4 - La mort annoncée et l'Ange de la mort

Le beuglement d'un taureau transfère le Maître du Majorat sur une autre scène, ou plutôt lui fait localiser un autre espace où se déroule une scène étrange.

‘Diesem Gebrüll ging der Majoratsherr im Hause nach, und erblickte durch ein Hinterfenster beim Schein des aufgehenden Mondes, auf grüner mit Leichensteinen besetzen ummauerten Fläche, einen Stier von ungeheurer Grösse und Dicke, der an einem Grabsteine wühlte, während zwei Ziegenböcke mit seltsamen Kreuzsprüngen durch die Luft sich über sein Wesen zu verwundern schienen.163 (SR III, p. 43)’

Le Maître du Majorat se trouve en présence d'un tableau digne de Chagall, découpé comme dans un cadre, avec une double clôture, le cadre de la fenêtre, et la clôture des murs, le monde des morts est bien séparé du monde des vivants. La scène ( remue-ménage des bêtes) est moins importante que le lieu, qui fait irruption dans le récit, et forme une sorte de diptyque avec la vision céleste précédente. L'explication donnée par la gouvernante, explication rationnelle, introduit un élément étrange qui englobe le Maître du Majorat, et Esther dans le monde des morts :

‘Die Frau trat ans Fenster und sagte : "Ich sehe nichts, als die Majoratsherren der Juden, das sind die erstgebornen Tiere, welche sie nach dem Befehle ihres Gesetzes dem Herrn weihen, die werden hier köstlich gefüttert, sie brauchen nichts zu tun; wenn sie aber ein Christ erschlägt, so tut er denn Juden einen rechten Gefallen, weil er ihnen die Ausgabe spart."- "Die unglücklichen Majoratsherren", seufzte er in sich,"und warum haben sie Nachts keine Ruhe?"- "Die Juden sagen, dass einer aus der Sippschaft stirbt, wo sie Nachts so wühlen am Grabe", antwortete die Frau ; "hier wo dieser wühlt, ist der Vater der Esther, der grosse Rosstaüscher, begraben."164 (SR III, p. 43)’

Nous sommes mis en présence d'une mystérieuse correspondance et unité qui cimente bêtes et hommes. La désignation Majoratsherr est donnée par les Juifs aux premiers nés des animaux. Les hirondelles prennent en charge le désir du maître du Majorat, en établissant leur nid. devant la fenêtre d'Esther.165 ‘Es war ihm zu Mute, als ob er sich selbst da anbaue, als hänge sein Glück da von ab, dass sie fertig würden’ . 166 (SR p. 44)

‘"O Gott nein’ ". Ce refus qui suit le begraben met en évidence les simulacres de la mort, réunissant le Maître du Majorat figuré ici par son double animal, les pierres tombales, la terre remuée, la nuit, autour du nom même d'Esther. Tout est fait pour paraître vrai, observable par d'autres, mais les paroles de dénégation du Maître suggèrent l'existence d'un autre sens à déchiffrer. Le cousin, par son application à aider le jeune homme dans son projet, - pouvoir jouir de la vue et de la présence d'Esther, sans être vu, - lui permet, en faisant une partie du chemin avec lui, d'avancer dans son parcours. Le rêve où apparaît Esther n'est pas montré, mais raconté, quand il est intégré et accepté par le sujet : du non explicite au oui non dit, mais passé dans le discours.

‘Meine guten schützenden Engel sind vertrieben, dachte der Majoratsherr.Ich soll sie sehen, meinen Todesengel, soll den ganzen Traum durchleben, der mich plagte; denn eins ist schon erfüllt, was ich im Schlafe sah. - "Warum so traurig, Vetter?" fragte der Leutnant. - "Ich habe unruhig geschlafen", antwortete der Majoratsherr, "und mir traümte von der Esther, dass sie mein Todesengel. Närrisches Zeug! Ihr Kleid hatte unzählige Augen, und sie reichte mir einen Schmerzensbecher, einen Todesbecher, und ich trank ihn aus bis zum letzten Tropfen!" 167 (SR III, p. 45)’

Ich soll, ich soll , le maître du Majorat confirme son programme, où il inclut la mort. Il n'appartient plus au monde des vivants, au monde "réel", mais se déplace dans un univers singulier et effrayant, modelé par sa vision, 168 qui le fait frissonner. ‘Ihm war's, als wären die hohen hölzernen Häuser nur aus Pappdeckeln zusammen gebaut, und die Menschen hingen wie ein Spielzeug der Kinder an Fäden, und regten sich, wie es das Umdrehen der grossen Sonnenwalze ihnen geboten’.169 (SR III, p. 46)

