9.4.2. La lecture anthropologique est une initiation à l'universalité.

Partant de faits singuliers et d'oeuvres singulières, et en se donnant comme règle de ne pas écarter a priori des dimensions du fait analysé, mais, au contraire, de les mettre en relation de système à l'intérieur de l'oeuvre, avec d'autres oeuvres ou avec d'autres contextes, la lecture anthropologique permet d'identifier, à travers les réalités rencontrées, des structures invariables qui relèvent de l'humanité dans son universalité. C'est notamment à partir d'une identification, dans les mythes rencontrés relevant d'une diversité de cultures, de traits invariants, que l'on pourra affirmer, avec C. Levi-Strauss que "ces mythes, en apparence arbitraires, se reproduisent avec les mêmes caractères, et souvent les mêmes détails, dans diverses régions du monde"35 et qu'ils ont pour objet commun de "fournir un modèle logique pour résoudre une contradiction"36. Le mythe devient, dès lors, un récit portant témoignage d'une expérience d'être au monde, des difficultés ou des conflits que l'homme rencontre dans cette expérience et des solutions qu'il entrevoit. "Le mythe permet à l'homme de se comprendre lui-même, de se dire sa propre situation, de se saisir comme être médiateur, enraciné dans la nature mais, en même temps capable d'instaurer un ordre de règles et de symboles qui n'est pas celui de la nature [...]. Dans le mythe, l'homme se dit homme, être de culture"37.

Notes
3.

5 Levi-Strauss (Claude), Anthropologie Structurale, Paris, Plon, 1958, p.229.

3.

6 Ibid., p.254.

3.

7 Deliège (Robert ), Anthropologie sociale et culturelle, Bruxelles,De Boeck-Wesmaël, 1992, p.267.