1.2.2 Au regard de la science de l’action motrice

La justification de la prise en compte de l’approche de P. Parlebas au regard du transfert
P. Parlebas a écrit, dans un article sorti en 1968 : ‘« A toutes les époques, les éducateurs sont partis à la quête de la formule qui doterait l’individu d’un répertoire de comportements tel, qu’il serait capable de s’adapter à toute situation ultérieure. [...] Chacun défend sa conception en affirmant qu’elle sait précisément mieux que l’autre déborder l’action immédiate pour jouer dans l’expérience future.’ »1576 Il observe de fait que « ‘le transfert n’a pas été posé comme problème fondamental’ ». Il souligne le nombre insignifiant d’études relatives au transfert publiées dans la Revue EPS depuis sa création. Il observe qu’il n’est pas question du transfert dans le programme des étudiants en éducation physique. Aussi en appelle-t-il, avec J. Vivès, dans un article de la Revue EPS sorti en septembre 1969, à une centration sur la question du transfert : ‘« La recherche en éducation physique et sportive est encore balbutiante. [...] Sur quel objet pourra porter cette recherche ? L’éducation physique nous apparaissant comme une pédagogie des conduites motrices, ce sont celles-ci qui représentent cet objet fondamental. [...] Revient ainsi une place de choix au domaine de l’apprentissage ; le transfert – son concept clé – devient privilégié ’»1577. Rien d’étonnant, alors, à ce qu’on trouve ce propos en un écrit donnant précisément à connaître un plan expérimental quant au transfert.

La justification de la prise en compte de l’approche de P. Parlebas au regarddes outils produits
Il est donc question d’un problème central aux yeux de P. Parlebas ; ainsi a-t-il signifié, dans la Revue EPS de mai 1968, que « ‘[...] le transfert joue un rôle majeur à chacun des trois niveaux de l’éducation physique : le niveau de son objet, c’est-à-dire les conduites motrices, le niveau de sa mise en oeuvre, c’est-à-dire de l’intervention, enfin le niveau de sa finalité spécifique, c’est-à-dire du développement de l’adaptabilité psycho-socio-motrice ’»1578. P. Parlebas précise, dans la Revue EPS de mai-juin 1970, que « ‘les conduites motrices forment bien une unité, mais dans laquelle on peut distinguer deux dimensions qui s’interpénètrent : les dimensions psychomotrices et sociomotrices’ »1579. C’est en fonction de ces deux dimensions qu’il élabore un diagramme de l’ensemble des situations sportives. Ces dernières sont envisagées en fonction de trois éléments fondamentaux : « ‘présence ou absence d’incertitude, de partenaire, d’adversaire’ ». Il est à préciser que l’incertitude correspond pour P. Parlebas à un environnement qui peut changer. Celui-ci ne tient pas compte de l’incertitude liée à soi-même, considérant qu’elle vaut pour toute situation sportive. Il indique, à propos des trois éléments fondamentaux autorisant une classification des situations sportives : « ‘Ils interviennent dans la réalisation motrice elle-même et peuvent entraîner des types de transferts d’apprentissage extrêmement différents.’ »1580 Il ajoute : « ‘Cette classification est donc plus qu’un rangement ; c’est une organisation par secteurs qui induisent des types de transfert distincts (comportements automatisés, conduites d’adaptabilité motrice, stratégie de coopération ou d’opposition...) ». ’