Tout, autour de lui, devient décor, on se perd dans une réalité déformée, extravagante, où toutes choses, tous les êtres sont brouillés. Au lieu d'Esther, il trouve une vieille juive, ein grimmig Judenweib, ‘mit einer Nase wie ein Adler, mit Augen wie Karfunkel, einer Haut wie geraücherte Gänsebrust, einem Bauche wie ein Bürgermeister . ’ 170 (SR III, p. 46) Quand il sort de la boutique, elle le poursuit , un corbeau sur la tête. Corbeau, ou châle noir aux longues pointes? De la bouche de la vieille juive, sort un affreux croassement de corbeau, ‘ein fürchterliches Rabengekrächze aus dem Munde’ . En fait, il s'agit de mots injurieux à demi hébraïques et d'un dialecte grimaçant. La voix antécède et séparée du corps repousse, ou permet la reconnaissance : c'est la voix d'Esther que le Maître du Majorat reconnaît comme familière avant de reconnaître Esther. C'est encore sa voix qui met en espace l'Ange de la Mort. Esther est marquée par une pâleur douloureuse, et quelque chose d'effacé dans son visage annonce sa vocation nocturne et funèbre. ‘Auch ihre Augen schienen dem Lichte zu schwach’ .171 (SR III, p. 47) La jeune fille, qui le frappe plus nettement encore que quand il l'a vue par la fenêtre par sa ressemblance avec sa mère, prononce des paroles qui sont ce que le jeune homme a vu en songe. ‘Wer weiss, wer zuerst den bittern Tropfen des Todesengels kosten muss! ’ 172 (SR III, p. 47) La voix non seulement déploie les ailes de l'Ange, elle fait entendre leur bruissement. ‘Der Majoratsherr meinte einen Todesengel nicht nur fliegen zu sehen, sondern auch sein Flügelsausen zu hören : "Wie schrecklich seine Flügel sausen!""’ 173 (SR III p; 47)

Le cousin a appris l'hébreu, pour le commerce. L'hébreu, pour le maître du Majorat, est la langue mythique, la langue sacrée, qui lui permet de s'échapper dans les vieux livres, ‘"langue inouïe d'une multiforme bibliothèque"’ 174Les livres et les légendes que le cousin a collectionnés et enfermés dans une armoire (comme il a collé et découpé les armoiries) s'ouvrent vivants pour le maître du majorat. La découverte de la langue hébraïque lui permet de rêver une autre culture, une autre religion.

‘So sah der Majoratsherr beim Lesender der alten Bücher in seinem Zimmer alle Patriarchen und Propheten, alle Rabbiner, und ihre wunderlichen Geschichten aus den Sagenbüchern hervorgehen, dass die Stube zu eng schien für die ungeheure Zahl. Aber der Todesengel schlug sie endlich alle mit seinen Flügeln hinweg, und er konnte sich nicht satt lesen an seiner Geschichte. 175 (SR III, p. 48)’

Le maître du Majorat a un rapport particulier avec la langue et les livres, il voit et entend ce qui est tapi dans la langue, dans une communication directe. C'est une réactivation de la langue et de la Parole, sans passer par la médiation de la lecture, qui lui permet de retrouver la Vision enfouie sous la Parole. De l'âme, à l'âme. Le Verbe se fait chair.

Le texte hébraïque donne au maître du Majorat l'explication de ce qu'il a vu chez Esther, et dans Esther. La connaissance de l'Ange de la mort au travers de sa lecture éclaire symboliquement les événements récents de sa vie et leur donne un sens. Il comprend, en disposant du modèle retrouvé dans les livres sacrés, qu'Esther est une figure de la Mort, elle est sa propre mort.

‘Lilis war die Mitgeschaffene Adams im Paradiese; aber er war zu scheu und sie zu keusch, und so gestanden sie einander nie ihr Gefuhl, und da erschuf ihm der Herr im Drange seines Lebens ein Weib aus seiner Rippe, wie er es sich im Schlafe traümte. Aus Gram über diese Mitgenossin ihrer Liebe, floh Lilis den Adam, und übernahm nach dem Sündenfalle des ersten Menschen das Geschäft eines Todesengels, bedroht die Kinder Edens schon in der Geburt mit Tod, und umlauert sie bis zu dem letzten Augenblicke, wo sie den bittern Tropfen von ihrem Schwert ihnen in den Mund fallen lassen kann. Tod bringt der Tropfen, und Tod bringt das Wasser, in welchem der Todesengel sein Schwert abwäscht 176 (SR III, p. 48)’

