11.2.3. La lecture anthropologique, comme herméneutique développe le principe de coopération.

Nous venons de voir que le lecteur agit dans sa lecture et construit dans chaque méthode non seulement des objets, mais aussi, projettés dans cette construction, des éléments de sa propre subjectivité. Tout ce travail d'élaboration a pour base le titre qui, comme le dit Eco, "postule son destinataire comme condition siné qua non de sa propre capacité communicative concrête, mais aussi de sa propre potentialité significatrice". 0 C'est dire que l'auteur a prévu un lecteur Modèle capable de coopérer à l'actualisation textuelle de la façon dont lui l'auteur le pensait et capable aussi d'agir interprétativement comme lui a agi générativement. S'il est vrai que l'auteur dans la production de l'énoncé textuel postule l'existence d'un lecteur Modèle capable d'interpréter cet énoncé, le lecteur lui-même dans son acte d'interprétation est succeptible ou doit postuler une "hypothèse d'Auteur la déduisant des données de stratégie textuelle". On découvre que de part et d'autre s'élabore la construction au moins hypothétique d'un partenaire. Ce qui renforce le rapport entre le lecteur et l'auteur ,et en fait une situation d'échange interpersonnel tend à renforcer l'acte de transmission comme horizon commun possible d'une telle rencontre. Avant de se réaliser comme échange interpersonnel ou comme échange interculturel, la lecture anthropologique aux différents niveaux de sa réalisation permet au moins un contact entre les identités relatives du sujet-lecteur et celles objectivement contenues dans l'oeuvre et correspondant au sujet producteur. Ainsi la compréhension d'une oeuvre est le résultat d'une action de la personnalité consciente ou inconsciente qui rencontre une autre subjectivité, ayant pour elle le statut d'objet.

Notes
0.

Eco (Umberto), Lector in Fabula, Paris, Grasset, 1985, p.67. ou la coopération interprétative dans les textes narratifs.