4 . Le devenir des formulations « G / P / x » et de la question de la « vie physique »

4.1 Hypothèse

Un deuxième niveau d’étude est ainsi à considérer. Il a trait aux formulations concernant la « vie physique » qu’on trouve dans les écrits rédigés une fois l’arrêté du 24 mars 1993 abrogé. Ce texte officiel l’a été par l’arrêté du 22 novembre 19951955. Ce dernier n’assigne pas à l’EPS de visée relative à la « vie physique ». Il indique que le projet d’EPS porte sur les activités choisies en vue d’atteindre les objectifs généraux de cette discipline. Il est ajouté : « ‘Ces choix s’opèrent en se référant aux programmes en vigueur. »’ 1956 Ainsi n’y a-t-il plus, à la publication de l’arrêté du 22 novembre 1995, de visée concernant la « vie physique » pour l’EPS dans le secondaire. Il n’est, en effet, pas question de « vie physique » dans les programmes concernant le second cycle de l’enseignement secondaire qu’indique l’arrêté du 14 mars 19861957. Ceux de 1985, relatifs au premier cycle de cet enseignement, n’ont pas trait non plus à la « vie physique »1958. Cette situation perdure jusqu’à la mise en application de l’arrêté du 18 juin 19961959, relatif à l’EPS au collège. Ces constatations appellent commentaires concernant la question de la « vie physique » et l’emploi des formulations « G / P / x ». L’EPS pouvait paraître, dans la période d’application de l’arrêté du 24 mars 1993, résolument appelée à poursuivre une visée relative à la « vie physique ». L’arrêté du 22 février 1995 a en effet paru en cette période. Il alloue à l’EPS, au cycle 3 de l’enseignement primaire, une visée relative à l’utilisation des « ressources mises en oeuvre pour organiser sa vie physique »1960. Il peut sembler qu’on assiste à une inversion de tendance avec la parution de l’arrêté du 22 novembre 1995. Cela peut ne pas inciter à l’utilisation des formulations « G / P / x », à tout le moins dans un emploi similaire à leur emploi essentiel lorsque valait l’arrêté du 24 mars 1993. Il peut en aller différemment avec la mise en place de l’arrêté du 18 juin 1996. L’assignation à l’EPS d’une visée en matière de « vie physique » peut paraître à nouveau phénomène se généralisant à l’ensemble du cursus. Il est néanmoins possible que l’usage des formulations « G / P / x » dans les écrits qui ne sont pas textes officiels se soit alors perdu. Il est envisageable, aussi, qu’on les y utilise mais que leur emploi principal ait changé. D’autant qu’on trouve une formulation « G / P / x » dans la circulaire du 21 novembre 1995 ; son emploi, en outre, a trait à l’évaluation en EPS1961.

L’arrêté du 22 novembre 1995 et sa circulaire d’application peuvent avoir d’autres incidences sur l’emploi des formulations « G / P / x ». Les textes officiels en lesquels la présence des formulations concernant la « vie physique » a été notée renferment quatorze formulations relatives à la « vie physique ». Elles renvoient à six catégories de formulations (tableau n° 10). Parmi celles-ci, cinq ne sont représentées qu’une fois. La formulation « gestion de la vie physique », appartenant à la catégorie « G / D / x », apparaît à huit reprises ; on la trouve en quatre textes officiels sur un total de sept (tableau n° 10). Il s’agit, d’une part, de l’arrêté du 24 mars 19931962 et de la circulaire du 12 janvier 19941963. Il est question, d’autre part, de l’arrêté du 22 novembre 19951964 et de la circulaire du 21 novembre 19951965. La formulation « gestion de la vie physique » s’avère ainsi la seule à perdurer dans les textes officiels. Son emploi y concerne systématiquement, en outre, le thème de l’évaluation (tableau n° 11 et document n° 3). Des listes d’acquisitions à évaluer, qui concernent la « gestion de la vie physique », sont fournies dans la circulaire du 12 janvier 19941966. Il en est de même dans celle du 21 novembre 19951967 qui lui a succédé. Or, ces listes sont fort semblables (document n° 4). Il se peut que cela induise une manière de prendre en compte la question de la « vie physique » en EPS. Elle paraît de nature à appeler à réfléchir aux « connaissances » en matière de « gestion de la vie physique ». Cela peut avoir des conséquences quant à l’emploi des formulations « G / P / x » éventuellement utilisées dans les écrits qui ne sont pas textes officiels. Il est envisageable, alors, que la formulation « gestion de la vie physique » et une ou plusieurs formulations « G / P / x » aillent de pair en ceux-ci. Il serait ainsi question, au regard des textes officiels concernés, de « gestion de la vie physique » en termes génériques. Il s’agirait alors, dans les écrits rédigés une fois ces textes officiels en vigueur, de « gestion de la vie physique » en ce qui concerne l’élève, c’est-à-dire, de « gestion de sa vie physique ».

