Chapitre 6. De l’utilisation des approches thématique, psychocritiques et mythocritique, de leur nécessité et de leurs limites, ou des conditions d'une saisie du texte comme fait imaginaire et symbolique

« Le monde entier, la vie entière sont un vaste système d’inconsciences agissant par le canal de consciences individuelles. »
Fernando Pessoa, Le livre de l’intranquillité de Bernardo Soares, Paris, Ch. Bourgois, 1988.

Le chapitre précédent avait pour objet de présenter les méthodes de lecture structurale et sémiotique, celles rendant compte du texte en lui-même. Celui-ci va traiter des approches qui se réclament de l’imaginaire et du symbolique. Bien que ces deux termes aient pu être distingués, voire opposés par certains auteurs, parmi lesquels Jacques Lacan, les approches thématique, psychocritique et mythocritique qui relèvent du symbolique et de l’imaginaire n’ont pas été sans raison ici rassemblées. Ces trois approches, en effet, pour distinctes qu’elles soient dans leurs conceptions du texte, dans leurs méthodes et dans leurs résultats, n’en sont pas moins liées, dans la mesure où s’y trouve impliqué le rapport entre l’œuvre, et l’imaginaire propre de son auteur, que cet imaginaire se fasse l’écho des structures symboliques profondes de sa personnalité, ou qu’il reproduise les figures, les symboles ou les mythes qui constituent le fonds anthropologique de sa personnalité culturelle. Dans chacun des cas, le lecteur, utilisant ces trois approches, est invité à lire dans l’œuvre la relation à différentes dimensions de la personne du lecteur.

La nécessité d’une maîtrise de ces diverses approches par l’enseignant nous a conduits, comme dans les deux chapitres précédents, à ne pas nous suffire d’une simple présentation technique et méthodologique. Aussi le lecteur trouvera-t-il ici, pour chacune des trois approches présentées, un bref aperçu historique de la méthode, une présentation de ses procédures méthodologiques, assortie d’une application au roi pêcheur de Julien Gracq, ainsi qu’une évaluation des mérites et des limites de ces approches.