3.3. Discussion des résultats.

Concernant l’étude de la latéralité et des différences de performances main dominante-main non dominante, les résultats de l’étude préliminaire ne vont pas véritablement dans le sens des études antérieures qui ne montraient pas de différence significative entre monozygotes et dizygotes, aussi bien sur la latéralité que le niveau de performance pour des taches comme le tapping ou le pointillage. Toutefois, pour le test de pointillage qui se rapproche un peu de l’écriture, Carlier et al., 1996, [31] notaient des corrélations intra-classes beaucoup plus importantes chez les monozygotes, alors qu’elles étaient très faibles chez les dizygotes, ce que confirme notre étude.

Cependant nous ne nous sommes pas donné les moyens, dans l’ étude finale, d’explorer cette piste ni de rechercher un éventuel effet chorion. En effet, l’analyse de l’écriture de la main non dominante s’est révélée particulièrement laborieuse chez l’enfant ; elle nécessite beaucoup de temps et ne permet pas toujours d’effectuer une mesure satisfaisante des paramètres, du fait de ratures nombreuses et de l’enchevêtrement des lettres ; nous avons dû la différer à une étude ultérieure dont elle sera l’objet.

L’étude de l’effet chorion ne porte donc que sur la comparaison des paramètres de l’écriture. Il apparaît à l’issue de cette étude que l’écriture des enfants est très semblable, ce qui rend difficile la mise en évidence de différences significatives entre les groupes ; d’autant plus que les effectifs sont réduits, notamment en ce qui concerne les dizygotes.

Les résultats de l’étude préliminaire avaient montré que c’était surtout les écritures des garçons qui présentaient beaucoup de caractères communs, quel que soit le groupe

Les résultats obtenus, lors de l’étude préliminaire, s’ils ne montraient pas de différence significative entre monozygotes et dizygotes, étaient cependant plutôt favorables à une plus grande ressemblance des monozygotes, se manifestant chez les filles.

Ceci peut être la conséquence, comme on l’a vu, de l’influence du sexe, les écritures des filles étant plus différenciées que celles des garçons ; cependant, la ressemblance intra-paires des monozygotes peut être surestimée du fait de l’effet chorion s’exerçant sur certains paramètres.

En effet, l’étude de l’ensemble de la population, qui fait apparaître parfois une plus grande dissemblance des monozygotes, mais avec toujours aussi peu de résultats significatifs, présente surtout l’intérêt de mettre en évidence un effet significatif du type de chorion sur 5 paramètres et sur deux des facteurs de l’écriture.

Dans tous les cas, sauf un qui concerne la juxtaposition, l’effet chorion joue dans le sens d’une plus grande ressemblance des monochorioniques par rapport aux dichorioniques. Il concerne, outre la juxtaposition, l’importance des marges, la vitesse, la rapidité, et la direction des lignes.

Il convient de rappeler, à propos de la juxtaposition, qu’on ne pouvait retenir l’égalité des variances totales pour ce paramètre, ce qui doit nous rendre très prudente en regard de ce résultat.

Au niveau des facteurs, on retiendra la ressemblance significative des monochorioniques pour les deux derniers facteurs retenus par l’analyse factorielle, avec la même réserve pour le facteur 5 que pour la juxtaposition. Ces facteurs expliquent, à eux deux, 18.5 % de la variance totale.

On constate ici un effet chorion sur l’écriture qui va dans le même sens que celui retrouvé par plusieurs études sur l’efficience intellectuelle (Melnick et al., 1978 ; [101]), ou le développement cognitif (Spitz et al., 1996 {145] ; Beekmans et al., 1993 [9] ; Rose et al., 1981 [129]). Cependant E. Spitz ne retenait pas d’effet chorion concernant l’attention dans le test de Cornblatt et nous ne retenons pas davantage d’effet chorion pour le facteur 2 ni pour les paramètres de pression ou la différence entre Dim1 et Dim2, également en rapport avec l’attention.

L’effet de l’environnement intra-utérin, à travers le type de chorion, paraît donc jouer un rôle important sur certaines des fonctions qui interviennent dans l’élaboration de l’écriture, favorisant alors la ressemblance des monochorioniques. Cependant, il ne semble pas intervenir sur les paramètres en rapport avec l’attention.

Les différences significatives entre monochorioniques et dichorioniques n’affectent toutefois qu’un petit nombre de paramètres et pas les facteurs principaux issus de l’analyse factorielle.

Il nous apparaissait donc utile, à la suite de cette étude, d’envisager celle de l’écriture d’adultes, même si on ne pouvait espérer un diagnostic de chorion dans ce cas.

Les résultats concernant les filles pouvaient faire penser à une plus grande ressemblance des monozygotes pour certains paramètres quand on s’éloigne du modèle scolaire, ce qui devrait alors être confirmé par l’étude d’écritures d’adultes, plus différenciées.

Bien sûr, on ne peut ignorer l’existence d’un effet chorion, susceptible de majorer la ressemblance des monozygotes, pour les paramètres qu’il concerne, du fait que les monozygotes monochorioniques sont plus nombreux que les dichorioniques dans une population constituée au hasard. Nous devrons en tenir compte.

Nous n’attendons pas des ressemblances chez les monozygotes pour tous les paramètres de l’écriture. En effet, l’étude de l’écriture chez l’enfant révèle des paramètres pour lesquels il semble plutôt y avoir une plus grande ressemblance des dizygotes, notamment Dim1 mais aussi la vitesse et peut-être la pression moyenne, malgré le problème de l’inégalité des variances totales. Si l’étude chez l’adulte confirmait ces résultats, il nous faudrait rechercher d’autres causes possibles à la plus grande ressemblance des dizygotes ou la plus grande dissemblance des monozygotes pour ces paramètres.

C’est davantage pour les indices de forme, linéarité-surface, et de liaison ou de juxtaposition de l’écriture, que l’observation des résultats chez l’enfant, avec une ressemblance plutôt plus grande des monozygotes que des dizygotes pour ces paramètres, nous permet d’envisager la possibilité, chez l’adulte, de différences significatives, allant dans le sens d’une plus grande ressemblance des monozygotes.

La ressemblance des monozygotes pour le facteur de spatialité et pour la direction du graphisme, peut également faire attendre des résultats allant dans le sens d’une ressemblance significative des monozygotes pour certains paramètres en rapport avec ces facteurs.