Du manifeste au latent en ce qui concerne le transfert
Ainsi, le transfert est-il, aux yeux de P. Parlebas, « ‘le maître-mot de l’éducation physique’ »1581. Aussi cet auteur s’attache-t-il à spécifier les perspectives de transfert au regard des caractéristiques psycho-socio-motrices des situations sportives. Son approche est alors de nature à être retenue parmi celles à examiner. P. Parlebas paraît, dans la Revue EPS de mai 1968, inviter à une approche expérimentale. Ainsi donne-t-il une définition du transfert ‘« inspirée des travaux de la psychologie expérimentale »’ 1582. Il adjoint à son texte des tableaux présentant « ‘quelques plans d’expérience illustrant le transfert ’»1583. Il précise de fait : « ‘Cette définition est opérationnelle, c’est-à-dire qu’elle est donnée en termes d’opération, de manipulation, bref, en termes d’expérimentation. C’est une sorte de mode d’emploi qui reste au niveau du constat, qui précise les conditions de réalisation, sans aucun présupposé doctrinal ’». Il semble dès lors cohérent que P. Parlebas, en collaboration avec J. Vivès, présente, dans la Revue EPS, en 1969, un plan expérimental relatif au transfert. Les hypothèses émises en celui-ci, cependant, n’en restent pas au niveau du constat, du « manifeste »1584. Une hypothèse explicative, concernant le « latent », est avancée quant au processus de transfert. Il est envisagé comme transfert de principes de réalisation et d’attitudes, procédant d’une prise de conscience1585.

Psychomotricité et objet de l’éducation physique
Le plan expérimental qu’ont proposé P. Parlebas et J. Vivès intéresse ‘« l’adaptabilité psychomotrice ’»1586. Il a rapport à des parcours présentant « ‘des obstacles dont le franchissement est particulièrement favorisé par le respect de principes d’exécution psychomoteurs’ »1587. J.-P. Famose, d’une part, P. Giraud et P. Cassard, d’autre part, ont rendu compte d’une expérimentation inspirée de la proposition de P. Parlebas et J. Vivès1588. P. Parlebas, quant à lui, n’a pas présenté de résultat relatif à une expérimentation qui découlerait du plan expérimental qu’il a rédigé avec J. Vivès. Il a cependant développé son raisonnement quant à la psychomotricité, en relation avec une réflexion à l’objet de l’éducation physique. Dans la Revue EPS de mars 1967, il annonce ainsi que la psychomotricité correspond à « ‘la conduite motrice d’adaptation au milieu physique et social, la plus consciente et contrôlée possible, d’un agent qui se vit comme un être entier en situation, engagé en totalité dans chacun de ses actes moteurs’ »1589. Il a indiqué, quelques lignes avant, que les méthodes d’éducation physique reconnues tendent à évoluer dans le sens d’une éducation psychomotrice. La mise en place, par J. Le Boulch, de la psychocinétique, correspond, d’après P. Parlebas, à l’affirmation de cette tendance1590. Elle touche, selon lui, la méthode naturelle, la gymnastique de maintien et la méthode sportive : « ‘Nous croyons constater que les méthodes évoluent toutes dans les faits, par une reconversion implicite et progressive, vers une éducation avant tout psycho-motrice. ’»1591 Il y a là, avance-t-il, une perspective, pour une « éducation physique en miettes », fragmentée « ‘dans une pluralité de doctrines et de méthodes très diversifiées’ »1592.

Psychomotricité, sociomotricité et objet de l’éducation physique
Aussi indique-t-il que la spécificité de l’éducation physique « ‘semble pouvoir être appréhendée en recourant à la notion de psycho-motricité et en envisageant la conception de la conduite motrice qu’elle implique ’»1593. Son article sorti dans la Revue EPS de mai 1967 a rapport, cependant, à la « sociomotricité ». Il y écrit : « ‘la psychomotricité est profondément imprégnée d’affectif, de social et sa genèse est intimement liée au milieu humain [...] l’activité en sports d’équipe, la socio-motricité, suppose que les sujets maîtrisent leur comportement individuel et les facteurs psycho-moteurs restent une texture de base’ »1594. Dans le numéro de la Revue EPS de juillet 1967, il est question de « psycho-sociomotricité ». P. Parlebas y souligne à nouveau que la sociomotricité n’exclut pas la psychomotricité : « ‘Bien que conditionnée par autrui et tramée dans le tissu du groupe, la socio-motricité est le fait d’individus. Voilà qui nous habilite à parler d’une psycho-socio-motricité car si les mécanismes de l’activité en isolé et de l’activité en équipe sont différents, c’est toujours l’individu qui en est l’agent, le centre de perspective’ »1595. Aussi annonce-t-il : « ‘Que la psychosociomotricité doive représenter le centre de référence de toute l’éducation physique, voilà notre thèse’ »1596.

