II. Le réveil des morts.

Les danses macabres médiévales ne nous décrivent jamais comment les morts sortent de leur tombe, tout au plus certaines représentations exploitent-elles l’image de la maison des os. Nous voyons à Bâle quelques squelettes sortir de l’ossuaire où les os de toutes les parties du corps s’entassent. Holbein dessine un squelette qui prend appui sur sa jambe droite pour franchir le muret qui le sépare des ossements - entassés dans le charnier - de ses compagnons musiciens ; derrière lui, un autre squelette semble prêt à le suivre, mais nous ne voyons jamais un mort sortir de terre ou un squelette en train de se recomposer. Une seule représentation joue avec le thème : dans une des illustrations de la danse des morts extraite du Liber Chronicon de 1493, quatre morts - deux squelettes et deux momies dont l’une est habitée par de gigantesques lombrics - dansent énergiquement autour d’une tombe au point de se désarticuler ! Dans la fosse, un mort recouvert de son linceul salue ses compagnons et entreprend de se lever. Toutes les danses que nous avons rencontrer jusqu’à présent ne nous montrent quant à elle que des morts qui ont déjà quitter leur cercueil. C’est dans cette faille du récit et de la représentation picturale que les auteurs des danses « contemporaines » vont se faufiler, ils vont nous faire assister au réveil des morts... pour cela, ils vont exploiter les croyances populaires.