TROISIEME PARTIE
LE SABBAT DES TREPASSES

Au contraire des textes précédents qui prenaient appui dans la réalité en dressant un portrait de la société ou en dénonçant les vices de leur temps, les oeuvres que nous allons maintenant aborder ont toutes en commun de puiser aux sources de la légende ou du mythe.

La danse macabre de Fagus, La danse des morts de Flaubert, La Comédie de la Mort de Gautier, La danse macabre au XIX e siècle de Ducos du Hauron font revivre des personnages mythiques comme Faust, Don Juan ou le Juif errant ; « La danse des morts » de Nerval, Le grand portail des morts de Barrault, « La maison des morts » d’Apollinaire font renaître les morts de leurs cendres ; « La  danse macabre » de Normand et « La fête des morts » de Brizeux nous convient à assister aux danses des trépassés. Enfin, « Effet de nuit » de Verlaine, « Cauchemar » de Gautier, Gringoire de Banville, Le souper des pendus de Nerval et « Le bal des pendus » de Rimbaud nous initient au sabbat.

Ces textes nous plongent dans un univers nocturne sur lequel plane très souvent l’ombre de Satan, les emprunts aux légendes populaires transforment les danses médiévales en de gigantesques sabbats des trépassés et teintent la « ballade des pendus » d’éléments surnaturels. Les danses des morts ont changé de couleur, ce ne sont plus les vivants qui sont happés sans crier gare par la mort ou par d’étranges momies qui se sont levées de leur cercueil pour les entraîner dans leur ronde ; les morts, appelés par un personnage satanique ou par l’un d’entre eux, sortent de leur tombeau pendant la nuit et se livrent à des danses parfois orgiaques. Ils ne viennent plus troubler les vivants dans leurs occupations mais ils se remémorent leur vie terrestre. Nous avons choisi de ne pas dissocier l’étude de ces danses des morts de celle de la ballade des pendus car ces dernières font également appel à des thèmes sabbatiques. Ces deux types de textes ont en commun de dérouler leurs histoires sur un fond nocturne et musical.