Il reconnaît dans Lilith l'image de la femme aimée, l'image d'origine, la forme primitive. Lilith "double" Eve. Eve, née du désir d'Adam, représente son désir de vie. Lilith se charge du rôle d'ange de la mort. Si on reprend, à partir d'un modèle unique les différentes figures intervenues jusqu'ici dans la narration, on retrouve, sous un obscur sentiment de ressemblance, donné dès que le Maître du Majorat demande la chambre d'en face à son cousin, le trait commun de la mort : la mère est morte, la vision présente la petite figure d'Esther comme les croyances primitives présentaient l'âme, Esther dans le magasin est décrite comme une fille de la nuit, d'une pâleur douloureuse. Confondue avec Eve et Lilith, elle assure pour lui le rôle actantiel d'ange de la Mort. ‘"Jeder Mensch , dit le Maître du Majorat, fängt die Welt an, und jeder endet sie. Auch ich liebte scheu und fromm, eine keusche Lilis, sie war meine Mutter; in ihrer ungeteilten Liebe ruhte das Glück meiner Jugend. Esther ist meine Eva, sie entzieht mich ihr, und gibt mich dem Tode hin !"’ 177 (SR III, p. 49) L'amour d'Esther (qui est aussi l'amour de la mère) , objet tant désiré, comprend les deux termes contradictoires de vie et de mort.

Le maître du Majorat oscille entre les deux aspirations, et veut éliminer la mort. Il change d'espace, comme si la maison du cousin -avec la chambre-était le lieu de la mort- et quitte la maison, mais la rue, espace ouvert, ne lui offre aucun refuge, et devient, à la tombée du jour un espace de mort.

‘Er hielt es nicht aus bei dem Anblick des Todesengels, den er immer hinter sich lauernd zu schauen glaubte; er eilte auf die Strasse im Mantel verhüllt, um sich an dem Nachhall des Tages zu zerstreuen. Endlich setzte er sich ermüdet hinter das Fussgestell einer Bildsaüle, die in der Nische eines hohen Hauses stand, und sah den heiligen Laüfern zu, die mit Fackelglanz einem rollenden Wagen vorleuchteten; die Lilis zog hinter ihm her. Jubelnde Gesellen zogen lärmend aus der Trinkstube nach Hause, und klapperten noch mit den Nägeln gegen die Saiten, die sie so lange hatten schwingen lassen; aber auch ihnen zog der Todesengel nach, und - blies sie an aus einem Nachtwächterhorn. Und es wurden der Todesengel so viele vor seinen Augen, dass sie zu einander traten, und paarweis wie Liebende nebeneinander gingen in traulichen Gesprächen.178 (SR III, p. 49)’

La reversibilité est assez étonnante : comme Esther est devenue l'Ange de la mort, les Anges de la mort qui vont deux par deux, tels des amants, peuvent lui enseigner comment parler d'amour à Esther. Contamination d'amour et de mort. L'espace ouvert qu'il choisit -la rue au lieu de la chambre- l'espace vide se fait piège, traquenard, avec multiplication de la figure qu'il veut fuir (des anges de la mort en si grand nombre devant ses yeux ), et le ramène à la chambre179.

Notes
163.

"Le maître du majorat s'en fut dans la maison à la recherche de ce beuglement, et aperçut, par une fenêtre de derrière, à la lueur de la lune qui se levait, dans une surface verte enclose de murs et garnie de pierres tombales, un taureau d'une taille et d'une épaisseur colossales, qui fouissait le sol près d'une pierre tombale, tandis que deux boucs, faisant en l'air des entrechats bizarres, semblaient s'étonner de lui." ( H. T. p. 777) On peut sans doute rapprocher ce rôle joué par la fenêtre du rôle joué par la vitre dans les tableaux de Francis Bacon.

164.

"La femme s'approcha de la fenêtre et dit : "Je ne vois rien, que les maîtres du majorat des juifs, c'est à dire les premiers-nés de leurs animaux que selon le commandement de leur foi ils consacrent au Seigneur; ces animaux sont excellemment nourris, ils n'ont rien à faire; mais si un chrétien les tue, il fait bien plaisir aux juifs, car il leur épargne la dépense. -- Infortunés majoritaires, soupira-t-il à part soi. Et pourquoi ne se tiennent-ils pas tranquilles la nuit? -- Les juifs disent que quand les animaux fouissent la nuit près d'une tombe, quelqu'un de la famille dont c'est la tombe est mourant, répondit la femme. Là où cette bête fouine, c'est le père d'Esther, le grand maquignon qui est enterré."(Romantiques allemands II, p. 778)

165.

Le cinéma marque la nature et les animaux d'une sorte de pressentiment du drame qui va se jouer, en utilisant les gros plans insérés dans un montage parallèle, montage qui concourt à montrer la part prise par le monde végétal et animal au drame humain en train de se jouer. Le montage fait communiquer les images entre elles. En peinture, Francis Bacon utilise souvent des ombres animales, émergeant des hommes. "J'aimerais que mes tableaux donnent l'impression qu'un homme s'y est faufilé comme un escargot, y laissant une traînée de présence humaine, et le souvenir des événements passés comme l'escargot laisse sa traînée de bave."(1952)

166.

