13.5.1. La lecture anthropologique comme prise en compte du mythe de l’œuvre.

Il est nécessaire, sans nul doute, de passer par les approches du texte construites par la critique, lesquelles s'appuient sur les Sciences Humaines. En effet, Les Sciences appliquées à l'oeuvre littéraire, qui la constituent en objet permettant une prise d'indices et la construction d'un objet ou d'un système de signes, garantissent une démarche rationnelle dans "un domaine de compétences sans lequel la connaissance se fluidifierait et deviendrait vague" 0 .

Mais il est tout aussi nécessaire de dépasser ces méthodes dans une perspective globale qui prenne en compte la complexité de l'oeuvre littéraire, qui construise celle-ci comme un objet anthropologique complexe et qui, devant le linéament religieux, lui donne toute sa dimension, à la fois de signe, de symbole, de mythe et de rite. C'est bien à la condition d'un approfondissement de la lecture dans un décloisonnement disciplinaire des approches que peut se construire un nouvel objet et que peuvent s'articuler dans un système commun, et complexe, celui de l'anthropologie, les significations précédemment acquises par les différentes approches.

Une lecture qui dépasse et conserve tout à la fois la spécificité de chaque approche, permet d'identifier, dans le linéament religieux, le mythe qui est au fondement de la culture, de l'auteur et de l'oeuvre, mythe emprunté au religieux et à son système symbolique. En effet, il ne s'agit pas d'aboutir à une lecture unitaire du texte, "qui elle-même dissoudrait la multiplicité complexe" 0 . Il s'agit bien plutôt de conserver et d'articuler les objets construits successivement par les approches, d'y reconnaître une forme qui fait sens et de tenir un discours sur l'oeuvre, à partir des réalités ainsi dégagées, sur le mythe et sur sa prégnance dans l'oeuvre qu'il structure aux différents niveaux de son analyse et de sa lecture. C'est à cette condition qu'est rendue possible une intelligibilité du religieux, de son système symbolique et du mythe emprunté au religieux. C'est donc à travers une méta-lecture qu'est identifié le mythe qui est au fondement de l'oeuvre littéraire, de la culture et de l'auteur, voire du lecteur.

Notes
0.

Morin (Edgar), Recherches, n°10, 2e semestre 97, p. 21.

0.

Morin (Edgard), Ibid., p. 21.