2.4.3. Complexité du fait anthropologique .

Le fait anthropologique, comme on peut l’observer à travers cet exemple, tout en ayant une existence objective, n’est pas réductible à un objet simple. S’il peut, en effet, en première approche, être isolé des autres éléments observables, il n’acquiert son statut de fait anthropologique et il ne peut être saisi comme tel que dans sa relation à d’autres faits humains, eux mêmes considérés comme marques de l’homme et ou de sa culture.

Il est, par ailleurs, dans la nature du fait anthropologique, d’être une réalité essentiellement pluridisciplinaire. Compte tenu de la complexité de l’objet à observer et à analyser, le chercheur ne peut se prévaloir d’une seule démarche. S’il est bien vrai qu’un élément observé contient en lui-même traces et inscriptions des différentes instances de l’homme, de sa culture et de la condition humaine générale, cet élément n’acquerra le statut d’un fait authentiquement anthropologique que dans la mesure où il sera investi par de telles investigations. La richesse et la plénitude des significations sur l’homme qu’est susceptible de révéler ce fait ne peut surgir et résulter que de la pluralité d’approches et des interrogations dont il sera l’objet. Le chercheur utilisera, dans ce sens, une pluralité d’approches et de méthodes empruntées aux différents champs disciplinaires des Sciences Humaines, telles que la sociologie, l’histoire, la psychologie, la psychanalyse, la linguistique, la sémiotique, la mythologie. Cette multiplicité des approches, qui situe résolument l’enquête anthropologique, telle que nous la concevons, dans le champ de la complexité, définit par là même le fait anthropologique comme élément de complexité. Ce caractère complexe s’accroît si l’on veut bien admettre qu’il comporte en lui-même une ambiguïté.