2.4.2. Relations aux autres.

Le jumeau partage ses échanges affectifs entre sa mère et son co-jumeau. L’intense communion affective avec le co-jumeau fait que, très vite, les échanges avec celui-ci deviennent le mode de communication prioritaire. Rapidement les jumeaux mettent en place un jargon qui leur est propre et un certain nombre de codes relationnels (cryptophasie selon l’expression de Zazzo) où les silences sont aussi chargés de sens. Ce code, propre aux jumeaux, notamment aux monozygotes, est très certainement à l’origine des fréquents retards ou troubles de l’apparition du langage, que rapportent Luria [96]ou Zazzo [167].

Les jumeaux constituent une entité à l’origine d’un certain retrait vis-à-vis du monde environnant. De plus leur ressemblance, en ce qui concerne les monozygotes, est source de confusion de la part de l’entourage qui les gémellise encore davantage.

La mère également peut accentuer la ressemblance entre ses enfants pour se donner l’illusion de n’avoir qu’un seul objet auquel s’identifier pour comprendre ses besoins. Il arrive également qu’elle en accentue les différences, favorisant l’identification à chacun des parents, ce qui peut offrir une issue à l’ambivalence des sentiments des jumeaux l’un envers l’autre.

La confusion par l’entourage peut être source de rébellion envers les autres et envers la condition gémellaire. Cette situation peut renforcer le désir d’individualisation chez les jumeaux, le besoin de chacun d’être reconnu unique, surtout chez les monozygotes; mais à l’inverse, elle peut aussi favoriser une sorte de complicité chez les jumeaux qui les isole encore davantage.

Il peut donc y avoir un déficit de la sociabilité chez les jumeaux et même des pulsions agressives, envers les autres ou envers le co-jumeau. A l’encontre de celui-ci on a déjà évoqué l’ambivalence des sentiments avec un refoulement et une négation des pulsions agressives très souvent.

Il faut noter que si, à la naissance, un des jumeaux est souvent “ dominant ” par rapport à l’autre, soit du fait d’une différence de poids et de taille, soit du fait de difficultés néonatales, plus souvent rencontrées avec le nouveau-né arrivé en second, la dominance ensuite est plutôt alternée : elle échoit à un moment donné à l’un ou à l’autre des partenaires (Zazzo, 1986) [166].

Ces éléments éclairent un peu la personnalité des jumeaux et il apparaît que la condition monozygote ou dizygote n’est pas, à elle seule, un facteur déterminant des particularités qu’on leur reconnaît.