L’UNIVERSITÉ LUMIÈRE LYON2
LETTRES ET ARTS
Les danses macabres et leurs métamorphoses (1830 - 1930)
20 Mai 2000
jury :
M. Robert FAVRE, Professeur Emérite de l’Université Lumière/Lyon 2, Directeur de Thèse,
M. René BOURGEOIS, Professeur Emérite de l’Université Grenoble 3,
Mme Danielle CHAUVIN, Professeur à l’Université Grenoble 3,
M. René-Pierre COLIN, Professeur à l’Université Lumière/Lyon 2,
M. Pierre MICHEL, Professeur Emérite de l’Université Lumière/Lyon 2.

Résumé

Ce travail s’appuie sur les danses macabres médiévales et porte sur les oeuvres auxquelles elles ont donné naissance. Le macabre redevient un sujet à la mode avec le romantisme noir, il sera également exploité pour dénoncer les horreurs de la Première Guerre mondiale. Notre corpus de textes couvre donc les années 1830-1930. En mettant en relation les danses anciennes et contemporaines nous cherchons à définir et à comprendre la spécificité de chaque oeuvre. Nous étudions les textes mais nous faisons parfois référence à la peinture, à la musique, à la danse et au cinéma.

L’étude des oeuvres médiévales nous permet de cerner l’origine des danses et d’en donner une définition. Le succès de ces oeuvres, alliant différents arts, s’explique par l’universalité de leur message : égalité de tous devant la mort et puissance de cette dernière. Certains auteurs (Thierry, Hoyau ...) reconstituent les oeuvres originelles. D’autres (Jouve, Mac Orlan, Spire ...) s’en inspirent pour dresser un portrait satirique de la société. Les squelettes des premières danses se fondent en un seul personnage, la mort devient peu à peu spectatrice de la folie meurtrière des hommes. Sous la plume de Gautier, Cazalis, Baudelaire ... la mort se pare de caractéristiques féminines et allie l’horreur à la beauté. S’inspirant du sabbat, des légendes populaires et de la « Ballades des pendus » de Villon, la danse macabre change de couleur. Dans une atmosphère fantastique les morts se lèvent pour danser seuls, un personnage est témoin de leurs ébats. Cultes sataniques et légendes populaires sont à l’origine d’un nouveau sabbat qui pose le problème du repentir et la question de l’existence de Dieu. Fagus, Gautier, Nerval, Flaubert ... ont ainsi exploité le motif chorégraphique, il leur a permis de faire défiler des figures mythiques qui nous font part de leurs expériences. Transposant cette vision de l’Enfer dans notre vie, Poe, Balzac, Musset, Verlaine ... font entrer la Mort au bal et l’invitent à participer au Carnaval. Beauté, amour et richesse sont mis à mal par la maladie et la mort. En effet, le masque permet aux hommes de farder la réalité alors que le jeu des inversions leur montre des vérités cachées. Lorsque la mort quitte la farandole pour s’approcher de lui ou qu’il surprend le ballet des ombres, le spectateur ne sait plus si le monde qu’il côtoie appartient au rêve ou à la réalité.

Abstract

This essay is based on the mediaeval dances of Death and deals with the works they gave rise to. With the « Romantisme noir » the macabre was back in fashion and it was to be used later still to expose the horrors of World War I. This is the reason for our choice of texts which encompasses the period 1830 to 1930. By comparing mediaeval dance to modern dance we try to define and understand the specificity of each work. We focus chiefly on the text but we also make reference to music, dance and film.

The study of medieval works allows us to determine the origin of the dances and to give a definition of them. The success of these works, which combine different arts, can be explained by the universality of their message : equality before death and the power of death. Some authors (Thierry, Hoyau ...) take their inspiration from them to draw a satirical painting of society. The skeletons of the primordial dances of death merge into one character ; little by little Death becomes the spectator of men’s murderous madness. With Gautier, Cazalis, Beaudelaire ... Death decks himself in feminine features and unites horror to beauty. Taking its inspiration from the sabbath, from popular legends and from Villon’s « Ballades des Pendus » the dance of death changes : in a Gothic atmosphere the dead stand up and dance alone, while a human character witnesses their transports. Satanic cults and old legends give birth to a new sabbath which establishes the problem of the human guilt and the question of the existence of God. The author of the essay is arguing that Fagus, Gautier, Nerval, Flaubert have exploited the choreographic pattern : mythological figures who tell us of their experiences march past. The thesis is that Poe, Balzac, Musset, Verlaine ... transpose a vision of Hell into our life and by so doing they let Death in to the dance and invite him to participate in the Carnival. Beauty, love, wealth are defiled by illness and death. Indeed, the mask allows men to disguise reality while, at the same time, the games of inversion show them hidden truths. When Death leaves the farandole to come near, or when he catches a glimpse of the ballet of the shades, the spectator no longer knows whether the world he is close to belongs to fantasy or reality.

Mots-clés : Danse macabre et danse des morts - Portrait de la société de 1830 à 1930 - Mort et vie - Danse et musique - Masques, bals et carnavals - Amour, mort et beauté - Mesnie Hellequin, revenants, sabbat - Religion et nihilisme.