II - Francis Bacon. Les figures du Double

L'exposition consacrée par le Centre Georges Pompidou en juin 1996 à une rétrospective des oeuvres de Francis Bacon s'inscrit dans une célébration qui met en lumière, s'il en était encore besoin, l'importance du discours sur l'oeuvre initié par les entretiens avec David Sylvester, textes constituant une sorte de reflet dans le miroir, dédoublement du peintre analysant avec des interlocuteurs privilégiés son mode de représentation.

Nous cherchons, en étudiant certains portraits et autoportraits réalisés par Francis Bacon, à reconnaître ce qu'il donne à voir des figures du double, soit en les inscrivant dans des dessins, dans des couleurs, dans des formes, dans des corps-figures sur la surface de la toile, soit en ouvrant, au contraire, un espace dont le vide suppose la présence, la rencontre d'un oeil qui se regarde lui-même. Cette quête peut difficilement ignorer totalement le discours, la rumeur visuelle, et ce qui a pu être dit, notamment par Bacon lui-même, mais, pour éviter de rester enfermé dans un détournement de l'image et des tableaux, de parler de la peinture comme d'un texte, on se propose de regarder seulement chaque tableau, ou chaque triptyque comme un dispositif de représentation, où le spectateur est appelé, de par la disposition de ce qui lui est donné à voir, à orienter son regard et à chercher le pourquoi des formes assemblées.