17.1.3. Les différentes fonctions de l’évaluation.

Les objectifs, les fonctions et les types d’évaluation découlent de la précédente analyse.

Rappelons d’abord la distinction établie par Gilbert de Landsheere : «De façon générale, on peut distinguer trois groupes de définitions de l’évaluation. Les définitions fondées sur l’objectif : on détermine dans quelle mesure les objectifs d’un programme sont atteints ; les définitions descriptives : il ne s’agit pas d’apprécier l’écart par rapport aux objectifs, mais bien de collecter des informations aidant à la prise de décision ; les définitions judiciaires : un jugement est porté en termes de validité, de mérite ou de valeur » ⁰ . Les distinctions proposées par G. de Landsheere nous paraissent devoir être retenues, à la condition de les appliquer à chacun des niveaux repérés. Le tableau qui suit rend compte de la tridimensionnalité de l’évaluation aux différents niveaux de la réalité de la formation.

Types d’évaluation	Rapport au savoir	Rapport au savoir faire	Rapport au savoir- être	Rapport au savoir-devenir
Evaluation à objectif	Evaluation des acquisitions cognitives	Evaluation des compétences méthodologiques	Evaluation des acquisitions des attitudes	Evaluation du développement des dispositions à formuler des projets
Evaluation décisionnelle	Evaluations des savoirs acquis en vue de prendre une décision	Evaluation des compétences acquises dans le domaine stratégique et dans la mise en place d’une stratégie	Evaluation des attitudes acquises et mise en place des remédiations dans l’ordre du savoir-être	Evaluation des capacités d’inventivité ou de créativité et mise en place d’un dispositif de renouvellement
Evaluation judiciaire	Evaluation homologuant les savoirs acquis et sanctionnant les lacunes	Evaluation validant les compétences et disqualifiant les incompétences	Evaluation ratifiant les attitudes positives et proposant des remédiations	Evaluation validant les aptitudes à savoir devenir et invitant à des transformations

Une telle typologie fait apparaître les nombreuses fonctions de l’évaluation. Si l’on se place du point de vue de l’élève producteur, l’évaluateur qu’est l’enseignant doit avoir conscience que l’évaluation qu’il exerce présente aux différents niveaux les fonctions suivantes :

Au niveau le plus simple, qui concerne l’évaluation des savoirs ou des ignorances de l’élève, celle-ci a une fonction cognitive ou référentielle, les écarts qu’elle rend manifestes ayant comme référence un ensemble de savoirs. A partir de cette prise d’information, l’enseignant prend la décision de proposer un dispositif de remédiation adéquat, l’évaluation ayant alors une fonction diagnostique et pronostique. Il peut au contraire estimer qu’il y a lieu de valider ou de sanctionner l’apprentissage, l’évaluation ayant alors une fonction judiciaire, consistant à homologuer les acquis et à sanctionner les lacunes.
Au niveau suivant, qui concerne l’évaluation des savoirs-faire de l’élève, l’évaluation a d’abord une fonction d’évaluation didactique des méthodologies. L’enseignant peut alors prendre la décision de proposer les progressions méthodologiques nécessaires, l’évaluation ayant alors une fonction de régulation didactique, soit diagnostique, soit pronostique. Aux fonctions cognitives et didactiques s’ajoutent, aux autres niveaux, les fonctions qui leur sont propres : les fonctions d’initiation, l’évaluation participant à ce niveau à la transmission des valeurs, les fonctions intégratives, l’évaluation donnant à l’élève la possibilité, dans son savoir devenir, d’intégrer un modèle culturel du devenir. A ces fonctions spécifiques, viennent s’ajouter des fonctions transversales, donc communes : les fonctions de transfert, de communication, de production, de vérification, de régulation, de discrimination et d’estime, pour reprendre le terme employé par D. Hameline.

Notes

Ibid.