Psycho-sociomotricité et transfert
C’est ainsi au regard de la psychomotricité et de la sociomotricité que P. Parlebas réfléchit à l’éducation physique, comme au transfert. Il intitule de fait l’article qu’il a produit dans la Revue EPS de juillet 1967 : « La psycho-sociomotricité »1597. Aussi indique-t-il, dans la Revue EPS de juillet 1968 : ‘« Le vécu psycho-moteur et socio-moteur correspondent à la prise de conscience par l’agent de ses propres conduites motrices en relation avec une situation globale où autrui peut intervenir. Plus ce vécu sera pertinent, meilleures seront les probabilités d’adaptation. L’individu apprendra à déchiffrer le plus lucidement possible le feed-back, c’est-à-dire les réponses en retour de son action fournies par le milieu extérieur et par autrui. Cette prise de conscience du vécu psycho-socio-moteur est la clef du changement, c’est-à-dire du transfert de l’apprentissage’ »1598. On comprend alors qu’il envisage, dans la Revue EPS de mai-juin 1970, les situations sportives en fonction de « ‘deux dimensions qui s’interpénètrent : les dimensions psychomotrices et sociomotrices ’»1599. On perçoit aussi les raisons le conduisant à considérer les situations sportive au regard des attributs « P. », « A. » et « I. », à propos desquels il annonce : ‘« Ils interviennent dans la réalisation motrice elle-même et peuvent entraîner des types de transfert d’apprentissage extrêmement différents. ’»1600 Il est ainsi question d’une analyse que P. Parlebas a initié de longue date.

Analyse des sports et psycho-sociomotricité
On s’en aperçoit à la lecture de l’article qu’il signe dans le numéro de la Revue EPS de mai 1967. Il y écrit à propos des rapports entre l’éducation physique et le sport, défendant que « ‘le sport n’est ni nocif, ni vertueux en soi ’»1601. Il s’interroge alors quant à la manière dont on peut l’utiliser en éducation physique. Il distingue d’emblée le sport individuel du sport collectif, indiquant : ‘« [...] le sport individuel ne représente finalement que quelques formes codifiées parmi toutes les actualisations possibles de la psycho-motricité ; par rapport aux autres activités motrices plus ou moins spontanées, il n’a pour originalité que d’être standardisé et réglementé. ’» P. Parlebas observe dès lors : « ‘le sport d’équipes correspond à l’émergence de facteurs nouveaux que nous allons essayer de dégager’ ». Il observe que les rencontres en sport collectif ne correspondent pas à une somme d’actions individuelles ; il en va plutôt d’une « ‘reconversion originale des actes de chacun en fonction d’une action collective’ ». Ainsi, note-t-il, « ‘un assaut d’escrime ou un set de tennis se rapproche beaucoup plus d’un match de sport collectif que ne le fait une compétition d’athlétisme dite par équipes ’». Il précise cependant qu’‘« Un des termes fondamentaux du sport collectif fait [...] défaut au sport de combat : c’est le partenaire ; dans ce dernier cas, en effet, le conflit ne met face à face que deux individus.’ »1602 On perçoit dès lors les prémices d’une partition censée valoir du point de vue de l’éducation physique et du transfert.

