2 . Les difficultés relatives à la vie physique, en EPS

L’oeuvre de C. Pineau en matière de « vie physique », avant la mise en vigueur de l’arrêté du 24 mars 1993, vaut essentiellementau plan des visées de l’EPS
C. Pineau a oeuvré à la mise en place d’une visée relative à la « vie physique » pour l’EPS. Il a signé des écrits, publiés de 1987 à 1993, qui révèlent son souci qu’une visée de ce type soit assignée à l’EPS. Il a aussi à coeur de contribuer à ce que les visées de l’EPS orientent effectivement l’enseignement de cette discipline. Aussi s’enquiert-il d’une didactique de l’EPS idoine à celles-ci. Il s’agit alors, selon lui, d’identifier les « connaissances et les savoirs » de l’EPS. C. Pineau avance, dans la Revue EPS de janvier-février 1993, qu’ils seront identifiés ‘« à partir des trois principes opérationnels (réaliser), [...] d’action (identifier, apprécier, organiser l’action), [...] de gestion des moyens (gérer, préparer et accompagner l’action). »’ 230 Les « principes de gestion des moyens » ont, dans cette nomenclature, rapport à la « vie physique ». Or, il s’avère que C. Pineau n’a pas statué quant à leur spécification lorsque paraît l’arrêté du 24 mars 1993. Il a, en revanche, stabilisé une formulation des objectifs généraux de l’EPS, dont l’un concerne la « vie physique ». Elle est semblable à celle qu’on trouve dans l’arrêté du 24 mars 1993. Ainsi envisagée, l’oeuvre de C. Pineau quant à la « vie physique » en EPS vaut essentiellement au plan de l’explicitation de ce système de visées. Il est à noter, cependant, qu’il a rédigé trois articles après la parution de l’arrêté du 24 mars 1993, qui ont paru dans la Revue EPS. Qu’en est-il de son propos en ceux-ci ?

Ce qui a trait aux visées de l’EPS dans les écrits signés de C. Pineau, publiés alors que l’arrêté du 24 mars 1993 était en vigueur, vaut au regard de ce texte officiel
Ce qui, en chacun des trois écrits de C. Pineau ainsi considérés, concerne les objectifs généraux de l’EPS, vaut au regard de l’arrêté du 24 mars 1993. La Revue EPS de septembre-octobre 1993 contient le premier d’entre eux à paraître. Il s’avère que C. Pineau se rapporte, en cet article, aux « trois objectifs généraux de la discipline tels que l’arrêté du 24 mars 1993 les rappelle »231. Un autre écrit a paru dans la Revue EPS de janvier-février 1994. C. Pineau y présente un résumé des objectifs généraux de l’EPS. Il ne se réfère pas, pour ce faire, à l’arrêté du 24 mars 1993. C’est à son « Introduction à une didactique de l’éducation physique » qu’il a recours. Il fait référence à cet écrit pour indiquer que l’EPS ‘« propose, en favorisant le développement et l’entretien organiques et moteurs, l’acquisition de connaissances et la construction de savoirs permettant l’organisation et la gestion de la vie physique à tous les âges ainsi que l’accès à ce domaine de la culture que constituent les activités physiques et sportives »232.’ Ce propos a été tenu, à l’origine, à la suite d’une présentation des trois objectifs généraux de l’EPS233. Or, cette explicitation se révèle semblable à celle qui a cours dans l’arrêté du 24 mars 1993. Le rapport à ce texte officiel est plus évident dans la publication que C. Pineau et A. Hébrard signent dans la Revue EPS de mai-juin 1994. Ces auteurs indiquent que l’EPS ‘« se définit essentiellement par les objectifs généraux qu’elle se donne et que l’institution confirme dans ses finalités »234.’ La présentation qu’ils font ensuite de ces objectifs généraux est similaire à celle qu’on trouve dans l’arrêté du 24 mars 1993. La question de la « vie physique » apparaît ainsi valoir, dans trois les écrits pris en compte, au regard des visées que l’arrêté du 24 mars 1993 assigne à l’EPS.

