2.1. Généralités concernant la gémellité

Les grossesses gémellaires ont une fréquence d'apparition de l'ordre de 1,3 % de l'ensemble des grossesses. Leur fréquence réelle est en fait supérieure, mais un certain nombre d’embryons ne vont pas à terme, donnant lieu ensuite à une grossesse unique, comme en attestent l’échographie. Par ailleurs, le nombre de grossesses multiples s’accroît actuellement avec l’utilisation des traitements hormonaux et des inducteurs d’ovulation, également avec les progrès de la fécondation in vitro et de la surveillance médicale de la grossesse.

Mais même si la gémellité devient un phénomène plus courant et mieux connu, elle n’en constitue pas moins une situation particulière, qui va marquer le développement et la personnalité des jumeaux.

La grossesse nécessite une surveillance accrue du fait des complications qui peuvent survenir, liées notamment au faible poids de naissance et à la prématurité. Dans l'ensemble le poids total des jumeaux est supérieur à celui d'un enfant né d'une grossesse "singulière" mais leur poids respectif est inférieur en général à celui d'un "singleton". Il existe donc fréquemment un retard de croissance intra-utérin de même que, très souvent, un élément de prématurité : la durée de la grossesse est en moyenne de 261 jours contre 280 pour une grossesse ordinaire.

Les complications peuvent aussi être le fait de problèmes liés à la vascularisation des fœtus.

Ces observations toutefois ne concernent pas tous les types de grossesses gémellaires de la même façon. Classiquement on distingue “ vrais ” et “ faux ” jumeaux ; en fait, il convient de parler de jumeaux dizygotes et monozygotes.

La figure 6 illustre ces différents types de grossesses gémellaires :

Figure 6. Les grossesses gémellaires
Figure 6. Les grossesses gémellaires

Les jumeaux dizygotes (DZ) résultent de la ponte de deux ovocytes au moment de l’ovulation et de leur fécondation par deux spermatozoïdes différents. Ils sont donc issus de deux œufs distincts et ne se ressemblent pas plus que des germains 1 . Ils peuvent être de même sexe ou de sexes différents. Dissemblables physiquement, ils diffèrent également par leurs caractéristiques biologiques notamment les caractères sanguins.

Ces naissances correspondent à environ 70 % des grossesses gémellaires, ce taux variant selon les études. En effet, les fréquences respectives des jumeaux DZ et MZ ne sont pas toujours faciles à déterminer . Le calcul selon l’hypothèse de Weinberg qui suppose une répartition égale des sexes parmi les DZ n’est qu’approximatif : cette méthode calcule le nombre de DZ en multipliant par deux le nombre de jumeaux discordant pour le sexe ; le nombre de MZ est obtenu par différence entre le nombre total de jumeaux et le nombre de DZ

La fréquence des dizygotes peut être influencée par les traitements hormonaux, la fécondation in vitro ou les inducteurs d’ovulation.

Elle varie en outre avec différents facteurs :

  • L'âge maternel :
    la fréquence augmente d’abord avec l’âge de la mère puis diminue après 37 ans
  • L'hérédité :
    les jumelles ont deux fois plus de grossesses gémellaires que les non jumelles
  • L’origine ethnique :
    on retient une fréquence plus grande dans certaines populations noires ou d'Amérique du Sud et plus faible chez les asiatiques.

A la différence des dizygotes, 8 ,les jumeaux monozygotes (MZ) sont issus du même ovule fécondé, ils proviennent de la division du même œuf. Ils ont donc le même patrimoine génétique et une identité morphologique et physiologique, au taux de mutations spontanées près. Ils sont forcément de même sexe et ont des caractères sanguins, entre autres, identiques.

Le taux des jumeaux monozygotes est assez stable : 3,5 à 5/1000 naissances (Philippe 1992)[114] influencé seulement par des facteurs héréditaires.

Le clivage de l’œuf peut se produire à différents stades du développement ; il survient en général avant le quatorzième jour de vie. En fonction du moment où la séparation a lieu, on distingue plusieurs situations intra-utérines qui tiennent notamment à la constitution des annexes et ont des retentissements sur la vie des fœtus.

Notes
1.

On entend par germains : enfants nés du même père et de la même mère (frères et sœurs germains)

8.