Une réflexion référée à une visée concernant la « vie physique » paraît toutefois susceptible d’avoir cours, alors que l’arrêté du 24 mars 1993 n’est plus en vigueur. Le programme publié en 1995 reste en application, qui alloue une visée de ce type à l’EPS au cycle 3 de l’enseignement primaire. Le programme d’EPS sorti en 1996, qui concerne la classe de sixième, énonce quant à lui une finalité relative à « l’organisation et à l’entretien de la vie physique »1968. Les visées qu’il assigne à l’EPS sont reprises dans le programme publié en 1997, relatif aux classes de cinquième et quatrième. Ce texte officiel se place en effet « ‘En continuité avec le programme de la classe de sixième qui définit les orientations [...] pour l’ensemble du collège’ »1969. Il en est de même en ce qui concerne le programme d’EPS mis en place en 1998, concernant la classe de troisième. On y lit en effet : « ‘Les objectifs éducatifs de l’éducation physique et sportive figurent en introduction du programme de la classe de sixième »’ 1970. Aussi repère-t-on une nouvelle permanence concernant les textes officiels considérés. Il en a toujours été au moins un en application qui assigne à l’EPS visée relative à la « vie physique » (tableau n° 10 et document n° 3). Le nombre de textes officiels de ce type passe en outre de un, en 1995, à quatre en 1998. Cela peut, par surcroît, donner à penser que les programmes d’EPS qui remplaceront ceux des lycées, publiés en 1986, assigneront à l’EPS visée concernant la « vie physique ». Ce contexte peut encourager une prise en compte de la visée de l’EPS relative à la « vie physique ». Il semble de nature à inciter à des essais de spécification d’un enseignement cohérent avec celle-ci. Il peut en aller de l’utilisation des formulations « G / P / x » dans les écrits qui ne sont pas textes officiels. Ce, dans un emploi analogue à l’emploi essentiel des formulations « G / P / x » lorsque l’arrêté du 24 mars 1993 était en vigueur.

Différentes possibilités quant au devenir de la question de la « vie physique » une fois l’arrêté du 24 mars 1993 abrogé peuvent ainsi être envisagées. Il en est, en relation, de même en ce qui concerne l’emploi des formulations « G / P / x ». On dispose d’un échantillon d’écrits de la Revue EPS et des Dossiers EPS à partir duquel on peut considérer les éventualités explicitées. Il convient de s’intéresser à ceux rédigés après l’abrogation de l’arrêté du 24 mars 1993. Ils sont au nombre de huit et émanent de six sources. Parmi eux, quatre concernent les « Rencontres Chercheurs / Praticiens » de 19961971. Il est fait référence, en chacun des quatre autres1972, à des textes officiels publiés alors que l’arrêté du 24 mars 1993 n’était plus en application. Ces écrits comportent un total de trente-cinq formulations relatives à la « vie physique » (tableau n° 12). Elles se répartissent en treize catégories de formulations. Il en est huit, parmi celles-ci, qui sont représentées seulement une fois. On en a deux qui le sont à deux reprises. On compte trois formulations « O+E / D / x » (« l’organisation et l’entretien de la vie physique ») quand on dénombre cinq formulations « G / P / x ». Seule la catégorie « G / D / x » est plus représentée que la catégorie « G / P / x », avec quinze occurrences. On trouve la catégorie « O+E / D / x » en trois écrits provenant de trois sources. La catégorie « G / P / x » apparaît en trois écrits également, mais n’est utilisée que par deux sources. La catégorie « G / D / x » se trouve, quant à elle, en quatre écrits qui n’émanent toutefois que de deux sources ; il est à remarquer, de plus, que l’un d’eux comporte neuf formulations « G / D / x » alors qu’il en est quinze au total. Les catégories « G / P / x », « O+E / D / x » et « G / D / x » se révèlent ainsi les plus représentées, parmi celles considérées. Elles sont aussi les plus fréquemment utilisées.