La question de la spécification des acquisitions relatives aux « principes de gestion des moyens » perdure
L’un de ces articles a pour objet de présenter la circulaire d’application de l’arrêté du 24 mars 1993235. Un autre renseigne quant au « Schéma directeur du programme d’éducation physique et sportive »236. Le premier a paru dans la Revue EPS de septembre-octobre 1993 ; C. Pineau y dévoile le contenu de la circulaire du 12 janvier 1994. Il fournit dès lors une liste de « connaissances et savoirs » relatifs à la « gestion de la vie physique ». Le second article se trouve dans la Revue EPS de mai-juin 1994 ; C. Pineau et A. Hébrard y fournissent des informations quant aux acquisitions relatives aux « principes de gestion des moyens ». Ils écrivent : ‘« Ils concernent notamment les conduites d’organisation de l’apprentissage et de leur gestion personnelle et collective. Ils débouchent sur des connaissances relatives aux pratiques physiques en général, et sur des méthodes de travail. Ce sont des savoirs d’accompagnement qui permettent notamment l’accès à l’autonomie et à la sécurité. »237 ’ D’après ce propos, la gestion par l’élève de ses apprentissages relève des principes de gestion des moyens. Or, il n’est pas question de celle-ci dans l’article que signe C. Pineau dans la Revue EPS de septembre-octobre 1993. Les listes d’acquisitions relatives aux principes de gestion des moyens qu’il a précédemment fournies au lecteur de la Revue EPS n’y ont pas trait non plus238. Or, la composition de ces listes a systématiquement évolué au fil des articles en lesquels elles sont présentées. Ainsi le dernier écrit signé de C. Pineau à paraître dans la Revue EPS alors que vaut l’arrêté du 24 mars 1993 ne tranche-t-il pas en la matière.

La question e la nature des « principes de gestion des moyens » perdure
Il est aussi question des principes de gestion des moyens dans l’article de C. Pineau diffusé dans la Revue EPS de janvier-février 1994. L’auteur y envisage les trois principes didactiques permettant de déterminer les contenus d’enseignement.  Ce sont, selon lui ‘: « les principes opérationnels (réaliser), les principes d’action (identifier et apprécier), et les principes de gestion des moyens (gérer, préparer, accompagner l’action [...]). »’ 239 Ces trois principes sont mentionnés dans l’article de la Revue EPS de mai-juin 1994 que signent C. Pineau et A. Hébrard. Il s’avère que le tableau présentant le schéma directeur du programme d’éducation physique et sportive renseigne quant à leur statut240. Ils valent au plan du « Choix des contenus d’apprentissage », censé contribuer à la détermination des « contenus d’enseignement ». On les trouve de fait à la rubrique « Traitement didactique des activités physiques et sportives », à propos de laquelle il est signalé : « Relève de la compétence pédagogique et professionnelle de l’enseignant ». Ils apparaissent alors, dans les deux écrits considérés, en tant que principes jouant au niveau de la spécification des contenus de l’EPS. Ils n’y sont pas envisagés comme « connaissances » ou « savoirs » de cette discipline. Ces observations conduisent à s’interroger quant à la nature des principes de gestion des moyens : la question se pose des rapports qu’ils peuvent entretenir avec les acquisitions relatives à la « vie physique ».

La question se pose du statut des acquisitions relatives à la « vie physique », dans les programmes
Le problème se complique lorsqu’on prend en considération un écrit de C. Pineau et A. Hébrard publié dans la Revue EPS de mars-avril 1993. Ils y présentent les trois types d’acquisitions retenues dans les propositions d’écriture du programme d’EPS. Il est, au plan de l’explicitation du premier type, question de « réalisation ». Il s’avère que les verbes « identifier » et « apprécier » sont employés dans la présentation du deuxième. Le verbe « gérer » apparaît dans celle du troisième. Les auteurs précisent ‘: « Il a été avancé trois types de principes à enseigner [...]. On peut établir une correspondance totale ou partielle avec les trois types d’acquisitions analysés. La stratégie d’écriture concertée des programmes devrait permettre d’arrêter une terminologie conventionnelle. »241 ’ Il est ajouté : ‘« Les contenus d’enseignement devraient être présentés, selon la charte des programmes, en distinguant les “connaissances” [...] et les “compétences” [...]. »’ 242 On lit en effet, dans ce texte officiel publié au Bulletin Officiel du 20 février 1992 : ‘« Le programme énonce les contenus disciplinaires en termes de connaissances et de compétences à acquérir »’ 243. L’écrit de C. Pineau et A. Hébrard ne tranche pas quant aux caractéristiques des contenus, en regard de ces exigences. La nature de ceux qui ont trait à la « vie physique » n’y est alors pas véritablement déterminée. Le problème de leur spécification au regard des objectifs généraux de l’EPS y demeure aussi à résoudre.

