italiques, et intègrent dans leurs répertoires les formes importées les plus répandues.

Malgré le rôle prépondérant des ateliers lyonnais dans la production de vaisselle à boire, la faible représentation de ce matériel laisse en suspens de nombreuses questions. La chronologie de l’activité de l’atelier de la Butte est assez bien pressentie, elle pourrait être précisée et mieux caractérisée si le matériel était plus abondant. De même, il est toujours malaisé de réunir des ensembles cohérents de céramiques permettant une approche statistique convenable. Pour les formes les moins courantes du répertoire typologique, parfois méconnues, les connaissances acquises devraient faciliter leur détection en stratigraphie sur les sites lyonnais et surtout dans les régions où elles ont été exportées.

En outre, les données sur le site de production de la place de la Butte demeurent très lacunaires, aucun vestige en place n’a été repéré et on ne sait rien de l’organisation spatiale de l’atelier, ni des structures de cuisson ou de préparation de l’argile. L’échantillonnage du matériel céramique retrouvé sur place est d’autre part très réduit, il est constitué de déchets épandus. Les véritables dépotoirs de l’atelier n’ont pas été mis au jour. Ainsi, des fouilles à venir pourraient nous renseigner sur l’étendue réelle du site, son aménagement, mais aussi livrer des dépotoirs susceptibles de compléter le catalogue lacunaire des productions. Enfin, le statut de l’atelier de la Butte devra être révisé en fonction des découvertes qui pourraient alimenter la réflexion sur ce sujet.

La céramique à paroi fine lyonnaise du ier siècle apr. J.-C. a longtemps été associée au seul atelier connu, celui de la Butte. Il est aujourd’hui certain que ce site éponyme dissimule au moins une autre unité de production découverte à Vaise. La multiplicité des sites d’ateliers renouvelle la problématique sur bien des aspects. Sur le plan céramologique, il faudra identifier - en dépit de caractéristiques techniques communes - quelles formes sortent de quels ateliers. D’un point de vue économique, la chronologie relative des ateliers devra être établie : sont-ils partiellement ou totalement contemporains ? se succèdent-ils ? L’évaluation de leur rôle sera plus délicate, ces ateliers étaient-ils indépendants ? travaillaient-ils pour les mêmes négociants ? ou plus simplement s’est-il agi d’un simple déménagement ou d’une extension sur un autre site du même atelier ? Les questions sont nombreuses et les éléments matériels pouvant aider à leur résolution risquent de faire défaut.

L’étude qui s’achève ne constitue donc pas un aboutissement, elle va favoriser l’exploration d’un champ de recherche amené à s’élargir dans les années à venir. L’ensemble du dossier de la production de céramiques à Lyon est concerné. La mise au jour de l’atelier de la rue du Chapeau rouge, modifie considérablement notre vision de la production des céramiques à paroi fine lyonnaises. Le matériel issu des fours et des dépotoirs est riche et volumineux, son traitement constituera une seconde phase aux recherches sur ces productions, la chronotypologie qui est désormais établie en sera l’outil.