Une évolution dans l’analyse de P. Parlebas
Ainsi P. Parlebas a-t-il engagé une analyse des sports au plan de la psychomotricité et de la sociomotricité. Aussi cet auteur annonce-t-il, dans la Revue EPS de mai 1967 : « ‘Ainsi, psycho-motricité et socio-motricité abondent en inter-relations ; elles sont de toute évidence en continuité. [...] Mais ces inter-relations n’excluent pas les dissemblances et communauté n’est pas identité’ . » L’analyse dont il a rendu compte en cet article contient le ferment du « ‘diagramme de l’ensemble des situations sportives’  » qu’il présente trois ans plus tard. Il propose en effet, dans la Revue EPS de mai-juin 1970, un examen des situations sportives à partir de « ‘trois éléments fondamentaux [...] : présence ou absence d’incertitude, de partenaire, d’adversaire’ »1603. Cette analyse, cependant, introduit une nouveauté essentielle en regard du propos tenu dans la Revue EPS de mai 1967 : elle porte non plus sur les sports, mais sur les situations sportives. P. Parlebas insiste de fait sur ce point, indiquant que « ‘Selon le cas, une “même” activité peut faire partie de sous-ensembles différents : par exemple, la voile et le canoë [...] peuvent apparaître dans les cases I., I.P. et I.P.A. [...] L’exemple le plus marquant est certainement celui de l’athlétisme qu’on peut retrouver dans presque toutes les cases.’ »1604 L’exploitation de l’outil d’analyse alors produit reste cependant, sur certains points, encore incertaine. P. Parlebas place les « concours d’athlétisme » dans la case « A. » (absence d’incertitude et de partenaire, présence d’adversaires) de son diagramme. Or, il en est autrement lorsqu’il le présente dans un ouvrage sorti en 19861605. La case « A » comprend bien un exemple relatif à l’athlétisme, mais il ne s’agit plus de concours : il est question de « courses de demi-fond, de fond... ». Les concours, c’est-à-dire les sauts et les lancers, se retrouvent dans la case « Ø » (absence d’incertitude, de partenaire et d’adversaire). Il est précisé, pour « A : co-action contre adversaire(s) ». Il est indiqué, concernant « P : co-action avec Partenaire(s) ». Il s’agit dès lors d’indicateurs autorisant à considérer qu’une situation sportive présente ou bien ne présente pas les caractéristiques « A » et « P ».

Une permanence dans l’analyse de P. Parlebas
Le diagramme présenté dans la Revue EPS de mai-juin 1970 conduit à envisager un examen des situations sportives en fonction de deux pôles en interrelation : psychomotricité et sociomotricité. Il signifie que la composante psychomotrice est dominante pour les activités de la case « Ø » ; il indique que la composante sociomotrice l’est pour celles de la case « P.A.I. »1606. P. Parlebas retient de nouveau ces deux pôles dans son ouvrage sorti en 19861607. Ils valent encore à ses yeux lorsqu’il rédige un article édité dans la Revue EPS de mars-avril 1991. Il souligne en celui-ci leur rapport à la « logique interne » de l’activité concernée. Il convient, selon lui, d’étudier les processus d’influence s’exerçant sur les individus agissant : « ‘C’est pour identifier ce système de contraintes [...] que nous avons proposé [...] le concept de “logique interne” des situations motrices.’ »1608 Il considère en effet que les règles des jeux sportifs entraînent des contraintes qui prédéterminent une logique motrice. On comprend alors qu’il indique, au paragraphe intitulé « La logique interne des jeux » d’un article sur les jeux traditionnels, publié en 1989 : « ‘A bien y réfléchir, le mystère de chaque jeu est logé dans apparemment bien peu de choses : une petite poignée de règles. Mais l’agencement de celles-ci [...] produit des systèmes d’interactions qui apparaissent souvent comme des univers d’échanges remarquablement organisés. [...] Cette logique interne impose des séquences de comportements inéluctables ’»1609. P. Parlebas précise, dans l’article de la Revue EPS de mars-avril 1991 : « ‘Les traits de la logique interne ne se rapportent pas exclusivement au système objectif de l’activité, ni exclusivement aux particularités subjectives de l’acteur ; plus subtilement, ils témoignent de l’interaction entre l’acteur et le système. »1610 Il souligne que les règles suscitent des façons d’agir qui correspondent à des « principes d’action caractéristiques et identifiables ’» : il s’agit des principes d’action psychomoteurs et sociomoteurs qui s’actualisent dans un environnement stable et standardisé ou fluctuant et sauvage.