Pour une approche de la question de la « vie physique »
C. Pineau contribue ainsi à la réflexion à la « vie physique » en EPS qui a cours une fois l’arrêté du 24 mars 1993 en vigueur. On note, dans la période d’application de ce texte officiel, une première stabilisation de la question de la « vie physique ». Il s’agit de réfléchir à un enseignement de l’EPS cohérent avec le troisième objectif général qu’il indique. Cette réflexion a rapport à la spécification d’une EPS idoine à trois objectifs généraux ; à sa mise en place correspond l’emploi essentiel des formulations relatives à la « gestion de sa vie physique ». Il est signe de celle-ci dans les propos relatifs à la « vie physique » en EPS. La question de la « vie physique » évolue, une fois l’arrêté du 24 mars 1993 abrogé. Elle intègre la prise en compte des « connaissances » concernant la « gestion de la vie physique » : elles sont acquisitions à évaluer à divers examens. L’arrêté du 22 novembre 1995 les mentionne et la circulaire du 21 novembre 1995 en fournit un inventaire. La question de la « vie physique » ne se réduit cependant pas au problème de leur enseignement. Celle qui valait en la période d’application de l’arrêté du 24 mars 1993 demeure première. Il s’agit ainsi de réfléchir à un enseignement en cohérence avec un projet assignant à l’EPS visée en matière de « vie physique ». Il convient alors de s’intéresser aux propos des représentants de l’institution visant à élucider cette visée ou le projet qui l’intègre. Il s’agit aussi d’étudier les travaux qui rendent compte des propositions d’enseignement concernant la « vie physique » en EPS.

Notes
230.

Pineau (C.), Des principes opérationnels aux programmes d’EPS, 1 ère partie, Revue EPS, n° 239, janvier-février 1993, p. 41

231.

Pineau (C.), L’application de l’arrêté du 24 mars 1993 relatif au baccalauréat et autres examens de l’éducation nationale, Revue EPS, n° 243, septembre-octobre 1993, p. 57

232.

Pineau (C.), Programme en éducation physique et sportive, Revue EPS, n° 245, janvier-février 1994, p. 60

233.

Pineau (C.), Introduction à une didactique de l’éducation physique, Dossiers EPS, n° 8, 1991, pp. 13-14

234.

Pineau (C.), Hébrard (A.), Schéma directeur du programme d’éducation physique et sportive, Revue EPS, n° 247, mai-juin 1994, pp. 49-54

235.

Pineau (C.), L’application de l’arrêté du 24 mars 1993 relatif au baccalauréat et autres examens de l’éducation nationale, Revue EPS, n° 243, septembre-octobre 1993, pp. 57-60

236.

Pineau (C.), Hébrard (A.), Op. cit., pp. 49-54

237.

Pineau (C.), Hébrard (A.), Ibid.

238.

Il s’agit de :

Pineau (C.), L’évaluation en EPS, Revue EPS, n° 235, mai-juin 1992, p. 44

Pineau (C.), Les épreuves d’EPS aux examens de l’éducation nationale, Revue EPS, n° 237,septembre-octobre 1992, p. 46

Pineau (C.), Des principes opérationnels aux programmes d’EPS, 1 ère partie, Revue EPS, n° 239, janvier-février 1993, p. 42

239.

Pineau (C.), Programme en éducation physique et sportive, Revue EPS, n° 245, janvier-février 1994, p. 62

240.

Pineau (C.), Hébrard (A.), Op. cit., pp. 49-54

241.

Pineau (C.), Hébrard (A.), L’éducation physique et sportive, Revue EPS, n° 240, mars-avril 1993, p. 17

242.

Pineau (C.), Hébrard (A.), Op. cit., p. 17

243.

Charte des programmes, B.O. n° 8 du 20-02-1992, p. 489