7.2.1. L’approche structurale fait du texte un objet structuré.

L’approche structurale, faisant du texte un objet structuré, invite le lecteur à identifier dans le texte des unités significatives, à différents niveaux d’articulation et l’amène à construire ces unités en structures signifiantes. Cette méthodologie lourde, mais rigoureuse, s ’appuie incontestablement sur une définition du signe et du texte et propose au lecteur un dispositif procédural relativement uniforme, quel que soit le texte et son contenu. Dans l’approche structurale d’un texte, le lecteur est conduit à découvrir différents signes ou indices à différents niveaux d’articulation.

Rappelons les différents niveaux d’articulation que l’analyse structurale met en jeu :

  • Au premier niveau, dit de première articulation, peuvent être saisies les unités minimales que sont les mots (ou monèmes), qui sont des signes pourvus de significations. Ces signes s’articulent entre eux pour former des unités plus vastes, syntagmes ou phrases, porteuses de significations, lesquelles unités constituent, à leur tour, dans leur articulation, l’ensemble textuel.
  • Au niveau dit de deuxième articulation, niveau préhensible à partir d’une analyse approfondie, sont saisis les phonèmes qui possèdent une valeur distinctive, mais ne peuvent être pourvus de signification qu’à partir d’une interprétation les saisissant dans un ensemble qui est d’un autre niveau.

Appartiennent au niveau de première articulation, certaines figures de style et les faits grammaticaux autres que ceux relevant du niveau de la phrase. C’est au niveau de la phrase, en effet, prise comme unité syntagmatique du discours ou du texte que, peut s’observer la réalité des fonctions, et ceci dans le cas d’une phrase simple au niveau de la proposition dans le cas d’une phrase complexe). C’est aussi au niveau de la phrase que se repèrent les modalités du discours, telles que la déclaration, l’interrogation, la volition ou l’exclamation. C’est à ce niveau que s’aperçoit la structuration logique et syntaxique des propositions.

- Il existe un autre niveau qui aurait mérité celui d’articulation, c’est celui du texte pris globalement. C’est à cette échelle, en effet, que peuvent se regrouper les éléments lexicaux, constitués en champs. C’est au niveau textuel que peuvent se repérer validement les formes typographiques dessinant les contours du texte. C’est à ce niveau enfin, et ceci à partir du repérage des différents signes, à partir de leur analyse spécifique et de leur confrontation générale, que s’articulent les structures signifiantes du texte.

Ajoutons qu’un même signe, quelle que soit sa nature, ou quel que soit son niveau d’articulation, peut se définir dans un rapport d’indice, d’icône ou de symbole, suivant les catégories proposées par C. S. Peirce et qui nous semblent mieux rendre compte, à ce niveau, de la complexité de la réalité textuelle. Un phonème récurrent et des éléments de disposition spatiale peuvent relever tour à tour d’un caractère iconique, indiciel, ou symbolique. C’est ainsi que les sonorités de la première strophe de la célèbre « Chanson d’automne » de P. Verlaine peuvent être considérées comme imitatives, c’est à dire iconiques, dans la mesure où elles sont susceptibles de reproduire, à travers leur réalité phonétique et à travers l’effet acoustique produit, les sonorités du vent d’automne suggérées par ailleurs dans les mots. Ces mêmes phonèmes peuvent être saisis dans un rapport d’indices, suggérant un état de langueur mélancolique, ne serait-ce que par leur uniformité grave. Ces sons peuvent être enfin reconnus comme symboles par le lecteur, dans le sens où leur gravité triste pourrait prendre à ses yeux le statut de signe conventionnel symbolisant un état d’âme subjectif fait de tristesse et de mélancolie.

Il ressort de tout ce qui précède que, dans l'approche structurale d'un texte, c’est par un repérage des signes appartenant à différentes articulations et à différents niveaux que peut se construire l’objet texte comme signe structuré. Ajoutons que certains signes, analysés à un certain niveau d’articulation, peuvent changer de statut dans le processus d’analyse.