5.2. De l’utilisation de l’approche sémiotique.

Dans les années 70/80, l’approche sémiotique se démarquait encore si malaisément de l’approche structurale que Michel Arrivé, dans son article « Texte » du Grand Dictionnaire de la Langue Française, n’hésitait pas à identifier sous l’étiquette de « sémioticiens structuralistes » des auteurs se rattachant plus ou moins étroitement à l’école d’Algirdas-Julien Greimas 111 . Il apparaît pourtant aujourd’hui de plus en plus clairement que le projet sémiotique, pour avoir été plus ou moins confondu, dans sa première étape, avec le mouvement structuraliste alors florissant, lui-même fortement redevable au modèle linguistique saussurien, s’en distinguait fondamentalement, au moins dans ses visées, lesquelles engageaient d’autres procédures méthodologiques. Même si, comme l’affirme Anne Hénault, une histoire de la sémiotique peut passer pour « actuellement infaisable » 112 , nous croyons cependant utile à notre propos d’apporter les repères et les références permettant d’éclairer comment, à partir de sources diverses, à partir des apports successifs des recherches sémiotiques, ont pu se fonder et s’édifier, de façon singulière et autonome, le projet et l’entreprise sémiotiques. Après cet aperçu historique, à l’issue duquel seront rappelés les concepts-clefs qui sont au principe de cette approche, il conviendra de spécifier les conditions et les procédures d’une analyse sémiotique du texte littéraire. Une fois réalisée la présentation d’un tel modèle de lecture, assortie d’une application pour illustration au roi pêcheur de J. Gracq, il sera dès lors nécessaire d’indiquer les mérites et les limites de cette méthode et de mesurer notamment sa capacité à rendre compte du caractère anthropologique du texte littéraire.

Notes
111.

Arrivé (Michel), article « Texte », dans le Grand Dictionnaire de la Langue Française, Paris, Larousse, 1986.

112.

Hénault (Anne), Histoire de la sémiotique, Paris, PUF, 1992.