L’hypothèse étudiée concerne les écrits qui ne sont pas textes officiels et ont été rédigés après l’abrogation de l’arrêté du 24 mars 1993. Elle présente deux dimensions à vérifier.
D’après l’hypothèse, la manière principale d’envisager la question de la « vie physique » dans les écrits considérés comporte deux aspects. Le premier a trait à la détermination d’un enseignement idoine à la « finalité » concernant la « vie physique » que l’arrêté du 18 juin 1996 assigne à l’EPS. Le second est relatif aux « connaissances » en matière de « vie physique » que l’arrêté du 22 novembre 1995 et la circulaire du 21 novembre 1995 mentionnent. Il apparaît que quatre classes renferment l’essentiel des formulations de l’échantillon. Deux d’entre elles concernent les formulations dont l’emploi a rapport à la visée relative à la « vie physique » qu’indique l’arrêté du 18 juin 1996. La classe « enseignement / référence 1 » concerne les formulations dont l’emploi renvoie au thème de l’enseignement de l’EPS en matière de « vie physique ». La classe « visée / référence 1 », celles dont l’emploi a trait au thème de la visée de l’EPS relative à la « vie physique ». Deux autres classes regroupent les formulations dont l’emploi a trait aux acquisitions concernant la « gestion de la vie physique » : il s’agit ainsi des « connaissances » que l’arrêté du 22 novembre 1995 et la circulaire du 21 novembre 1995 indiquent. La classe « enseignement / référence 2 » a trait aux formulations dont l’emploi renvoie au thème de l’enseignement des acquisitions relatives à la « gestion de la vie physique ». La classe « évaluation / référence 2 », celles dont l’emploi concerne le thème de l’évaluation de ces acquisitions. On peut mettre en regard ces quatre classes et les huit autres possibles. Celles-ci se distinguent de celles-là quand on les considère au plan de leur représentation et de leur fréquence d’utilisation. La classe « évaluation / référence 2 » regroupe onze formulations, réparties en trois écrits émanant de deux sources. La classe « enseignement / référence 1 » en comprend dix, qu’on trouve en trois écrits provenant de trois sources. La classe « visée / référence 1 » en comporte sept, qui se distribuent en cinq écrits produits par cinq sources. La classe « enseignement / référence 2 » en réunit trois, présentes en un écrit. Les quatre formulations restantes se répartissent en trois classes : l’une en contient deux, qui apparaissent dans un même écrit, les deux autres, une chacune. Les coefficients de corrélation de Spearman calculés sont, en outre, positifs et significatifs. Ils concernent : les distributions, par écrit et par source, relatives, d’une part, à la totalité des formulations de l’échantillon, d’autre part, à l’ensemble des formulations des quatre classes distinguées ici. Les résultats accréditent ainsi la dimension de l’hypothèse relative à la façon principale de considérer la question de la « vie physique ».
L’hypothèse présente une autre dimension qui concerne l’emploi des formulations relatives à la « gestion de sa vie physique » ou formulations « G / P / x ». D’après celle-ci, l’emploi essentiel des formulations « G / P / x » présente deux caractéristiques. Il renvoie au thème de l’enseignement de l’EPS en matière de « vie physique ». Il vaut, en outre, au regard de la finalité relative à la « vie physique » que l’arrêté du 18 juin 1996 présente. L’hypothèse indique, de plus, que les formulations « G / P / x » sont, dans cet emploi, formulations relatives à la « vie physique » utilisées préférentiellement aux autres. Les formulations « G / P / x » de l’échantillon sont au nombre de cinq. Elles se trouvent en trois écrits émanant de deux sources. Il apparaît que quatre d’entre elles appartiennent à la classe « enseignement / référence 1 », qui se répartissent en deux écrits provenant de deux sources. Les coefficients de corrélation de Spearman calculés s’avèrent, par surcroît, positifs et significatifs, qui ont trait aux distributions, par écrit et par source, concernant : les formulations « G / P / x » de la classe « enseignement / référence 1 » et la totalité des formulations « G / P / x ». La classe « enseignement / référence 1 » comprend six formulations autres que « G / P / x » qui relèvent de quatre catégories de formulations différentes. Toutes sont, au sein de la classe « enseignement / référence 1 », moins représentées et fréquemment pratiquées que la catégorie « G / P / x ». Les coefficients de corrélation de Spearman calculés sont positifs et significatifs pour ce qui est des distributions par écrit et par source qui concernent : les formulations « G / P / x » de la classe « enseignement / référence 1 » et la totalité des formulations « enseignement / référence 1 ». Ces résultats valident ainsi la dimension de l’hypothèse relative à l’emploi des formulations « G / P / x ».
L’hypothèse, concernant la question de la « vie physique » et l’emploi des formulations « G / P / x » dans le contexte où vaut cette question, se révèle vérifiée, ce qui est à interpréter.
