CHAPITRE III : LES MULTIPLES MESSAGES DES DANSES.

Les textes des danses des morts commencent toujours par les propos d’un prédicateur et se présentent donc sous la forme de sermons. « Les textes en langue vulgaire destinés aux foules usent de procédés que l’on qualifierait aujourd’hui de médiatiques. Cela est surtout net dans le texte français [celui édité par Guyot Marchant]. Ainsi sur les 480 vers attribués aux vivants et aux morts, pas moins d’une soixantaine énoncent des proverbes ou des sentences en forme de proverbes, surtout en fin de strophe. Ainsi le marchand confesse : « Qui trop embrasse, peu estreint », le curé : « A toute peine est dû salaire », le médecin : « Contre la mort n’a médecine », l’amoureux : « Petite pluie abat grand vent ». Certains de ces proverbes jouent le rôle de nos slogans. 724» Les danses macabres avaient donc pour but de transmettre un message social et religieux tout en faisant référence à la culture populaire. Elles poussaient les hommes à se tourner vers Dieu et à délaisser les faux plaisirs terrestres, elles condamnaient notamment l’attachement aux richesses. Mais, en tout premier lieu, la danse fut porteuse d’un message social : la mort frappe sans distinction d’âge, de sexe ou d’état et proclame l’égalité de tous les hommes. La satire sociale, en germe dans les oeuvres les plus anciennes, vise les distinctions de rang et condamne le prêt à intérêt, les revenus illicites ou excessifs.

Se plaçant dans la droite ligne de ces oeuvres, les danses « contemporaines » vont dénoncer les avatars de la société « moderne » : exploitation du peuple, pouvoir de l’argent, inutilité de la guerre, corruption politique, lâcheté des meneurs... de nombreux vices humains vont être passés au crible de la critique. Ces multiples remises en question amènent nécessairement à une prise de conscience et aboutissent à une recherche spirituelle. Renouant une fois encore avec le sens profond des danses, porteuses d’un message religieux, ceux qui s’en sont inspirés posent la question de l’existence de Dieu. Enfin, plusieurs auteurs ne manquent pas de montrer par quelques détails, semés comme des indices dans leurs oeuvres, qu’ils sont redevables envers les danses médiévales.

Notes
724.

CORVISIER A., op. cit., p. 24.