Science de l’action motrice et psycho-sociomotricité
P. Parlebas annonce alors : « ‘les problèmes d’adaptabilité et de transfert sont liés à ces principes de réalisation, à ces attitudes, à la compréhension de la situation’ ». Il a, quelques lignes avant, plaidé pour le développement d’une science de l’action motrice : « ‘science qui étudiera, entre autres, les différents processus s’exerçant sur les individus agissant’ »1611. Il a suggéré, aussi, que son approche peut autoriser une analyse des exercices proposés en éducation physique. Ainsi, selon lui, « ‘L’organisation didactique devra accorder une importance particulière aux conduites de décodage de l’environnement et d’autrui’ »1612. Cet écrit, sorti en 1991, contribue ainsi à éclairer le titre de celui en lequel P. Parlebas a présenté une première version du diagramme des situations sportives : celui-là, édité en 1967, s’intitule « L’éducation des conduites de décision »1613. P. Parlebas signifie ainsi à nouveau, dans l’article édité en 1991, l’importance de l’approche taxinomique au regard du transfert : « ‘Les activités d’une même famille peuvent favoriser des transferts d’apprentissage, des réinvestissements’ »1614. Il ajoute toutefois qu’‘« il convient de se montrer prudent, car de telles généralisations ne sont pas toujours acquises à l’avance’ ». Il donne alors la référence de l’écrit présentant le plan expérimental qu’il a élaboré avec J. Vivès, sans autre précision. Il paraît ainsi en appeler à l’expérimentation.

Du latent au manifeste en ce qui concerne le transfert
P. Parlebas revient sur la question, en un article qu’on trouve dans un numéro des Dossiers EPS sorti en 1997 et rendant compte d’un colloque qui s’est tenu en 1995. Au paragraphe « ‘Logique interne et transfert », il annonce : « La similarité des traits d’action motrice [...] sera à la base de nos hypothèses sur les transferts d’apprentissage. Ceci posé, les généralisations ne sont jamais automatiques, et la seule voie féconde à longue échéance, c’est la mise à l’épreuve expérimentale, précisément de ces hypothèses de transfert. »1615 ’ Il évoque alors une expérimentation qu’il a conduite avec l’un de ses étudiants, E. Dugas. Celle-ci vise de fait à vérifier la pertinence d’une analyse des situations motrices en fonction de la psychomotricité et de la sociomotricité : ‘« Nous avons constaté qu’entre les pratiques psychomotrices d’athlétisme et les activités sociomotrices de sports collectifs et de jeux traditionnels, on n’enregistre aucun transfert positif (et parfois même un transfert négatif). En revanche, on dénote un transfert positif dans les deux sens entre sports collectifs et jeux traditionnels, ce qui semble bien confirmer l’existence d’un domaine sociomoteur détenteur d’une certaine homogénéité.’ »

La validité de l’approche de P. Parlebas
P. Parlebas et E. Dugas fournissent plus de précisions quant à l’expérimentation effectuée, dans la Revue EPS de mars-avril 1998. Le compte-rendu qu’ils en font conduit au questionnement. Les auteurs interprètent leurs résultats en ces termes : « ‘Nous sommes donc en présence de deux domaines d’action motrice hétérogènes [...] Il n’y a pas de principe de continuité de l’un à l’autre.’ »1616 Or, P. Parlebas soulignait, dans la Revue EPS de mai 1967, que psychomotricité et sociomotricité sont en interrelation : « ‘elles sont de toute évidence en continuité’ »1617. Il reprenait, en outre, ce propos dans les numéros de la Revue EPS de juillet 19671618 et de mai-juin 19701619. La question se pose aussi au regard du diagramme de l’ensemble des situations sportives. Dans la Revue EPS de mai-juin 1970, on trouve certes, aux deux extrémités : d’une part, les sports collectifs et les jeux traditionnels (« P.A.I. »), d’autre part, l’athlétisme (« Ø »). Il en est cependant autrement dans l’ouvrage de P. Parlebas sorti en 1986 : si l’athlétisme correspond toujours à « Ø », les sports collectifs et les jeux traditionnels ne sont plus codés que « P.A. »1620. L’interprétation que font P. Parlebas et E. Dugas des résultats expérimentaux qu’ils ont obtenus conduit dès lors à s’interroger. Qu’en est-il de la continuité ou de la discontinuité des deux dimensions de la motricité considérées ? Qu’en est-il des situations « A. » par rapport aux situations « P.A. » ?...

