1.2.2 Transversalité et acquisitions relatives à la vie physique

Selon D. Delignières et C. Garsault : la «  compétence  » au service de la transversalité
D. Delignières et C. Garsault ont rédigé un article dont le sous-titre est évocateur : « ‘Transversalité, utilité sociale et compétence’ »837. Les compétences à développer ont, à leurs yeux, rapport à « ‘des problématiques transversales, et justifiées par le coût social correspondant’ »838. Ils envisagent ainsi l’enseignement de compétences en matière de sécurité. Ils précisent à son propos : « ‘Un cycle axé sur la sécurité ne pourrait à notre sens s’opérationnaliser par la succession de séances ou de situations d’escalade, de gymnastique, de ski ou de canoë-kayak.’ »839 Selon eux, en effet, l’acquisition d’une compétence ne saurait se réaliser « ‘sans apprentissage significatif sur le plan des habiletés motrices ’». Ils ajoutent que l’activité support de son enseignement doit ‘« subir un traitement didactique particulier, orienté par la nature de la compétence à enseigner ’». Il est alors question d’un « ‘compromis entre [...] exigences méthodologiques et attitudinales, et l’activité ’». La transversalité apparaît ainsi comme principe organisateur des enseignements. Le repérage de thèmes fondés au regard du contexte social et de nature à valoir en différentes activités physiques donne alors sa tonalité à la compétence. Sa teneur garantit en retour le caractère transversal de ce qui est acquis.

Selon J. Le Boulch : La transversalité au plan de la mise en oeuvre et de la mise en place des «  compétences fonctionnelles  »
J. Le Boulch affirme quant à lui : « ‘La psychocinétique, en s’appuyant sur l’analyse fonctionnelle, offre [...] la possibilité de pratiquer de nombreuses activités, non pas de façon contradictoire ou chaotique, mais dans une cohérence qui renforce l’unité et l’autonomie de la personne. »’ 840 Il ajoute aussitôt : « ‘C’est la définition même de ce que l’on appelle aujourd’hui la transversalité. ’» Ce qu’il annonce concernant l’EPS dans l’enseignement secondaire renseigne plus avant. Il l’estime seule discipline susceptible d’éduquer globalement les comportements. Il considère dès lors que « ‘ses apports se répercutent dans toutes les disciplines, ce qui correspond au concept de transversalité’ »841. Il prône en outre une relation réciproque entre l’EPS et les autres disciplines : « ‘dans la mesure où l’apprentissage moteur implique l’intervention des fonctions cognitives, l’éducation physique s’appuiera à son tour sur les disciplines intellectuelles’ ». Ce sont alors les impératifs de développement qui induisent la transversalité. Ainsi J. Le Boulch indique-t-il : « ‘La transversalité d’une éducation par le mouvement s’exerce [...] de discipline à discipline, mais également au fil du temps en orientant les attitudes des enseignants en fonction des impératifs de développement de l’enfant, différents selon les stades de son évolution psychomotrice.’ »842 Cette transversalité peut en outre, précise J. Le Boulch, valoir au plan de « ‘l’échange de compétences d’une activité motrice à l’autre’ »843. Il est ainsi question des « ‘compétences fonctionnelles support de la transversalité’ »844. On peut considérer, aussi, que celle-ci est au service de leur mise en place.

La transversalité : pour une cohérence au regard de l’objet d’enseignement et du sujet enseigné
D. Delignières et C. Garsault envisagent la transversalité différemment de J. Le Boulch. Pour ceux-ci, elle a rapport à des « problématiques » de nature à valoir dans diverses activités physiques. Il est alors question d’objets de formation dont on peut asseoir la pertinence à partir d’une analyse de la pratique sportive comme « domaine social d’activité »845. Aux yeux de J. Le Boulch, la transversalité vaut au regard d’un sujet, ‘« seul facteur commun à l’ensemble des “progressions” [...] qui leur sert de trait d’union ’»846. Elle tient d’une aide au développement qui peut nécessiter de mettre à contribution diverses activités physiques ou disciplines scolaires. De cette mise en regard on retire que la transversalité est un principe organisateur des enseignements. Elle appelle la spécification d’un fil d’Ariane au regard de ce qui est enseigné et de celui à qui on enseigne. G. Cogérino envisage le développement de « compétences psycho-sociales » de nature à aider à « faire face aux événements de la vie »847. Il y a alors matière à transversalité, d’une part, en tant que celles-ci valent en différentes disciplines scolaires848. Elles occasionnent, d’autre part, des enseignements de nature à être mis en relation par l’élève849. J. Eisenbeis et Y. Touchard estiment, eux, que l’éducation à la sécurité est susceptible de donner lieu à l’acquisition de « compétences » qui « présentent un caractère transversal »850. Elles sont alors de nature à valoir « dans un contexte donné de risque ou d’incertitude ». Elles participent ainsi d’une relation cohérente du sujet à l’environnement. Elles autorisent aussi un regard unifiant quant aux apports des différentes disciplines scolaires en matière de sécurité.

La transversalité comme principe d’enseignement, dont la pluridisciplinarité, l’interdisciplinarité et la transdisciplinarité peuvent être les moyens
Il résulte de ces observations que la pluridisciplinarité, l’interdisciplinarité et la transdisciplinarité sont de nature à permettre la mise en oeuvre de la transversalité. Elles sont autant de moyens dont il est néanmoins envisageable de se passer pour lui donner corps. À supposer qu’on postule qu’un travail disciplinaire autorise des acquisitions transversales par nature. L’option de D. Delignières et C. Garsault en matière de transversalité apparaît la plus proche de celle-ci. Il leur semble en effet souhaitable de consacrer un cycle d’activité « ‘à un type donné de compétence’ »851. Or, ils indiquent : ‘« Ces compétences ne sont pas spécifiques d’une activité sportive, mais peuvent s’exprimer au travers de plusieurs activités ou modalités de pratique.’ »852 J. Eisenbeis et Y. Touchard, par exemple, conçoivent différemment la question de la transversalité. Selon eux, en effet, un enseignement mettant à contribution plusieurs disciplines scolaires ou activités physiques est nécessaire en matière de sécurité853. M. Develay considère, quant à lui, que « ‘La transdisciplinarité correspond à ce qui est transversal aux disciplines ’»854. On peut en déduire que la transdisciplinarité est, en ce cas, moyen au service de la transversalité. Il est question, en tout état de cause, d’envisager la pertinence des acquisitions à effectuer au travers de l’analyse de différents contextes d’utilisation. Si bien qu’on peut rappeler, à l’instar de M. Develay, que le préfixe trans peut signifier « à travers ».

Notes
837.

Delignières (D.), Garsault (C.), Op. Cit., p. 9

838.

Ibid., p. 11

839.

Ibid., p. 13

840.

Le Boulch (J.), Op. Cit., p. 106

841.

Ibid., p. 247

842.

Ibid., p. 134

843.

Ibid., p. 246

844.

Ibid., p. 258

845.

Delignières (D.), Garsault (C.), Op. Cit., p. 10

846.

Le Boulch (J.), Op. Cit., p. 39

847.

Cogérino (G.), Op. Cit., p. 214, 227

848.

Ibid., pp. 68-70, 215

849.

Ibid., p. 70

850.

Eisenbeis (J.), Touchard (Y.), Op. Cit., p. 3

851.

Delignières (D.), Garsault (C.), Op. Cit., p. 13

852.

Ibid., p. 11

853.

Eisenbeis (J.), Touchard (Y.), Op. Cit., p. 70, 75

854.

Develay (M.), Op. Cit., p. 52