2.4.2.2. les formes actuelles

Sans entrer dans les détails, il nous semble nécessaire de brosser un rapide panorama de la façon dont se présente aujourd’hui la ’télévision de l’intimité’, avant d’essayer d’en dégager quelques traits spécifiques par rapport à la période prise en compte par Dominique Mehl (1991-1994).

La première remarque préalable que nous souhaitons formuler se situe en quelque sorte à la périphérie de la ’télévision de l’intimité’ dans la mesure où elle porte sur les magazines d’information ’classiques’ récurrents tels ’La marche du siècle’ (France 3), ’ Des racines et des ailes’ (France 3), ’Envoyé spécial’ (France 2), ’52 sur la une’ (TF1), ’Le droit de savoir’ (TF1) ainsi que sur un certain nombre de documentaires ponctuels comme ’Des enfants abusés’ de Daniel Karlin, diffusé sur France 2 le 28 Mai 2000, qui abordait, à l’aide de nombreux témoignages, le thème de la pédophilie. On pourrait également citer, dans cette même catégorie des documentaires ponctuels, le reportage du 23 Avril 2000 sur France 3 consacré à ’Bernadette Chirac, première dame de France’ qui prétendait donner une ’vraie connaissance de la femme du Président’, ou encore le documentaire du 20 Juin 2000 sur France 2 à propos de ’la psychologie du crime’ qui visait à ’décrypter les motivations des policiers’ et à comprendre ’comment ils vivent le face-à-face permanent avec la violence, la souffrance et la perversité’, tout cela à partir de témoignages relatant le vécu de ’grands flics’ d’hier et d’aujourd’hui. Et pour ce qui est des magazines d’information ’classiques’, on peut également prendre de nombreux exemples qui tendent à montrer que ceux-ci, peut-être plus encore aujourd’hui qu’au début des années 1990, abordent très fréquemment des thèmes liés aux moeurs et à la sphère (très) privée, tout en privilégiant la parole profane et la dimension intimiste. Ainsi le 20 Juin 2000, ’52 sur la une’ (TF1) était-il consacré aux adolescents disparus sans laisser de traces. Le 4 Mai 2000, ’Envoyé spécial’ (France 2) s’intéressait à l’usage du cannabis à des fins thérapeutiques aux Pays Bas tout en s’interrogeant sur la situation française. Le 23 Mai, ’Le droit de savoir’ (TF1) abordait le problème des substances (hormones de croissance ou DHEA) censées ralentir le vieillissement. Le 24 Mai, ’La marche du siècle’ proposait de faire le point sur le sommeil et ses différents troubles à partir de témoignages de gens ordinaires et d’interventions de ’spécialistes’. Soit dit au passage, une des caractéristiques de ’La marche du siècle’ est d’être fondée sur une espèce de confrontation, plus ou moins vive selon les thèmes choisis, entre le discours des ’spécialistes’ et le ’vécu’ des témoins. En effet, ces deux paroles ont l’une et l’autre leur propre légitimité, mais ces deux légitimités, qui ne sont pas du même ordre, sont très souvent contradictoires. On pourrait évidemment multiplier les exemples: il apparaît clairement que les magazines et documentaires ’classiques’ font une marge place aux différents thèmes relevant de l’intime et qu’au surplus non seulement ces thèmes-là, mais aussi l’ensemble des sujets traités tendent à l’être à partir de témoignages, en insistant beaucoup sur le vécu, sur la dimension individuelle des ’événements’. En bref, on a le sentiment que, d’une façon générale, le point de vue adopté valorise nettement tout ce qui relève de la sphère privée.

Notre seconde remarque préalable portera sur une question que Dominique Mehl n’aborde pas du tout, mais qui, à notre sens, mériterait quelques développements: il s’agit de l’importance de plus en plus grande du phénomène que nous venons de décrire dans les journaux télévisés eux-mêmes. Nous avons déjà évoqué cet aspect des choses, indirectement, dans le chapitre que nous avons consacré à l’émotion. Et en effet, il est certain qu’émotion et intimité ont partie liée, en ce sens que toutes les deux relèvent bien de la sphère privée et que la mise en scène de l’intimité et de ses problèmes constitue l’un des moyens de produire de l’émotion, soit par un effet d’identification, soit par un effet de répulsion. Le spectacle de l’intimité des autres – pour peu qu’on l’accepte – provoque en tout cas presque toujours une forme de projection. Pour ce qui est donc des journaux télévisés, nous pensons pouvoir formuler l’hypothèse qu’à leur façon, ils ont intégré une conception ’privée’ de l’information (ce qui, en ce qui concerne TF1 est dans l’ordre des choses) en ce sens que, de plus en plus, aussi bien dans le choix des sujets traités que dans la manière de les aborder, ils tendent à adopter une vision ’individualiste’, c’est-à-dire à montrer prioritairement les ’événements’ ayant affecté des individus ou des groupes d’individus considérés en tant que tels. Et en même temps, quels que soient les thèmes choisis – et il arrive tout de même qu’ils relèvent de

