5.1 Hypothèse

Un troisième niveau d’étude est à prendre en considération. Il s’agit de s’enquérir de la mise en place de la question de la « vie physique » et de l’emploi des formulations « G / P / x ». L’étude peut en être faite à partir d’un échantillon d’écrits dont la détermination est dès lors à expliquer.

Il est justifié que les productions retenues soient relatives à l’EPS en son ensemble puisque la question de la « vie physique » et l’emploi des formulations « G / P / x » valent à ce niveau. Il est fondé, aussi, que les publications choisies concernent explicitement la « vie physique ». Il importe, en effet, de s’intéresser à la réflexion la concernant ainsi qu’à l’emploi des formulations « G / P / x ». Les écrits de l’échantillon, en outre, ne sont pas textes officiels : il s’agit d’envisager la réflexion concernant la « vie physique » en EPS ayant cours alors qu’aucun des textes officiels considérés n’était en vigueur. Il convient, en outre, que l’échantillon se compose d’écrits produits avant la mise en application de l’arrêté du 24 mars 1993. Ce texte officiel est en effet le premier à assigner à l’EPS une visée relative à la « vie physique » parmi ceux valant dans les années quatre-vingt-dix. Il se révèle judicieux, par surcroît, que les écrits de l’échantillon aient été réalisés après la mise en vigueur de l’arrêté du 21 février 1980. Il est le premier texte officiel à avoir paru parmi ceux abrogés par l’un des textes officiels dans lesquels l’utilisation des formulations relatives à la « vie physique » est apparue notable. Il a, de plus, été annulé par l’arrêté du 24 mars 1993²⁰²⁶ qui est le premier texte officiel de ce type à être entré en application. Il faut donc s’assurer que chaque écrit de l’échantillon a été rédigé après la parution de l’arrêté du 21 février 1980 ; il s’agit de vérifier, aussi, qu’il l’a été avant celle de l’arrêté du 24 mars 1993. Cela suppose qu’il contienne des informations indiquant de façon certaine qu’il a été produit en cette période. Ainsi, l’article de G. Klein publié dans la Revue EPS de juillet-août 1993²⁰²⁷ ne peut-il être retenu ici. Rien en celui-ci ne permet en effet de déterminer si l’auteur l’a rédigé avant ou après la mise en vigueur de l’arrêté du 24 mars 1993. En revanche, l’article de C. Pineau qui a paru dans la Revue EPS de mars-avril 1993²⁰²⁸ est de nature à faire partie de l’échantillon : l’auteur fait référence à son « Introduction à une didactique de l’éducation physique », rédigée en 1990, pour désigner les objectifs généraux de l’EPS.

Les écrits présentant les caractéristiques requises peuvent être sélectionnés dans l’ensemble de ceux qui ont paru dans la Revue EPS ou dans les Dossiers EPS. Les raisons expliquant le choix de ces organes de diffusion sont les mêmes que celles invoquées pour sélectionner les écrits examinés précédemment. L’échantillon envisagé ici comprend neuf écrits, dont huit ont paru dans la Revue EPS et un aux Dossiers EPS²⁰²⁹. On observe que toutes ces publications sont signées de C. Pineau, « Inspecteur Général de l’Education Nationale, Doyen du groupe EPS ». Il a rédigé l’une d’elles en collaboration avec A. Hébrard, « Président du groupe technique disciplinaire EPS ». Les neuf écrits considérés émanent ainsi de personnes qui se présentent au lecteur en tant que représentants de l’institution. Ils valent, en outre, dans le contexte d’un travail d’élaboration de textes officiels. Cette entreprise concerne, d’une part, l’évaluation de l’EPS aux examens de l’éducation nationale ; quatre écrits y ont trait²⁰³⁰. Elle est relative, d’autre part, aux programmes d’EPS ; il en est question en sept écrits²⁰³¹. Les écrits retenus concernent ainsi la « vie physique » en EPS et valent au plan de la réflexion précédant la mise en place des textes officiels pris en considération. Leur choix apparaît donc idoine à l’étude envisagée. Les formulations relatives à la « vie physique » présentes en ces écrits sont dès lors à examiner.