Le fait qu’on trouve les catégories « O+E / D / x » et « G / D / x » parmi celles remarquées ici appelle commentaires. L’arrêté du 18 juin 1996 comprend une formulation « O+E / D / x » ; elle vaut au plan de l’énoncé d’une visée de l’EPS au collège1973. L’arrêté du 22 novembre 1995 comporte une formulation « G / D / x » ; il en est fait usage pour dénommer les « connaissances » à évaluer en matière de « vie physique »1974. De plus, deux formulations « G / D / x », utilisées à la même fin que celle-ci, se trouvent dans la circulaire du 21 novembre 19951975. Ces constatations donnent à penser que la question de la « vie physique » revêt deux aspects dans les écrits qui ne sont pas textes officiels. L’un concerne la finalité de l’EPS relative à la « vie physique » que l’arrêté du 18 juin 1996 alloue à l’EPS au collège. L’autre a trait aux connaissances en matière de « vie physique » que l’arrêté du 22 novembre 1995 et la circulaire du 21 novembre 1995 mentionnent. Une autre observation est, par ailleurs, à commenter : la catégorie de formulations autre que « O+E / D / x » et « G / D / x » distinguée ici est « G / P / x ». Ainsi, les formulations « G / P / x » perdurent-elles dans les écrits, qui ne sont pas textes officiels, rédigés alors qu’est appliquée la circulaire du 21 novembre 1995. Cette dernière comprend la seule formulation « G / P / x » des textes officiels pris en compte valant une fois l’arrêté du 24 mars 1993 abrogé. Cette formulation se trouve dans un paragraphe concernant l’évaluation des « ‘candidats handicapés moteurs, déficients visuels et déclarés partiellement inaptes »’ 1976. Or, il n’est pas question de cette évaluation dans les écrits qui comportent les formulations « G / P / x » de l’échantillon1977. Aussi peut-on considérer que ces formulations « G / P / x » n’ont pas le même emploi que celle de la circulaire du 21 novembre 1995. On peut alors envisager l’emploi des formulations « G / P / x » de l’échantillon au regard d’une éventuelle manière principale d’aborder la question de la « vie physique ». Or, il semble qu’un aspect de celle-ci a trait à la visée relative à la « vie physique » que les textes officiels allouent à l’EPS. L’emploi essentiel des formulations « G / P / x » lorsque valait l’arrêté du 24 mars 1993 a, en outre, rapport à une visée de ce type. On peut penser, alors, que l’emploi principal des formulations « G / P / x » présentes dans les écrits produits une fois ce texte officiel abrogé lui est similaire.

Une hypothèse peut ainsi être émise. On peut l’expliciter à partir de l’étude de l’emploi des formulations « G / P / x » lorsque l’arrêté du 24 mars 1993 était en vigueur. L’emploi essentiel des formulations « G / P / x » avait trait, d’après celle-ci, au thème de l’enseignement de l’EPS en matière de « vie physique ». Il valait au regard de la visée concernant la « vie physique » que l’arrêté du 24 mars 1993 assignait à l’EPS. Ce, alors que la question de la « vie physique » était principalement réflexion à un enseignement de l’EPS cohérent avec cette visée. Les formulations « G / P / x » étaient en outre, au plan de leur emploi essentiel, formulations relatives à la « vie physique » utilisées de façon préférentielle aux autres. Il semble que les formulations « G / P / x » des écrits rédigés après l’abrogation de l’arrêté du 24 mars 1993 ont un emploi similaire. Celui-ci valant alors au regard de la « finalité » relative à la « vie physique » que l’arrêté du 18 juin 1996 attribue à l’EPS. Il semble, toutefois, que la façon principale d’envisager la question de la « vie physique » présente deux aspects. L’un concerne la spécification d’un enseignement cohérent avec la finalité concernant la « vie physique » que l’arrêté du 18 juin 1996 alloue à l’EPS. L’autre est relatif aux « connaissances » en matière de « vie physique » indiquées dans l’arrêté du 22 novembre 1995 et dans la circulaire du 21 novembre 1995. L’hypothèse ainsi émise présente deux dimensions. Elle a trait, d’une part, à la question de la « vie physique », d’autre part, à l’emploi des formulations « G / P / x ». La démarche permettant de vérifier cette hypothèse est à expliciter.

