3.3.1. Définition provisoire.

Nous proposons d’appeler lecture anthropologique une démarche de la connaissance qui, partant de savoirs préalablement maîtrisés par le lecteur, aboutit à l’élaboration et à la production de nouveaux savoirs. Démarche complexe, qui articule, sur le plan méthodologique, les procédures de repérage des signes composant le texte, sans exclure a priori l’une ou l’autre partie de ces signes et, quelle qu’en soit la nature, mais en s’efforçant de les saisir dans leur ensemble et dans leur spécificité, la lecture anthropologique s’emploie à rendre compte de la complexité ainsi découverte. Parce qu’elle veut aller jusqu’au bout du compte-rendu et de la compréhension de l’œuvre ou du texte qu’elle lit, cette lecture, au-delà des interprétations émergeant des approches convoquées, fait apparaître le principe organisateur des signes et de leurs signification. Considérant l’œuvre littéraire comme une production culturelle et tirant les conséquences de cette nature dans l’acte même de la lecture, cette démarche n’hésite pas à dire le rapport que l’œuvre entretient avec le système culturel qui l’a produite et à organiser, à partir de son principe générateur de sens, l’interprétation des significations intermédiaires préalablement obtenues. Donnant ainsi cohérence à des interprétations en apparence distinctes ou disparates, puisque s’appuyant sur des prises d’informations partielles ou sur des présupposés méthodologiques eux-mêmes partiels, voire partiaux, la lecture anthropologique permet au lecteur non seulement de formuler des hypothèses et de vérifier, mais aussi et surtout de tenir un discours rendant compte des propriétés dans une référence commune au système culturel dont elles relèvent anthropologiquement.