Il est cohérent de s’intéresser, en premier lieu, à la catégorie de formulations « G / P / x ». Il s’agit d’y réfléchir à partir de l’étude de l’emploi essentiel des formulations « G / P / x » dans les écrits produits quand valait l’arrêté du 24 mars 1993. Cet emploi y est apparu signe d’une réflexion à un enseignement idoine à la visée relative à la « vie physique » que ce texte officiel a assigné à l’EPS. On ne peut considérer qu’il est préfiguré par l’emploi de la catégorie « G / P / x » dans les écrits de l’échantillon. On y note une seule formulation « G / P / x »²⁰³². On la trouve en un discours relatif à l’objectif de santé. L’auteur fait référence à une université d’été qui s’est tenue à Montpellier en 1992, dont les actes s’intitulent : « Education pour la santé et EPS »²⁰³³. Il indique : ‘« Il s’agira “... non seulement de viser les transmissions de savoirs mais également de susciter des changements de comportements favorables au maintien de la santé, en particulier par une gestion adaptée de la vie physique de l’individu” ’». Il ajoute : ‘« Les objectifs généraux de l’éducation physique et sportive contiennent explicitement cette intention éducative, notamment lorsqu’ils indiquent qu’il convient que cette discipline offre à chacun, outre les connaissances permettant une meilleure pénétration du tissu social et culturel, celles qui intéressent l’entretien de ses propres potentialités et l’organisation de sa vie physique aux différents âges de son existence ’». Ainsi, la seule formulation « G / P / x » de l’échantillon vaut-elle au regard d’une visée de l’EPS concernant la « vie physique ». On peut juger qu’elle apparaît en un propos contribuant à l’élucidation de la visée considérée. Ce propos, en revanche, n’a pas trait à un enseignement de l’EPS qui se voudrait cohérent avec cette visée.

Cette constatation conduit à s’intéresser à l’ensemble des formulations relatives à la « vie physique » présentes dans les écrits de l’échantillon. Il s’agit de s’enquérir des caractéristiques de la réflexion à la « vie physique » en EPS qu’ils réfractent. L’échantillon comprend au total dix-huit formulations relatives à la « vie physique » qui se répartissent en dix catégories (tableau n° 17 et document n° 5). Parmi celles-là, six catégories ne sont représentées qu’une fois. Il s’agit des catégories : « G / P / p+f », « G / P / x », « O / P / f », « O+C / D / p+f », « O+G / D / p+f » et « O+G / P / f ». Elles se distribuent en cinq écrits²⁰³⁴. Les formulations « G / D / x », « O / D / x » et « O / D / p+f », quant à elles, sont chacune utilisées à deux reprises. Elles sont aussi chacune présentes dans deux écrits²⁰³⁵. La catégorie « O / P / p+f », enfin, s’avère la plus représentée et la plus fréquemment utilisée. Elle apparaît en effet à six reprises et dans cinq écrits²⁰³⁶. L’un d’eux est celui qui comporte la seule formulation « G / P / x » de l’échantillon²⁰³⁷. La formulation « O / P / p+f » qu’on y trouve est donc présente dans l’énoncé d’une visée de l’EPS. Or, on a une formulation « O / P / p+f » dans l’énoncé du troisième objectif général qu’indique l’arrêté du 24 mars 1993²⁰³⁸. On peut envisager, alors, que les écrits de l’échantillon préfigurent la question principalement considérée quant à la « vie physique » suite à la parution de ce texte officiel.

Ainsi peut-on émettre une hypothèse. Selon celle-ci, l’aspect principal de la réflexion en matière de « vie physique » dans les écrits examinés vaut au plan d’une visée de l’EPS relative à la « vie physique » ; il apparaît explicitation préférentielle de cette visée, qui est semblable à celle du troisième objectif général qu’indique l’arrêté du 24 mars 1993. La démarche permettant de vérifier cette hypothèse est dès lors à indiquer.