16.1.1. Des terminologies spécifiques à un métalangage complexe.

Il apparaît, d’abord, que la lecture anthropologique comme métalecture et comme métalangage permet le passage des terminologies spécifiques à un métalangage complexe, développe chez l’apprenant une maîtrise et une inventivité métalangières, signes d’une culture en construction, et organise, en cohérence avec cette culture, une didactique et une pédagogie.

La lecture anthropologique donc se définit tout à la fois comme métalecture et comme métalangage.

Nous avons suffisamment développé plus haut le premier aspect pour qu’il nous soit permis ici de le rappeler seulement. La lecture anthropologique qui dépasse les méthodes spécifiques à différentes approches se définit bien, pour reprendre l’expression de L. Marin déjà citée, comme une « métaméthodologie  opérant théoriquement l’intégration de ces différentes méthodes dans l’unité d’un objet signifiant construit spécifiquement »4, c’est-à-dire comme une démarche saisissant le texte dans sa nature anthropologique, au cours de la synthèse interprétative. Or les terminologies, les connaissances et les concepts spécifiques à chaque approche qui composent autant de métalangages particuliers, tous nécessaires à la synthèse métaméthodologique, se constituent en savoirs et en démarche propres, dès l’instant ou s’opère cette synthèse des méthodes. Une telle synthèse, en effet, rend nécessaire et possible, au croisement des multiples terminologies, une mise en oeuvre réflexive et conceptuelle, et développe une pratique proprement métalangagière. Le métalangage dont il est question ici n’est plus seulement, en effet, l’acquisition passive d’une terminologie définie et définitive, il consiste bien plutôt dans le développement d’un savoir-faire qui pourrait être cerné à travers la capacité à décrire par le langage le processus d’élaboration du sens, qu’il s’agisse du processus génératif de production du texte, ou de celui de l’élaboration d’un discours sur le texte.

Notes
4.

Marin (Louis), "L'oeuvre d'art et les sciences humaines", in Encyclopaedia Universalis, Paris, 1980, Volume 17 (Symposium), p.122.