8.1.2. Les étapes de l’expérience, ses enjeux et ses hypothèses.

A partir des différentes approches du texte, nous constatons que chacune d'entre elles construit un objet particulier, et ceci à travers un ensemble de démarches faisant apparaître des indices. Si notre hypothèse est juste, c'est à dire si le texte peut être lui-même considéré comme un signe complexe, la lecture qui mettra en évidence ce signe ne peut se constituer qu'à partir des différentes approches et des objets construits par chacune d'elles. De cette lecture complexe résultera un objet complexe, résultat de la synthèse des objets construits par chaque approche et de la synthèse de leurs indices.

Nous pourrions, dans un premier temps, sans préjuger de la démarche, vérifier cette hypothèse en observant si des différentes approches peut se déduire un sens commun ou, à défaut, des convergences de significations. S'il s'avère qu'un sens commun se dégage et si ce sens n'est pas contradictoire avec le sens que l'auteur, à travers ses propos extérieurs à l'oeuvre ou les critiques autorisés ont proposé du roi pêcheur, il importera alors de contrôler où s'origine ce sens commun, et, au-delà des indices spécifiques à chaque approche, s'il est possible d'identifier des indices communs constituant comme signe cette signification commune. Existerait-il dès lors une typologie des signes capable de rendre compte de leur niveau, de leur extension et de leur généralité ? Une telle typologie permettrait-elle de délimiter le champ spécifique de chaque approche, permettrait-elle de faire apparaître les points d'ancrage entre les signes, entre les ensembles et sous-ensembles significatifs que ces mêmes signes pourraient configurer dans leurs relations ou leurs corrélations ?

S'il tel n'était pas le cas, c'est-à-dire si l'élaboration d'un sens commun et si la constitution du texte comme signe s'avéraient impossibles, ce résultat de l'expérience serait-il dû à une insuffisante maîtrise des démarches de chaque approche, à une insuffisante prise en compte des indices du texte, à un dysfonctionnement dans les procédures de synthèse ? Si tel n'était pas le cas, et si en effet les différentes approches apparaissaient irréductibles l'une à l'autre, se trouverait alors posé le problème du sens, voire celui de la validité d'approches rendant compte, dans la pluralité des sens et dans le "conflit des interprétations", d'un phénomène singulier, le texte.

En d'autres termes, il faudrait alors s'interroger sur les conditions d'un "sens multiple" 26 du texte, c'est-à-dire, si l'on suit le questionnement herméneutique de P. Ricoeur, chercher à déterminer comment le même texte "en signifiant une chose, signifie en même temps une autre chose, sans cesser de signifier la première" 27

Notes
26.

Ricoeur (Paul), Le conflit des interprétations, Paris, Le Seuil, 1969.

27.

Ibid.