II. 3. L’origine des fresques.

II.3.1. L’origine antique.

Monsieur Pottier, à la suite d’autres chercheurs, a proposé une origine antique de la danse des morts. Il nous parle notamment d’un cathare de terre cuite émaillée, conservé au musée du Louvre, sur lequel « sont modelés en faible relief sept squelettes dans des attitudes de danseurs 184». Quatre squelettes tiennent un thyrse, deux autres dansent et un autre élève de la main gauche une nébride dont la queue et les griffes pendent vers le bas.  M.L.A. Louis mentionne l’existence d’une « sardoine antique sur laquelle est gravé un squelette dansant devant un paysan assis et jouant de la flûte et les sarcophages du lac de Liscola, près de Cumes, sur lesquels des bas-reliefs représentent des cadavres décharnés dans des attitudes de danse 185». Des lampes de terre cuite, des pierres gravées représentent le même sujet ; cependant, leur ressemblance avec les danses médiévales est purement formelle puisque ces objets sont ornés de thèmes bachiques. « Ces danses macabres n’étaient point faites pour amener dans l’âme des pensées austères et pour montrer la mort toujours prête à saisir les vivants. Si l’idée fondamentale était bien celle de la fragilité humaine, on engageait les convives grecs et romains à en tirer cette conclusion qu’il faut s’amuser le plus possible, pendant qu’on est sur la terre. L’élément bachique et orgiaque, qui est ici plus fortement marqué que partout ailleurs, précise cette signification. 186» Les danses macabres du moyen âge répondent à une conception chrétienne de la mort. « Dans l’Antiquité, les idées païennes sur l’au-delà, la moralité particulière de cette époque, ne représentaient pas la mort comme une chose terrible ; le squelette que l’on rencontre parfois dans certaines fêtes bachiques - comme par exemple dans le festin de Trimalcion, décrit par Pétrone - n’est pas destiné à montrer aux convives l’horreur de la mort, mais, plus aimablement, à leur rappeler que la vie est courte et fragile et qu’en conséquence il faut se hâter d’en jouir au maximum, comme le dit une inscription en caractères grecs accompagnant une tête de mort antique : « Bois, mange et couronne-toi de fleurs, car c’est ainsi que nous serons bientôt. » Chez les anciens, jamais le squelette n’a été le symbole de la mort en tant que divinité fatale ; la mort était figurée par les Parques, qui n’avaient rien de terrible, ni de répugnant. 187»

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Fin de ’La danse macabre’ de l’église de le Ferté-Loupière.(Fin XVe, début XVIe siècle) Peinture murale.
Notes
184.

POTTIER E., « La danse des morts sur un cathare antique », Revue archéologique, 1902, p. 5.

185.

Op. cit., p. 124.

186.

POTTIER E., op. cit., p. 6.

187.

LOUIS M.L.A., op. cit., p. 124.