"Il avait comme le sentiment que c'était lui-même qui s'établissait là, et que son bonheur dépendait de l'achèvement de leur tâche."

167.

"Il faut que je la voie, elle, mon ange de mort, il faut que je vive du commencement à la fin tout le rêve qui m'a tourmenté; car une chose que j'avais vue dans mon sommeil s'est déjà accomplie. - Pourquoi si triste, mon cousin? demanda le lieutenant. - J'ai mal dormi, répondit le maître du majorat, et j'ai rêvé d'Esther : elle était mon ange de la mort. Quelles extravagances! sa robe portait des yeux innombrables, et elle me tendait une coupe de douleur, une coupe de mort, et je la vidais jusqu'à la dernière coupe!"(Romantiques allemands , II,p. 779)

168.

Les stylisations expressionnistes, soulignent et font ressortir avec excès les contours d'un objet ou les détails d'un décor.

169.

"Ce dernier ne put s'empêcher de frissonner; il lui semblait que les hautes maisons de bois fussent faites uniquement de plaques de carton, et que les gens fussent suspendus à des fils comme des jouets d'enfants, s'agitant comme le leur commandait la rotation du grand tambour solaire."(Romantiques allemands ,II, p. 780)

170.

"Une juive renfrognée au nez d'aigle, aux yeux d'escarboucle, la peau comme une poitrine d'oie fumée, et un ventre de bourgmestre." (Romantiques allemands , II, p. 780)

171.

"Il semblait aussi que ses yeux fussent trop faibles pour la lumière." (Romantiques allemands , II, p. 781)

172.

" Qui sait à qui l'ange de la mort tendra d'abord la coupe d'amertume!"(Romantiques allemands , II, p. 782)

173.

Le maître du majorat crut non seulement voir passer dans l'air un ange de la mort, mais entendre, dit-il, le bruissement de ses ailes : "Quel terrible bruit font ses ailes!"(Romantiques allemands , II, p. 782)

174.

Borges, Fictions, La Bibliothèque de Babel , Oeuvres complètes, Pléiade, p. 494

175.

"Le maître du Majorat, lisant les vieux livres, vit s'avancer dans sa chambre, sortis des légendes, tous les patriarches et les prophètes, tous les rabbins avec leurs étranges histoires, tant et si bien que la foule était trop petite pour leur foule immense. Mais l'ange de la mort les frappa tous de son aile et les emporta pour finir, et le maître du majorat poursuivait sa lecture sans jamais se rassasier."(Romantiques allemands , II, p. 783)

176.

"Lilith avait été créée dans le paradis en même temps qu'Adam, mais il était trop timide et elle trop pudique, aussi ne s'avouèrent-ils jamais leur sentiment l'un à l'autre, aussi le Seigneur leur créa-t-il dans son désir de vie, une épouse tirée de sa côte, et telle qu'Adam la rêvait dans son sommeil. Par dépit de cette compagne venue partager son amour, Lilith s'enfuit loin d'Adam et, après la chute du premier homme, elle se chargea du rôle d'ange de la mort; c'est elle qui, dès leur naissance, menace de mort les enfants d'Eden et qui les épie jusqu'à ce dernier instant où, de son glaive, elle laisse tomber dans leur bouche la goutte amère. Cette goutte apporte la mort, et la mort apporte l'eau dans laquelle l'ange de mort lave son glaive. (Romantiques allemands , II, p. 783)

177.

"Tout homme commence le monde, et tout homme le finit. Moi aussi, j'ai aimé, timidement, dévotement, une pudique Lilith, c'était ma mère, en son amour indivisé gisait tout le bonheur de ma jeunesse. Esther est mon Eve, elle m'enlève à l'autre et me donne à la mort!" (Romantiques allemands , II, p. 783)

178.

"Il ne put supporter l'aspect de l'ange de la mort qu'il croyait toujours voir aux aguets derrière lui; il se hâta de descendre dans la rue, enveloppé de son manteau, pour se distraire aux échos du jour finissant. Enfin, harassé, il s'assit derrière le socle d'une statue qui se dressait sous l'arcade d'une haute maison et il regarda des laquais qui, brandissant des flambeaux, précédaient en courant une voiture; derrière cette voiture venait Lilith. De joyeux compagnons sortaient bruyamment de la taverne pour rentrer chez eux et frappaient encore de leurs ongles les cordes qu'ils avaient fait si longtemps vibrer; eux aussi, cependant, l'ange de la mort les suivait et les appelait en soufflant dans une trompe de veilleur de nuit et les anges de la mort furent en si grand nombre devant ses yeux, qu'ils s'abordaient mutuellement, et qu'ils allaient deux par deux, tels des amants, s'entretenant familièrement. "(Romantiques allemands , II, p.783, 784)

179.

L'Etudiant de Prague cherche ainsi vainement à fuir son double dans les rues étroites du vieux Prague.