l’espace public – les journaux télévisés tendent à les développer pour une bonne part dans une perspective ’privée’, c’est-à-dire en faisant appel au vécu, aux témoignages de gens ordinaires, en s’intéressant davantage aux intérêts particuliers des uns ou des autres qu’à l’intérêt général. Revenons, à titre d’exemple, sur une question que nous avons déjà largement traitée dans le chapitre consacré à l’émotion, à savoir, la place démesurée accordée par les journaux télévisés aux accidents et catastrophes en tous genres. Nous sommes là totalement dans une forme particulière de ’télévision de l’intimité’ et peut-être même dans l’une des configurations les plus intimes qui puissent exister, dans la mesure où, même si on n’a pas vraiment le spectacle de ’la mort en direct’, on se trouve face à des images et à des discours qui y renvoient et qui nous renvoient symboliquement, à notre propre mort, ou à celle de nos proches, à notre propre souffrance, à la perte de nos propres biens, à la destruction de notre environnement, etc. Qu’y a-t-il au fond, de plus intime, de plus poignant que le spectacle de ces ’événements’ dramatiques qui, selon la doxa populaire, ’n’arrivent pas qu’aux autres’ et qui nous mettent en face de la condition humaine ? Il est temps maintenant, d’essayer de décrire sommairement la ’télévision de l’intimité’ telle qu’elle se présente aujourd’hui. Après avoir étudié, en Avril, Mai et Juin 2000, la quasi totalité des émissions de ce genre sur TF1, France 2 et France 3, nous sommes en mesure de proposer sinon une typologie qui, en l’espèce semble quasiment impossible à établir, - pour des raisons que nous allons examiner ci-dessous – au moins un certain nombre de traits caractéristiques.

