1.1 Des points de vue différents quant à la visée relative à la vie physique

1.1.1 La question de l’intégration de plusieurs visées concernant la vie physique

La visée « citoyenneté sportive » de D. Delignières et C. Garsault présente plusieurs dimensions
D. Delignières et C. Garsault envisagent, dans leur écrit sorti en 1993, qu’on dispense, en matière de « vie physique », une « formation à usage sportif »⁴⁰¹. Il est plus précisément question « de la formation d’une “citoyenneté sportive” ». D’après ces auteurs, ‘« Ceci ne saurait se limiter à la formation des futurs pratiquants ou consommateurs de loisirs sportifs : la pratique de référence à prendre en considération est la pratique sportive, non plus seulement en tant que mise en jeu du sportif mais en tant que domaine social d’activité. »’ Ils s’enquièrent alors de la nature de la formation à mettre en place. Il en va d’une analyse dont ils précisent l’objet : ‘« Il est nécessaire à ce niveau d’identifier des grandes classes de problèmes auxquels devra faire face la pratique sportive dans les années à venir. »’ D. Delignières et C. Garsault reprennent ce point de vue dans leur écrit publié en 1997. Ils y écrivent en effet ‘: « La formation d’une “citoyenneté sportive”, telle que nous la préconisons, devrait prendre en compte des objectifs [...] renvoyant à des problèmes soulevés par l’organisation et la pratique des loisirs sportifs. »’ ⁴⁰² On peut dès lors envisager que la visée de formation d’une « citoyenneté sportive » présente plusieurs dimensions.

La visée « citoyenneté sportive » renvoie à cinq dimensions spécifiées

D. Delignières et C. Garsault indiquent de fait, en leur écrit édité en 1993, qu’

‘« On peut tenter de dégager quelques problématiques pour orienter la réflexion :

• Le coût social des accidents sportifs a récemment alerté les pouvoirs publics [...] ce phénomène va s’amplifier avec le développement des activités à risque [...] Une formation sur le thème de la sécurité semble nécessaire [...]

• Le rôle de l’activité physique et sportive dans la prévention des risques en matière de santé est fréquemment mis en avant. Ceci débouche sur une multiplication de pratiques autonomes plus ou moins bien gérées [...] Une formation à la gestion de sa santé doit être envisagée.

• L’enquête récente de Irlinger et coll. (1987) a montré un accroissement de la pratique non-institutionnalisée. Ceci peut entraîner un recours à l’autodidaxie avec tous les risques que cela peut comporter.

• Le mouvement sportif repose essentiellement, au niveau local, sur l’association et le bénévolat des cadres [...] Une sensibilisation, voire une formation des futurs cadres des associations semble souhaitable.

• [...] L’apprentissage du rôle de spectateur, d’amateur critique du sport, représente sans doute une mission d’utilité publique pour l’avenir du mouvement sportif. »⁴⁰³

’

Il est, en outre, à observer que D. Delignières et C. Garsault reprennent ce propos à leur compte dans leur article édité en 1997 ⁴⁰⁴ .

Les cinq dimensions de la visée de formation d’une « citoyenneté sportive » en tant que visées qui lui sont subordonnées ?
Il est à noter, de plus, que les « problématiques » qu’ils proposent induisent des acquisitions à opérer. D. Delignières et C. Garsault précisent en effet, dans leur écrit qui a paru en 1993, que,

‘« Par rapport aux problématiques énoncées [...] l’EPS pourrait notamment envisager l’enseignement des compétences suivantes :

• être capable de s’investir dans des activités à risque en respectant sa propre sécurité et celle d’autrui,

• être capable d’entretenir et de gérer son capital santé,

• être capable de gérer de manière autonome un processus d’apprentissage,

• être capable de participer à toute activité dans des conditions de préparation optimales,

• être capable de participer à l’organisation de groupes de travail,

• être capable de mener à bien des projets à plus ou moins long terme,

• être capable d’être un consommateur (acteur ou spectateur) éclairé et critique des loisirs sportifs. »⁴⁰⁵

’

On peut, dès lors, envisager que les dimensions de la formation d’une «  citoyenneté sportive  » correspondent à des visées qui lui sont subordonnées.

La visée de formation d’une « citoyenneté sportive » renvoie à cinq visées qui lui sont subordonnées 
Cela est accrédité par le propos de D. Delignières et C. Garsault qui suit leur inventaire de « compétences ». Ils écrivent en effet ‘: « Ces compétences ne sont pas spécifiques d’une activité sportive, mais peuvent s’exprimer au travers de plusieurs activités ou modalités de pratique. »⁴⁰⁶ ’ Ils se sont exprimés, quelques lignes avant, quant à la mise en place de la visée relative à la « vie physique ». Ils ont ainsi spécifié le contexte en lequel celle-ci leur semble valoir. Il nécessite, selon eux, qu’on identifie les savoirs que l’EPS dispense et qu’on fasse la preuve de leur utilité sociale⁴⁰⁷. Ils considèrent qu’il en va du ‘« contexte didactique actuel, largement marqué par le thème de la transversalité »’ ⁴⁰⁸. Cette dernière procède d’après eux, d’un souci de « cohérence externe, entre l’EPS et la société dans laquelle devront s’intégrer les élèves qu’elle forme ». Les auteurs s’enquièrent, en outre, des implications de la recherche de cette cohérence externe. Elle induit à leurs yeux une EPS qui vise « le développement de compétences relatives à des thèmes qui transcendent les APS pratiquées »⁴⁰⁹. Les exemples qu’ils fournissent ont rapport à différentes dimensions de la visée de formation d’une citoyenneté sportive. Ils mentionnent en effet des propositions d’enseignements en EPS concernant la santé, la sécurité ou encore l’autonomie. Ils indiquent de nouveau, dans leur article qui a paru en 1997, qu’il s’agit de prendre en compte des objectifs relativement larges et transversaux ⁴¹⁰. C’est ainsi que les thèmes concernant la formation d’une citoyenneté sportive s’avèrent correspondre à des visées de formation.

Pour l’examen de l’explicitationdes visées de sécurité, santé, autonomie, dans les conceptions en présence
On a, parmi elles, des visées concernant la sécurité, la santé, l’« autodidaxie ». Deux autres s’ajoutent à celles-ci ; l’une est relative à la ‘« formation des futurs cadres des associations’ », l’autre, à l’« ‘apprentissage du rôle de spectateur, d’amateur critique du sport »’. La conception « citoyenneté » est à mettre en regard des conceptions : « sécurité », « santé » et « autonomie ». J. Eisenbeis et Y. Touchard considèrent que leur proposition en matière d’éducation à la sécurité a rapport à la visée de « vie physique ». G. Cogérino associe, par ailleurs, cette visée à une finalité de santé. Elle a trait, en outre, dans la conception de J. Le Boulch, à l’autonomie. La visée de formation valant dans la conception « citoyenneté » peut paraître, alors, de nature à intégrer celle qui a cours en chacune des autres conceptions. Cela, cependant, est à vérifier. Il s’agit, a minima, de confronter les explicitations des trois visées considérées. Il faut envisager qu’elles peuvent avoir cours au plan de chaque conception. Il est à noter, en effet, que les orientations prônées en chacune ont été prises en compte seulement pour la caractériser par rapport aux autres. Ce, à des fins de dénomination. C’est alors que la spécification opérée ne suffit pas à rendre compte de la teneur de ces orientations. Il s’avère ainsi que plusieurs visées sont subordonnées à celle de formation d’une « citoyenneté sportive », dans la conception « citoyenneté ».