Chapitre 2
La mise en scène de la mort . L'entre-deux-morts

I - Les Héritiers du Majorat ( Achim von Arnim )

Il peut apparaître paradoxal que, dans la liste publiée à la fin de 1931 ou au début de 1932 dans un catalogue de la librairie José Corti Lisez - Ne lisez pas , soient opposés sur la même ligne Hoffmann à ne pas lire et Arnim à lire . Peu de publications en français d'Arnim. Edition de 1856, Michel Levy frères, Paris, avec préface et traduction de Théophile Gautier fils, et surtout édition des Contes bizarres par les éditions des Cahiers libres à Paris, 19 juin 1933, avec une préface d'André Breton, qui réunit les textes de trois contes, Isabelle d'Egypte, Marie Melück Blainville et Les Héritiers du Majorat 147 .

Ce récit fantastique a été publié en Allemagne en 1820

L'histoire est tout entière tournée vers le passé, et renvoie à un monde fabuleux (eine Fabelwelt hinter uns ), un monde antérieur à la Révolution française.

‘Wir durchblätterten eben einen ältern Kalender, dessen Kupferstiche manche Torheiten seiner Zeit abspiegeln. Liegt sie doch jetzt schon wie eine Fabelwelt hinter uns! Wie reich erfüllt war damals die Welt, ehe die allgemeine Revolution, welche von Frankreich den Namen erhielt, alle Formen zusammen stürzte; wie gleichförmig arm ist sie geworden!148 ( Achim von Arnim, Sämtliche Romane und Erzählungen, Dritter Band, Die Majoratsherren Erzählung, p. 33 à 67, Carl Hanser Verlag, München, 1965. L'édition sera rappelée par l'abréviation SR III) SR III,p. 33 ’

Ainsi débute le récit multipliant les références à un passé partagé et l'ambiguïté d'un nous (hinter uns ), qui peut inclure le lecteur. Le terme Fabelwelt n'est pas sans rappeler les histoires entendues par l'enfant, qui semblent maintenant appartenir aux siècles passés. La place tenue par Callot dans Hoffmann est tenue ici par les dessins de Chodowiecki.

Notes
147.

Point du jour , André Breton, Oeuvres complètes , Pléiade, Vol. 2, Notes p. 1505 et sq.

148.

Point du jour , André Breton, Oeuvres complètes , Pléiade, Gallimard, Vol. 2, Notes p. 1505 et sq.