2.3.2. L'objet anthropologique.

Une telle science prend comme objet d’investigation des unités de faible ampleur « à partir desquelles elle tente d’élaborer une analyse de portée plus générale, appréhendant d’un certain point de vue la totalité de la société où ces unités s’insèrent » 52 . L’anthropologue choisit en effet d’observer prioritairement des réalités humaines restreintes, qui lui donnent la possibilité de lire et d’interpréter l’inscription concrète des hommes dans leur milieu naturel et culturel. Les formes et les productions de la vie sociale et culturelle, dans ces communautés humaines d’étendue limitée, apparaissent à l’analyse, dans leur cohérence et dans leur cohésion face à l’extérieur, comme la marque inscrite d’une culture. Cette réalité, ainsi appréhendée dans son environnement immédiat, pourra être considérée comme un « fait social [et culturel] total » 53 , c’est-à-dire comme un système homogène et structuré, mettant en oeuvre les différents aspects de l’inscription de l’homme dans le monde réel. A travers leur rapport à la nature, à travers les codes et les lois qu’ils s’imposent, les hommes d’une même communauté manifestent une même vision du monde et produisent un même univers ethno-culturel qui se signale dans sa singularité.

Par ailleurs, les unités retenues comme objet de l’investigation ne sont pas choisies au hasard. Si, en effet, par un ou plusieurs de leurs caractères, ces réalités présentent une spécificité et une autonomie par rapport aux unités supérieures en généralité, elles n’en offrent pas moins des traits qui les rapprochent du niveau général ou qui révèlent, par contraste et par écart, l’existence d’une norme à cet autre niveau.

Notes
52.

Augé (Marc), Symbole, fonction, histoire. Les interrogations de l'anthropologie, Paris, Hachette, 1979.

53.

Mauss (Marcel), Sociologie et anthropologie, Paris, PUF, 1950, p. 274.