La recevabilité de l’approche de P. Parlebas
Il demeure que l’approche de P. Parlebas rend compte de deux dimensions de la motricité, en rapport avec la logique interne des activités pratiquées, au regard du transfert. Les interrelations entre psychomotricité et sociomotricité semblent certes à étudier plus avant. Les résultats expérimentaux fournis attestent, en tout état de cause, de transferts d’apprentissages au sein d’un domaine d’activités regroupant sports collectifs et jeux traditionnels. Les observations quant à ces transferts valent en outre en regard de la question des « micro-expertises ». Ainsi P. Parlebas et E. Dugas indiquent-ils : « ‘On constate la présence d’effets d’apprentissage positifs, orientés des sports collectifs vers les jeux traditionnels et réciproquement des jeux traditionnels vers les sports collectifs. Les premiers sont plus accentués que les seconds. ’»1621 Ce qui est transféré dans un sens ne l’est ainsi pas, à l’identique, dans l’autre sens. Les auteurs suggèrent, de plus, qu’il y a lieu de différencier le jeu sans ballon et le jeu avec ballon au plan des effets d’apprentissage1622. L’approche proposée tient compte, par ailleurs, du contexte d’acquisition. L’intervention pédagogique est certes réduite à sa plus simple expression au plan de l’expérimentation effectuée1623. Il s’agit, toutefois, de rechercher le transfert « inter-spécifique »1624 en fonction des « caractéristiques de la logique interne des activités »1625. L’approche proposée intéresse ainsi des transferts de « principes d’action »1626 : l’activité physique est un moyen au service d’une fin d’éducation des actions motrices. Aussi s’avère-t-il judicieux d’envisager l’approche de P. Parlebas pour fonder une aide au « trans-faire ».

Notes
1576.

Parlebas (P.), L’apprentissage : une continuelle réorganisation des structures motrices, Revue EPS, n° 92, mai 1968, p. 8

1577.

Parlebas (P.), Vivès (J.), Apprentissage et transfert : plan expérimental, Revue EPS, septembre 1969, n° 99 bis, p. 19

1578.

Parlebas (P.), L’apprentissage : une continuelle réorganisation des structures motrices, Revue EPS, n° 92, mai 1968 pp. 9-10

1579.

Parlebas (P.), L’éducation des conduites de décision, Revue EPS, n° 103, mai-juin 1970, p. 27

1580.

Parlebas (P.), Op. Cit., p. 26

1581.

Parlebas (P.), L’apprentissage : une continuelle réorganisation des structures motrices, Revue EPS, n° 92, mai 1968, p. 9

1582.

Parlebas (P.), Op. Cit., p. 10

1583.

Ibid., p. 11

1584.

Parlebas (P.), Vivès (J.), Op. Cit., p. 20

1585.

Cette hypothèse est indiquée dans :

Ibid., p. 20

Parlebas (P.), L’intelligence motrice, Revue EPS, n° 101, janvier-février 1969, p. 29

1586.

Parlebas (P.), Vivès (J.), Op. Cit., p. 20

1587.

Ibid., p. 21

1588.