Cette extrême difficulté à élaborer une typologie tient justement à ce qui nous apparaît comme une spécificité des formes actuelles de la ’télévision de l’intimité’, à savoir l’absence de catégories bien définies, à quelques exceptions près que nous examinerons ultérieurement. Au début des années 1990 – pendant la période prise en compte par Dominique Mehl – on pouvait assez aisément repérer à l’intérieur du genre ’reality show’ un certain nombre de classes différentes quant à la problématique abordée: certains magazines étaient consacrés à tout ce qui est relatif au couple, à l’amour, à la sexualité, etc.; d’autres s’intéressaient aux personnes disparues; d’autres montraient les exploits des ’héros’ d’un jour; d’autres tentaient de résoudre des enquêtes judiciaires où la police et la justice étaient en échec; d’autres encore – comme ’Bas les masques’ de Mireille Dumas – n’avaient pas véritablement de sujet de prédilection, si ce n’est la vie privée sous tous ses aspects, mais étaient fondés sur un dispositif visant à produire ’un effet de mise au jour de phénomènes inconscients et un effet de publicisation d’une démarche réputée privée: la démarche psy’ 417. Aujourd’hui, en revanche, il apparaît que les émissions relevant de la ’télévision de l’intimité’ sont toutes bâties à peu près sur le même modèle et, en tout cas, qu’elles abordent toutes peu ou prou les thèmes qui étaient naguère propres à une émission donnée. C’est ainsi par exemple qu’un magazine comme ’Sans aucun doute’, diffusé sur TF1 en seconde partie de soirée le vendredi, peut aborder aussi bien ’l’anorexie et la boulimie’ (5 Mai 2000) que les ’révélations et les contre-enquêtes’ (12 Mai 2000), ’les nouvelles arnaques’ (26 Mai 2000), ou encore les problèmes des individus en conflit avec l’administration, les banques ou les assurances. De même, ’Ca se discute’, présenté par Jean-Luc Delarue, et diffusé tous les mercredis sur France 2 en deuxième partie de soirée, traite chaque semaine un thème différent à partir des témoignages d’une dizaine d’invités directement concernés et de mini-reportages: ’Femmes battues: comment briser la loi du silence ?’ (26 Avril 2000); ’Autobiographies: pourquoi choisit-on de publier sa vie ?’ (3 Mai 2000); ’Jusqu’où peut-on aller par amour pour son animal ?’ (10 Mai 2000); ’Que reste-t-il des hommes ?’ (émission sur le comportement des hommes et sur la séduction, 17 Mai 2000); ’Peut-on reprendre goût à la vie quand on a connu la rue ?’ (24 Mai 2000); ’Jusqu’où peut-on aller par amitié?’ (31 Mai 2000), etc. Une fois par mois, le même Jean-Luc Delarue anime une autre émission, en ’prime time’, intitulée ’Jour après jour’, qui fonctionne à peu près selon le même principe, c’est-à-dire essentiellement sur la base de témoignages vécus. Il y a tout de même une dimension supplémentaire, c’est que, dans une séquence de ce magazine, on retrouve les témoins invités 6 mois plus tôt pour voir comment ils ont évolué. Cette pratique, encore rare, mais qui semble se développer, constitue une originalité par rapport à la situation décrite par Dominique Mehl, dans la mesure où, de l’aveu même des concepteurs et des animateurs de l’époque, aucun lien n’était maintenu avec les témoins et il n’avait jamais été envisagé de les interroger une seconde fois ni de faire état de leur évolution personnelle. Dans les ’reality shows’, en principe, les témoins, comme les mouchoirs en papier sont à usage unique. Le suivi d’individus sur une longue période, comme cela tend, encore timidement, à se pratiquer, constituera donc peut-être une nouvelle étape significative de la ’télévision de l’intimité’ qui permettra un contact encore plus étroit, une proximité encore plus grande et, in fine, une mise en scène plus ’réaliste’ de la vie privée. Citons, pour en terminer avec ’jour après jour’, deux thèmes récemment abordés: ’En finir avec l’anorexie et la boulimie’ (29 Mai 2000); ’Avoir un enfant à tout prix’ (19 Juin 2000). Toujours sur France 2, en seconde partie de soirée, à un rythme assez aléatoire, Mireille Dumas continue ses entretiens plus ou moins ’psy’ dans ’La vie à l’endroit’ qui, à chaque numéro, traite d’une question différente: ’Les plaisirs du bien-manger’ (15 Février 2000); ’L’enfer du harcèlement professionnel’ (16 Mai 2000); ’Comment devenir numéro 1?’ (émission sur les talents précoces, 30 Mai 2000), etc. Il faut enfin indiquer, toujours dans la même catégorie, des émissions ’généralistes de l’intimité’, ’Y’a pas photo’, diffusé sur TF1 en seconde partie de soirée, qui, à partir de mini-reportages et de témoignages ’présente des parcours exceptionnels, brosse des portraits de stars ou encore pénètre dans les coulisses d’un événement médiatique’ 418 . Le numéro du 1er Mai 2000 évoquait ainsi ’les histoires étonnantes et drôles de la sorcellerie et des superstitions’, celui du 8 Mai, ’les enfants stars’ et celui du 15 Mai ’les OVNIS et les extra-terrestres’. Notons tout de même qu’à la différence de la plupart des autres, ce magazine cultive quelque peu l’humour, en quoi il introduit une certaine distanciation qui tend à désamorcer ou ne tout cas à rendre moins opératoires les codes de la ’télévision de l’intimité’.

