3.1.3. Utilisation actuelle de la méthode des jumeaux

Les techniques de génétique moléculaire ont remplacé bien souvent l’usage de la méthode des jumeaux pour étudier certaines pathologies sous la dépendance d’un gêne à effet majeur.

En ce qui concerne les maladies mentales, par contre, leur transmission plus probablement polygénique et le rôle de l’environnement dans l’apparition de la maladie fait que l’on continue d’utiliser la méthode des jumeaux : les études les plus récentes concernent aussi bien la dépression, l’anxiété, les troubles de la lecture et du comportement chez l’enfant que la schizophrénie, la sécrétion du cortisol plasmatique, le parkinson ou l’épilepsie, sans que cette liste soit close.

Si la méthode, initialement, compare monozygotes et dizygotes, les plans d’analyse des données se sont toutefois diversifiés et il arrive plus fréquemment que l’on recherche un éventuel effet chorion en comparant ensuite les seuls monozygotes dichorioniques aux dizygotes, quand c’est pertinent, c’est à dire en présence d’une différence entre monozygotes monochorioniques et monozygotes dichorioniques.

Les études portant sur les seuls monozygotes ont également leur intérêt : certaines utilisent le co-jumeau monozygote comme contrôle ; d’autres s’intéressent aux couples de monozygotes discordants, généralement en regard d’une pathologie ; ces études recherchent alors les facteurs environnementaux, différents chez les deux co-jumeaux (souffrance néonatale ou traumatismes périnatals par exemple), qui peuvent expliquer la présence de l’affection chez l’un deux, ou bien elles recherchent la présence d’autres asymétries (au niveau des dermatoglyphes, en particulier).

Certains travaux envisagent l’étude de descendants de jumeaux monozygotes, notamment l’étude des descendants de jumelles comparés aux descendants de jumeaux ; la méthode consiste en la comparaison des différences intra-paires entre ces demi-germains, selon qu’ils sont des demi-germains maternels ou paternels. Un effet maternel correspond à une plus grande ressemblance des descendants de jumelles, (Rose et al., 1980, [128] notent un effet de ce type sur le subtest Vocabulaire du WISC mais pas sur le subtest Cubes).

On a également souhaité étudier la transmission de maladies, qu’on suppose liées à un ou plusieurs gènes, chez les descendants de jumeaux monozygotes, discordants pour le trouble que l’on considère. Si le risque d’être atteint est identique pour les descendants des jumeaux sains et pour les descendants des jumeaux atteints, ceci est en faveur d’une origine génétique du trouble.

On voit qu’il existe diverses applications et plusieurs variantes de la méthode des jumeaux qui reste donc, encore, largement utilisée, avec une diversification des plans d’analyse et des méthodes statistiques dont nous tiendrons compte ici.

En effet, dans notre travail, nous comparerons la ressemblance intra-paire des monozygotes à celle des dizygotes, en établissant les moyennes des différences intra-paires des deux classes, pour un certain nombre de paramètres qui caractérisent l’écriture. Nous aurons, au préalable, recherché l’éventualité d’une différence entre monochorioniques et dichorioniques, sur une population d’enfants pour lesquels nous disposons d’un diagnostic de chorion ; chaque fois que nous pourront retenir une différence significative, il conviendra de comparer seulement les monozygotes dichorioniques aux dizygotes ; les données de cette première étude nous permettront de mieux interpréter et de moduler nos résultats ultérieurs, en regard de nos hypothèses.