Une première interprétation concerne l’emploi essentiel des formulations « G / P / x » présentes dans les écrits rédigés après l’abrogation de l’arrêté du 24 mars 1993. Il vaut en référence à la finalité relative à la « vie physique » que l’arrêté du 18 juin 1996 assigne à l’EPS. Il est ainsi similaire à celui des formulations « G / P / x » présentes dans les publications produites alors que l’arrêté du 24 mars 1993 était en vigueur : il valait alors en référence à l’objectif général relatif à la « vie physique » que ce texte officiel allouait à l’EPS. On peut ainsi considérer que l’emploi essentiel des formulations « G / P / x », comme le caractère préférentiel de leur utilisation au plan de cet emploi, perdure. Ainsi est-il possible de l’envisager comme indicateur des effets d’une communication2017 ayant pour contenu un discours2018 officiel quant aux visées de l’EPS. Les écrits examinés réfractent une prise en considération de la visée relative à la « vie physique » que l’arrêté du 18 juin 1996 assigne à l’EPS. Il y est en effet relativement fréquemment fait référence. La formulation « O+E / D / x » y est même présente à trois reprises, au plan de citations de la finalité concernant la « vie physique » qu’on trouve dans l’arrêté du 18 juin 1996. Or, il n’en est point dans les écrits rédigés durant la période d’application de l’arrêté du 24 mars 1993 qui ont été étudiés. L’énoncé de l’objectif général relatif à la « vie physique » qu’il attribuait à l’EPS comportant alors une formulation « O / P / p+f ». On peut, en outre, lire en un écrit diffusé en 1997 : « ‘Les travaux portant sur l’objectif préconisant d’enseigner aux élèves à gérer leur vie physique [...] sont fort peu nombreux’ »2019.
Il est à noter, toutefois, que le processus d’influence ainsi envisagé ne semble pas seul à jouer. La circulaire du 21 novembre 1995 comprend une formulation « G / P / x » dont l’emploi n’apparaît pas repris au plan des écrits examinés. Ces derniers comprennent cinq formulations « G / P / x » ; quatre d’entre elles valent au regard de la référence à la finalité relative à la « vie physique » que l’arrêté du 18 juin 1996 présente. Aucune, en outre, n’a trait au thème de l’évaluation en EPS concernant la « vie physique ». Toutes ont rapport au thème de l’enseignement de l’EPS en matière de « vie physique ». Il en est seulement une qui vaut en référence aux acquisitions en matière de « vie physique » que l’arrêté du 22 novembre 1995 et sa circulaire d’application indiquent. Elle a trait, par surcroît, au thème concernant la visée de l’EPS relative à la « vie physique ». Le discours que véhiculent les textes officiels paraît alors consulté de façon sélective. Ce, au regard de la réflexion relative à la « vie physique » qui a cours depuis la mise en vigueur de l’arrêté du 24 mars 1993. On peut la considérer comme réflexion à un enseignement idoine à la visée concernant la « vie physique » que plusieurs textes officiels ont assigné à l’EPS. L’emploi essentiel des formulations « G / P / x » dans les écrits produits alors qu’un texte officiel de ce type valait semble signe de cette réflexion. Elle paraît jugée suffisamment importante pour que cet emploi perdure alors qu’une formulation « G / P / x » est utilisée dans un texte officiel, avec un autre emploi. Pour qu’il perdure, aussi, après une période durant laquelle aucun texte officiel n’a assigné visée relative à la « vie physique » à l’EPS dans le secondaire.
Les formulations « G / P / x » apparaissent cependant dans un contexte en lequel il est une autre dimension quant à la façon principale d’envisager la question de la « vie physique ». Nombre de formulations, en effet, valent en référence aux « connaissances » relatives à la « vie physique » que l’arrêté du 22 novembre 1995 et sa circulaire d’application présentent. Or, on ne note pas phénomène du même ordre dans les écrits rédigés en la période d’application de l’arrêté du 24 mars 1993 qui ont été examinés. La référence aux « connaissances et savoirs » que l’arrêté du 24 mars 1993 et la circulaire du 12 janvier 1994 indiquent y est en effet relativement peu fréquente. La réflexion en matière de « vie physique » semble dès lors avoir évolué après l’abrogation de ce texte officiel. Une explication est liée aux visées officiellement assignées à l’EPS dans le second degré, une fois l’arrêté du 24 mars 1993 caduc. Il n’a plus été question de « vie physique » dans l’énoncé de celles-ci jusqu’à la mise en place de l’arrêté du 18 juin 1996. Il est possible, ainsi, que la réflexion ait continué d’avoir cours, se centrant alors sur les données officielles restantes. Elle se serait ainsi centrée sur les acquisitions relatives à la « vie physique » que l’arrêté du 22 novembre 1995 et la circulaire du 21 novembre 1995 indiquent. Il se peut qu’ensuite, une fois l’arrêté du 18 juin 1996 en vigueur, cette réflexion n’ait pas cessé. Elle aurait alors été poursuivie en parallèle, voire en relation, avec une réflexion intégrant la finalité en matière de « vie physique » qu’on trouve dans cet arrêté. On peut envisager une autre explication. Cette dernière renvoie à une éventuelle difficulté à spécifier un enseignement cohérent avec un projet officiel assignant à l’EPS visée concernant la « vie physique ». Des listes d’acquisitions relatives à la « gestion de la vie physique » sont fournies dans la circulaire du 21 novembre 1995. On a, par exemple : « les données propres à la musculation, à la récupération après l’effort »2020. Ces listes diffèrent peu, en outre, de celles qu’indique la circulaire du 12 janvier 1994 qu’elle a abrogée. Elles sont, si on suit R. Dhellemmes2021 ou B. Boda2022, de nature à aider à la spécification de contenus d’enseignement. Elles peuvent susciter, dès lors, un travail d’élucidation, une réflexion au plan didactique ou pédagogique. Cela paraît le cas, par exemple, en ce qui concerne le n° 37 des Dossiers EPS, intitulé : « Des pratiques d’entretien corporel aux connaissances d’accompagnement »2023. Ces explications ne s’excluent pas mutuellement lorsqu’il s’agit de rendre intelligible l’intérêt accru pour le thème de l’évaluation en matière de « vie physique ». On peut faire la même remarque pour ce qui est de l’élucidation de la réflexion à l’enseignement des « connaissances » concernant la « gestion de la vie physique ».