Après avoir évoqué ces magazines qui, dans chaque numéro, traitent un thème différent, il faut signaler l’existence d’un certain nombre d’émissions, que nous qualifierons ’d’omnibus’, en ce sens qu’elles abordent dans chaque numéro plusieurs questions différentes. C’est le cas, par exemple, de ’Alors, heureux’, diffusé par France 2 en seconde partie de soirée. L’émission du 25 Avril 2000 proposait ainsi, toujours sur la base de témoignages, 4 sujets:’Peut-on vivre seul ?’; ’Je suis un malade imaginaire’; ’Mes amours se suivent et se ressemblent’; ’Mon frère ou ma soeur ne me ressemblent pas’. L’émission du 24 Mai, pour sa part, mettait en scène quatre situations difficiles à vivre: ’Je suis un provocateur’; ’J’ai peur de vieillir’; ’Je suis le numéro deux d’une famille de trois enfants’; ’Les amours clandestines’. Dans cette même catégorie, mais en beaucoup plus original, on trouve également ’Strip tease’, diffusé par France 3 le samedi en seconde partie de soirée, qui, à chaque numéro, présente 3 ou 4 ’documentaires’ assez particuliers aussi bien pour ce qui est des sujets choisis que de la forme, plus proche du cinéma que de la télévision. Du point de vue des sujets traités ou plutôt des ’tranches de vie’ données à voir, on se trouve incontestablement dans la ’télévision de l’intimité’, et même souvent dans le voyeurisme, même si ces courts-métrages de 13 minutes présentent généralement des individus et des univers assez décalés: patrons harcelés par leurs ouvrières, conflit entre une mère et son fils, portraits de cancres désireux de trouver un emploi lucratif, liquidation d’une mercerie dans une banlieue, carmélites jouant aux boules, faux médecin chez les S.D.F., amoureux transi se désespérant à l’idée que sa bien-aimée pourrait peut-être devenir nonne, hommes politiques au saut du lit, débats théologiques entre un curé et sa bonne, etc. Mais la forme de ces ’documentaires’ est encore plus surprenante que le contenu: les règles édictées par les auteurs-concepteurs de ’Strip Tease, le magazine qui vous déshabille’ sont très strictes: il ne doit y avoir ni mise en scène, ni commentaire, ni interview, encore moins de ’reconstitution’, de ’fictionnalisation’ ni de ’bidouillage’. Jean Libon et Marco Lamensch ont ainsi rédigé à l’intention des différents réalisateurs des films diffusés dans ’Strip tease’ un ’petit mémo’ qui précise ’quelques règles impératives’: ‘’les entretiens/interviews ne sont jamais qu’un pis-aller et il est évidemment hors de question de faire (re)jouer les personnes que l’on filme: la réalité commande (...). Les gens que l’on filme doivent impérativement avoir signé une autorisation de tournage/diffusion avant le début du tournage(...). L’usage veut que l’on ne montre pas aux gens le film avant diffusion. On gagne la confiance des personnes qu’on filme, on ne trahit pas cette confiance et on assume ce qu’on réalise en s’enquérant des réactions après diffusion’’ 419 . ’Sur le plan technique, explique l’un des réalisateurs, ‘’Strip tease’préfère les champs/contrechamps aux plans larges. Pas de grand angle, une optique normale, comme l’oeil humain, une lumière naturelle’ 420 . On est évidemment bien loin, en termes de coût, de temps passé, de qualité et de déontologie des émissions ’intimistes’ que nous avons évoquées jusqu’ici.

Et ce magazine est à notre sens original, talentueux et honnête. Il s’inscrit néanmoins dans une logique de valorisation du témoignage privé, à tel point que seul celui-ci subsiste, sans question, sans commentaire, et sans distance. D’une certaine façon, toute différence entre réalité et fiction se trouve abolie, on se trouve face à face à une ’vérité’ d’autant plus incontestable – et potentiellement plus dangereuse – qu’elle n’apparaît pas comme le résultat d’un travail cinématographique. En effet, quand on regarde ces courts-métrages, on a vraiment le sentiment que le réalisateur a eu de la chance de se trouver là au bon moment ou que le film a été tourné avec une caméra cachée, ce qui provoque une espèce de malaise, sans doute le syndrome du voyeur. Quand on regarde une fiction, en revanche, on ne se pose jamais ce genre de question, bien évidemment, puisque, sauf cas pathologique, on ne prend pas une fiction pour du réel, ne serait-ce que parce que, en principe, de nombreux signes formels et discursifs permettent aisément de savoir ce qu’il en est. Il suffit de se remémorer le célèbre canular orchestré par Orson Welles à la radio autour de ’La guerre des mondes’ de H.G. Wells 421 pour imaginer les conséquences en cas de confusion entre la fiction et la réalité. De même, les rares cas d’enfants (ou d’adultes) qui commettent des crimes ou des délits en rejouant en quelque sorte ce qu’ils viennent de voir à la télévision – qui relèvent de la psychiatrie – montrent assez ce qui pourrait arriver si les gens se mettaient à croire que la fiction est réelle. Avec ’Strip tease’, on ne se trouve pas tout à fait dans ce cas de figure, puisque, à la limite, ce serait plutôt les représentations filmées qui, grâce à l’utilisation des effets de réel de la fiction, s’imposeraient à nous comme la ’réalité’, alors que chaque ’documentaire’ de 13 minutes nécessite un mois à deux mois et demi de repérages, cinq jours de tournage, dix jours de montage et revient environ à 300 000F 422. Quoi qu’en disent les concepteurs et les réalisateurs de ’Strip tease’, nous ne sommes pas en face de la ’réalité’, mais d’une représentation symbolique, d’une construction – sans doute scrupuleuse – mais d’une construction tout de même. Il y a bel et bien une forme de mise en scène, ne serait-ce qu’au niveau du choix de ce qui est filmé et du montage. Quelles que soient les qualités - réelles - de ’Strip tease’, ce magazine, comme tous ceux qui constituent la ’télévision de l’intimité’, et même plus encore, pose non seulement le problème de la survalorisation de la sphère privée, mais aussi la logique du spectacle qui tend à se substituer à la logique du réel.