Ces auteurs indiquent clairement qu’il en est ainsi dans :

Famose (J.P.), Étude sur le problème du transfert en éducation physique, Revue EPS, n° 107, janvier-février 1971, p. 14

Giraud (P.), Cassard (P.), La notion de transfert : une nouvelle confrontation à l’expérience, Revue EPS, n° 129 / 130, septembre-octobre-novembre-décembre 1974, p. 169

1589.

Parlebas (P.), L’éducation physique en miettes, Revue EPS, n° 85, p. 13

1590.

Parlebas (P.), Op. Cit., p. 11

1591.

Ibid., p. 9

1592.

Ibid., p. 7

1593.

Ibid., p. 13

1594.

Parlebas (P.), La sociomotricité, Revue EPS, n° 86, mai 1967, p. 10

1595.

Parlebas (P.), La psycho-sociomotricité, Revue EPS, juillet 1967, p. 12

1596.

Parlebas (P.), Op. Cit., p. 12

1597.

Ibid., p. 7

1598.

Parlebas (P.), Motricité émiettée et motricité structurée, Revue EPS, n° 93, juillet 1968, p. 22

1599.

Parlebas (P.), L’éducation des conduites de décision, Revue EPS, n° 103, mai-juin 1970, p. 27

1600.

Parlebas (P.), Op. Cit., p. 26

1601.

Parlebas (P.), La sociomotricité, Revue EPS, n° 86, mai 1967, p. 9

1602.

Parlebas (P.), Op. Cit., p. 10

1603.

Parlebas (P.), L’éducation des conduites de décision, Revue EPS, n° 103, mai-juin 1970, p. 26

1604.

Parlebas (P.), Op. Cit., p. 27

1605.

Parlebas (P.), Eléments de sociologie du sport, Paris : PUF, 1986

1606.

Parlebas (P.), L’éducation des conduites de décision, Revue EPS, n° 103, mai-juin 1970, p. 27

1607.

Parlebas (P.), Eléments de sociologie du sport, Paris : PUF, 1986

1608.

Parlebas (P.), Didactique et logique interne des APS, Revue EPS, mars-avril 1991, p. 12

1609.

Parlebas (P.), Le jeu traditionnel, Nécessité et liberté, EPS 1, septembre-octobre 1989, p. 3

1610.

Parlebas (P.), Didactique et logique interne des APS, Revue EPS, mars-avril 1991, p. 12

1611.

Parlebas (P.), Op. Cit, p. 12

1612.

Ibid., p. 13

1613.

Parlebas (P.), L’éducation des conduites de décision, Revue EPS, n° 103, mai-juin 1970, p. 25

1614.

Parlebas (P.), Didactique et logique interne des APS, Revue EPS, mars-avril 1991, p. 13

1615.

Parlebas (P.), Crise et méprise en éducation physique, in : René (B.X.), A quoi sert l’éducation physique et sportive ?, Dossiers EPS, n° 29, 1997, p. 86

1616.

Parlebas (P.), Dugas (E.), Transfert d’apprentissage et domaines d’action motrice, Revue EPS, n° 270, mars-avril 1998, p. 45

1617.

Parlebas (P.), La sociomotricité, Revue EPS, n° 86, mai 1967, p. 10

1618.

Parlebas (P.), La psycho-sociomotricité, Revue EPS, n° 87 , juillet 1967, p. 12

1619.

Parlebas (P.), L’éducation des conduites de décision, Revue EPS, n° 103, mai-juin 1970, p. 27

1620.

Parlebas (P.), Eléments de sociologie du sport, Paris : PUF, 1986

1621.

Parlebas (P.), Dugas (E.), Transfert d’apprentissage et domaines d’action motrice, Revue EPS, n° 270, mars-avril 1998, p. 45

1622.

Parlebas (P.), Dugas (E.), Op. Cit., p. 44

1623.

Ibid., p. 42

1624.

Ibid., p. 41

1625.

Ibid., p. 47

1626.

Ibid., p. 45