Notes
1955.

Arrêté du 22/11/1995, Op. Cit., p. 3546

1956.

Ibid., p. 3545

1957.

Arrêté du 14/03/1986, Programmes d’éducation physique et sportive des classes de seconde, première et terminale des lycées d’enseignement général et technique et des classes de première et deuxième année du cycle d’études conduisant au baccalauréat professionnel, BO n° 15 du 17/04/1986, pp. 1343-1348

1958.

Ministère de l’Education Nationale, Education Physique et Sportive, Classes des collèges, 6 e , 5 e , 4 e , 3 e , Horaires / Objectifs / Programmes / Instructions, Paris : Centre National de Documentation Pédagogique, 1995, pp. 10-32

1959.

Arrêté du 18/06/1996, Op. Cit., p. 1964

1960.

Arrêté du 22/02/1995, Op. Cit., p. 43

1961.

Circulaire n° 95-253 du 21/11/1995, Op. Cit., pp. 3549-3550

1962.

Arrêté du 24/03/1993, Op. Cit., p. 1999

1963.

Circulaire n° 94-007 du 12/01/1994, Op. Cit., pp. 240-242

1964.

Arrêté du 22/01/1995, Op. Cit., p. 3545

1965.

Circulaire n° 95-253 du 21/11/1995, Op. Cit., pp. 3548, 3550

1966.

Circulaire n° 94-007 du 12/01/1994, Op. Cit., p. 241

1967.

Circulaire n° 95-253 du 21/11/1995, Op. Cit., p. 3548

1968.

Arrêté du 18/06/1996, Op. Cit., p. 1964

1969.

Programmes, Education physique et sportive, B.O. hors série n° 1 du 13/02/1997, p. 185

1970.

Programmes, Education physique et sportive, B.O. hors série n° 10 du 13/10/1998, p. 147

1971.

Il s’agit de :

Comité d’études et d’informations pédagogiques de l’éducation physique et du sport, Rencontres Chercheurs / Praticiens 1995-1996, Créer le dialogue entre chercheurs et praticiens, Journées nationales, 27-28-29 septembre 1996, INJEP – Marly-Le-Roy, Revue EPS, janvier-février 1997, pp. 57-62

Paris (B.), En pratique, quels moyens et quelles conditions ont été, sont, et pourraient être mis en oeuvre pour établir une relation bénéfique entre activité physique et santé ?, in : Comité d’études et d’informations pédagogiques de l’éducation physique et du sport, Rencontres Chercheurs / Praticiens 1995-1996, Créer le dialogue entre chercheurs et praticiens, Journées nationales, 27-28-29 septembre 1996, Dossiers EPS, n° 35, 1997, p. 51

Jarthon (M.), Op. Cit., pp. 52-53

Cogérino (G.), Quelle contribution des enseignants d’EPS à la santé ?, in : Comité d’études et d’informations pédagogiques de l’éducation physique et du sport, Op. Cit., pp. 54-58

1972.

Il s’agit de :

Cogérino (G.), Les savoirs d’accompagnement, Repérage des problèmes posés, Revue EPS, n° 264, mars-avril 1997, pp. 25-28

Cogérino (G.), Des pratiques d’entretien corporel aux connaissances d’accompagnement, Dossiers EPS, n° 37, 1998, 141 p.

Vangioni (J.), Op. Cit., 123 p.

Rouziès (C.), Op. Cit., 73 p.

1973.

Arrêté du 18/06/1996, Op. Cit., p. 1964

1974.

Arrêté du 22/11/1995, Op. Cit., p. 3545

1975.

Circulaire n° 95-253 du 21/11/1995, Op. Cit., pp. 3548, 3550

1976.

Ibid., p. 3550

1977.

Il s’agit de :

Cogérino (G.), Quelle contribution des enseignants d’EPS à la santé ?, in : Comité d’études et d’informations pédagogiques de l’éducation physique et du sport, Op. Cit., pp. 54, 56

Cogérino (G.), Des pratiques d’entretien corporel aux connaissances d’accompagnement, Dossiers EPS, n° 37, 1998, p. 24

Rouziès (C.), Op. Cit., p. 4