Pour en terminer avec ce panorama de ’la télévision de l’intimité’ telle qu’elle se présente aujourd’hui, il nous reste à évoquer un certain nombre d’émissions, assez peu nombreuses, dédiées à une thématique précise. ’Célébrités’, diffusée sur TF1 en seconde partie de soirée à un rythme généralement bimensuel, s’intéresse, comme son nom l’indique, aux ’grands de ce monde’, vedettes de cinéma et de la chanson et ’altesses sérénissimes’ du monde entier: c’est le magazine ’people’ par excellence. ’Combien ça coûte ?’, proposé par TF1 en ’prime time’ selon une périodicité en principe mensuelle, set consacré à l’argent, mais pas toujours du point de vue de l’individu lambda. Ainsi, le 16 Février 2000, l’émission présentait une série de reportages et de témoignages édifiants à propos des rapports qu’entretiennent les gens avec la fiscalité, sur une base d’ailleurs assez largement ’poujadiste’: ’Comment payer moins d’impôts ?’, ’Les promesses de baisse d’impôts’, ’Les victimes du fisc’, ’la famille et les impôts’, etc. Quant à ’C’est quoi l’amour ?’ dont le premier numéro a été diffusé sur TF1 en seconde partie de soirée, elle se rapproche beaucoup d’un des ’fleurons’ de la ’télévision de l’intimité’ des années 1990, ’L’amour en danger’ – largement étudié par Dominique Mehl -. ’C’est quoi l’amour ?’ est en effet co-animé par une journaliste et une femme médecin – pédiatre et psychothérapeute – et se propose, à l’aide de reportages et de témoignages ‘’de donner un éclairage particulier sur une problématique. Car les problèmes sont nombreux. Des couples témoignent de leurs expériences, heureuses ou moins heureuses, de leurs idées plus ou moins originales, de leurs espérances’ ’ 423 . C’est ainsi que dans l’émission du 30 Juin 2000, intitulée ’Pour le meilleur et pour le pire’, 4 couples relatent leur expérience après un accident ayant handicapé l’un des deux époux et expliquent que ’l’existence n’a plus rien à voir avec celle d’avant’, ’qu’il faut réapprendre les gestes les plus simples’, ’que l’amour permet de dépasser le drame’, etc., la psychothérapeute analysant les troubles psychologiques provoqués par de telles situations et donnant des conseils permettant de s’adapter le mieux possible aux conditions nouvelles créées par le handicap, et la journaliste ne manquant pas de souligner ’le courage exceptionnel’ de ces couples et la ’profondeur de l’amour qui les unit’. Il faut enfin souligner l’existence d’un certain nombre d’émissions ’orphelines’ ou épisodiques: ’Questions d’identité’ (France 3, seconde partie de soirée), le 25 Avril 2000, évoquait ’la grande bouffe, la mal bouffe, les enfants de la nouvelle cuisine à la recherche de leurs racines’; ’Comment ça va ?’ (France ’, deuxième partie de soirée) est présentée par un journaliste et un médecin et traite des problèmes de santé; ’Pourquoi, comment ?’ (France 3, ’prime time’) abordait le 16 Mai 2000 ’les secrets du surnaturel’; enfin, ’Changez de vie’ (France 3, ’prime time’) présentait le 24 Avril 2000, une série de reportages et de témoignages sur le thème ’changez de vie pour un enfant’ et montrait comment la vie de certaines personnes avait été bouleversée par un enfant victime d’une maladie rare, par l’arrivée de sextuplés, par un enfant surdoué physiquement ou intellectuellement, etc.

Au terme de ce tour d’horizon de la façon dont se présente, aujourd’hui, la ’télévision de l’intimité’, il nous reste à formuler quelques réflexions générales visant à la caractériser quelque peu.

Notes
417.

La télévision de l’intimité, opus cité, p. 27.

418.

Dossier de presse de TF1 présentant cette émission.

419.

En effeuillant la vie, Enquête de Catherine HUMBLOT sur Strip tease in Le Monde télévision du 10 au 16 Janvier 2000, pp. 4 et 5.

420.

Ibid.

421.

Orson Welles ayant réalisé une adaptation radiophonique hyper réaliste de La guerre des mondes de H.G. WELLS, (conçue sous la forme d’un reportage ’en direct’), nombre d’Américains crurent que les Martiens avaient effectivement débarqué, ce qui provoqua une énorme panique, des suicides, etc.

422.

En effeuillant la vie, opus cité.

423.

Dossier de presse de TF1.