2.4.2. Récurrence du fait anthropologique.

Un tel fait, pour être significatif, doit pouvoir être observé de façon répétitive. Cette récurrence, qui signale à l’observateur la présence du fait, l’amène à postuler son caractère systématique, et lui laisse supposer l’existence d’un système. C’est ainsi que, dans son Essai sur le don, Marcel Mauss remarque la tendance générale, chez les populations polynésiennes et mélanésiennes, à restituer les objets ou les services reçus en dons. Une telle répétition du fait conduit l’anthropologue à la considérer comme un phénomène ayant force de loi et à découvrir à travers cette obligation de rendre les dons reçus l’un des caractères de ce système ethno-culturel. Mais ce trait n’est pas propre aux seuls échanges d’objets ou de services, ni n’est spécifique, d’ailleurs, à ces seules populations. Il peut être généralisé à l’ensemble des prestations ou des liens entre les hommes qui, selon Levi-Strauss, s’établissent suivant un modèle général d’échange réciproque, à tel point que la prohibition de l’inceste et les systèmes de parenté eux-mêmes ne « diffère[nt] pas des échanges de prestations d’un autre ordre » 58 et n’échappent pas, sur ce point, à la règle de réciprocité.

Notes
58.

Levi-Strauss (Claude), Les structures élémentaires de la parenté, Paris, Mouton, 1967, p. 73.