Les écrits étudiés réfractent en tout état de cause une manière principale d’envisager la question de la « vie physique ». Une dimension de celle-ci a trait à la spécification d’un enseignement de l’EPS cohérent avec la visée concernant la « vie physique » que l’arrêté du 18 juin présente. L’emploi essentiel des formulations « G / P / x » peut être considéré comme signe d’une réflexion à cette dimension de la question de la « vie physique ». Il est ainsi similaire à celui qui avait cours lorsque l’arrêté du 24 mars 1993 était en vigueur. La question de la vie « physique » était alors essentiellement celle d’un enseignement cohérent avec l’objectif général concernant la « vie physique » qu’on trouve en ce texte officiel. La façon principale d’aborder la question de la « vie physique » dans les écrits produits après son abrogation présente une autre dimension. Elle concerne les acquisitions relatives à la « vie physique » qui sont à évaluer aux examens du second cycle de l’enseignement secondaire. Si celles-ci sont à évaluer, c’est qu’elles sont à enseigner. On peut alors considérer qu’elles sont en cohérence avec une visée de l’EPS en matière de « vie physique ». Il n’est certes pas question de « vie physique » dans les programmes qu’indique l’arrêté du 14 mars 1986, pour ce qui est des classes de « seconde, première et terminale des lycées d’enseignement général et [...] de première et deuxième année du cycle d’études conduisant au baccalauréat professionnel »2024. Il est envisageable, toutefois, qu’à l’instar de C. Rouziès2025, on juge que la présentation des visées de l’EPS faite en ce texte officiel concerne implicitement la « vie physique ». Il se peut, aussi, qu’on songe qu’une visée sera explicitement relative à la « vie physique » dans les textes officiels remplaçant l’arrêté du 14 mars 1986. On peut, en définitive, envisager que la réflexion à un enseignement de l’EPS idoine à une visée concernant la « vie physique » a évolué : elle fait désormais cas des acquisitions en matière de « vie physique » que l’arrêté du 22 novembre 1995 et sa circulaire d’application indiquent. Elle ne se réduit pas, cependant, à une réflexion à l’enseignement de ces seules acquisitions. Si bien qu’on ne peut considérer qu’elle a radicalement changé. Ainsi peut-on penser que l’emploi essentiel des formulations « G / P / x » est signe de réflexion à la question principalement posée quant à la « vie physique » en EPS. Les textes officiels publiés au cours des années quatre-vingt-dix qui assignent à l’EPS une visée relative à la « vie physique » légitiment cette réflexion. On peut l’envisager dès lors comme conséquence de leurs parutions. Il faut cependant considérer que ces textes officiels sont eux-mêmes le fruit d’un travail d’élaboration. On peut notamment penser que la visée relative à la « vie physique » qu’on trouve dans le premier à paraître procède de ce travail. Cela incite à se préoccuper à nouveau de la mise en place de la réflexion à la « vie physique » en EPS que réfractent les écrits rédigés après la publication de l’arrêté du 24 mars 1993.
En référence à :
Laswell (H.D.), Op. Cit., pp. 505-520
Grawitz (M.), Op. Cit., p. 550
En référence à :
Charaudeau (P.), Op. Cit.
Cogérino (G.), Gérer sa vie physique : contribution des enseignants d’EPS, Université de Caen : Centre de Recherches en Activités Physiques et Sportives, mai 1997, p. 14
Circulaire n° 95-253 du 22/11/1995, Op. Cit., p. 3548
Dhellemmes (R.), L’EP mise en question par l’évaluation, in : Méthodologie et didactique de l’EP, Editions STAPS, 1989
Boda (B.), Op. Cit.
Cogérino (G.), Des pratiques d’entretien corporel aux connaissances d’accompagnement, Dossiers EPS, n° 37, 1998, 141 p.
Arrêté du 14/03/1986, Op. Cit., pp. 1343-1348
Rouziès (C.), Op. Cit., p. 3