1.4. Apports de la neuropsychologie

1.4.1. Localisations

Si la psychologie cognitive apporte des modèles de l’organisation et des mécanismes de l’écriture, elle s’intéresse peu à la localisation anatomique des modules constitutifs des différents modèles.

La démarche qui consiste à observer la désorganisation de l'écriture secondaire à diverses lésions ou dysfonctionnements cérébraux, permet de formuler des hypothèses quant à la localisation des différentes voies et modules des modèles cognitifs.

En ce qui concerne l'écriture, chez les droitiers elle semble impliquer particulièrement le cortex associatif polymodal pariéto-temporo-occipital gauche. Tous les auteurs s'accordent à reconnaître l'importance du lobe pariétal gauche dans l'écriture. Notamment le lobule pariétal inférieur (Eidelberg, Galaburda, 1984) [56] où on pense pouvoir localiser les représentations orthographiques, de même que les informations phonologiques et les programmes moteurs du geste graphique. Penniello et al., 1991 [112], ont démontré l'existence de corrélation entre agraphie lexicale et hypométabolisme du gyrus angulaire gauche, agraphie phonologique et hypométabolisme du gyrus supramarginalis gauche, chez des Alzheimer.

Le lobule pariétal inférieur gauche est connecté avec les aires temporales et occipi­tales dont il reçoit les informations. Il reçoit également, de son homologue droit, des informations visuo-spatiales et il projette vers les lobes frontaux. C’est ainsi que le modèle grapho-spatio-linguistique pourra être réalisé.

Au niveau des lobes frontaux, l'initiation, l'exécution et le contrôle du mouvement mettent en jeu les aires motrices supplémentaires, le cortex moteur primaire et les aires prémotrices. D’autres régions ont également un rôle à jouer : les régions préfrontales dans les as­pects de motivation, le cervelet et les noyaux gris centraux dans la modulation lin­guistique et motrice de l'écriture.

Au total de très nombreuses structures sont sollicitées pour produire l'écriture, d’autant que celle-ci résulte soit d'une opération d'encodage (écriture spontanée) soit d'une opération de transcodage (écriture dictée ou copiée), ce qui suppose de nombreuses étapes intermédiaires, s'effectuant à partir des aires sémantiques temporales ou préfrontales, dans le cas de l’écriture spontanée, ou des aires sensorielles temporales ou occipitales pour l’écriture dictée ou copiée.

Il faut noter encore le rôle des émotions, de l'attention et de la mémoire, dans la production de l'écriture, et les travaux portant sur l'écriture de patients psychiatriques, notamment ceux de Belin et Volmat au CHU de Besançon, sont également d’un grand intérêt (Belin et al., 1978) [12]. On pourra y discerner des dysfonctionnements de ce que Serratrice appelle le "cerveau limbique comportemental" celui de l'humeur, de l'émotion, de l'affectivité, des motivations.