Le thème du sabbat dont certains éléments peuvent être mis en parallèle avec celui de la danse macabre, va être exploité par les auteurs des danses afin de renouveler le motif et de l’adapter aux nouvelles préoccupations de l’époque. Le retour du thème du sabbat au XIXe siècle ne doit pas étonner, il a en fait émergé, comme celui des danses, après avoir été refoulé pendant de nombreuses années. « C’est à partir de l’époque romantique, une fois complètement démystifiés les procès de sorcellerie, que l’opinion s’intéressa de plus près à la réalité cachée du sabbat, tout en posant le problème de la sorcellerie sous son aspect culturel. L’engouement des Romantiques pour le moyen âge, longtemps méprisé par les Classiques, et pour toutes les civilisations dites « barbares », n’allait pas sans provoquer la réhabilitation de tout ce qui avait été rejeté, de tout ce qui avait été maudit durant la période précédente. En outre, on commençait à se pencher sur les traditions populaires, longtemps considérées comme des enfantillages, et que l’on jugea de plus en plus dépositaires de secrets perdus ou occultés. Il n’en fallait pas plus pour faire du sorcier, et surtout de la sorcière, des sortes de grands prêtres héritiers d’une religion archaïque qui n’avait pu se maintenir que dans la clandestinité. 1189» Comme dans toute religion, et nous pouvons en effet accepter que le sabbat ait une portée religieuse puisque ses participants vouent obéissance et respect à un être qu’ils considèrent comme supérieur, Satan ; les réunions des membres se déroulent selon un rituel bien précis : danse, musique, banquet et orgies sexuelles rythment la cérémonie nocturne. Ce sont ces motifs que nos auteurs ont choisi de reprendre pour les adapter au cadre finalement assez strict des danses.
GINZBURG Carlo, Le sabbat des sorcières, traduction de Monique Aymard, Saint-Amand : Nrf, Gallimard, 1992, pp. 7-8.
MARKALE Jean, Les mystères de la sorcellerie, Saint-Amand-Montrond : Gérard Watelet, 1992, p. 259.