10.2. L'œuvre devenue et reconnue, avec d’autres et parmi d’autres, signe d’une culture.

10.2.1. Confirmation, dans d'autres oeuvres littéraires relevant de la même culture, des caractéristiques du même mythe et des traits de la culture reconnue.

La littérature espagnole fournit un vaste champ d'investigation pour une telle vérification. Nous évoquerons des auteurs contemporains ou proches dans le temps de Calderon.

Rappelons que l'Espagne connaît alors un courant de littérature mystique très important avec les figures de Saint Jean de la Croix et de Sainte Thérèse d'Avila. Leurs oeuvres expriment l'aspiration de l'âme éprise d'absolu et de certitude, comme l'écrit Jean de la Croix : "L'amour seul est ce qui vient et rapproche l'âme avec Dieu". Et, dans ce sens, les paroles de Sigismond, "La vie est un songe, et les songes mêmes ne sont que des songes" (fin de la 2° journée), réitèrent la conviction caractéristique de l'Espagne d'alors que la vie réelle est la vie en Dieu. Quelques années auparavant, Lope de Vega, à qui l'on doit un traité théorisant l'art dramatique5 0 , fait du genre de la comedia un genre culturellement marqué. Le dénouement y est toujours heureux, marqué par un retour à l'ordre social et divin.

On se souvient par ailleurs que la « comedia » a pour caractéristiques de mêler et d'intriquer deux intrigues qui trouvent leurs résolutions dans un même dénouement, ce qui est une autre manière d'illustrer le paradoxe sur lequel est fondée la culture hispanique du XVII° siècle. Et la puissance de cette caractéristique de la culture espagnole se trouve encore exprimée chez ceux de leurs imitateurs, comme Corneille, et en particulier, sa pièce Le Cid.

Notes
0.

5 Lope de Vega, El Arte nuevo de hacer comedia, 1609.