3.2.2. Critiques techniques des sondages

Certes, ce n’est sans doute pas sur le plan technique que les sondages d’opinion sont le plus critiquables. La plupart des auteurs, y compris ceux qui sont les plus sévères d’un point de vue épistémologique, admettent que ‘’dans l’état actuel des moyens utilisés par les offices de production de sondages, l’objection n’est guère fondée’ 580 . Même si, lors de leur introduction au milieu des années 1930, les sondages étaient encore ’un instrument largement perfectible’qui a nécessité ‘de nombreux investissements de forme de la part des sondeurs et de leurs alliés dans le monde universitaire, pour renforcer le dispositif et le caractère de généralité et de représentativité des énoncés produits’ , ils apparaissent aujourd’hui, depuis longtemps déjà, comme débarrassés de leurs scories initiales et techniquement fiables. Il n’est peut-être pas inutile, toutefois, d’y regarder d’un peu plus près, et de procéder à un nouvel examen critique des différentes méthodes et techniques mises en oeuvre par les sondages d’opinion. Pour ce faire, nous reviendrons dans un premier temps sur la méthode des quotas, avant d’examiner les biais possibles lors de l’élaboration et de la mise en oeuvre d’une enquête et de nous interroger sur les éventuels effets pervers d’un certain nombre de procédés utilisés depuis quelques années pour optimiser les prévisions.

Notes
580.

Pierre BOURDIEU: L’opinion publique n’existe pas, opus cité, p. 222..