3.2.4.1. ’Comment les Français jugent le Front National’

Dans son édition du 16 Septembre 1996, ’Libération’ publiait à la une, comme titre principal (sur les trois quarts de la page) les résultats d’un sondage réalisé à sa demande par l’institut IPSOS sur le thème ’Comment les Français jugent le Front National’. La page 2 et la page 3 étaient également consacrées aux commentaires des 6 questions posées par téléphone auprès d’un échantillon national représentatif de la population française âgée de plus de 18 ans, cet échantillon étant composé de 956 personnes. Parmi ces commentaires, un long éditorial de Serge July, directeur de ’Libération’, qui, en s’appuyant sur ce sondage, ou plutôt sur une certaine interprétation de ce sondage, distribuait, comme à son habitude, de bons conseils de politologue amateur, sous le titre ’Comment s’en dépêtrer ?’.

La ’une ’ de ’Libération’ mérite d’être citée in extenso. Sous un surtitre général ’Sondage IPSOS-Libération’, elle était en fait composée de deux gros titres, chacun d’entre eux étant suivi d’un sous-titre explicatif de plusieurs lignes. Le gros titre du haut était ainsi libellé: ’63% des Français choqués par Le Pen...’, le sous-titre indiquant: ‘’Les propos répétés de Jean-Marie Le Pen sur l’inégalité des races ont choqué près de deux Français sur trois, selon un sondage réalisé par IPSOS à la demande de ’Libération’. Le Front National est un parti ’raciste’ pour 75% d’entre eux et considéré comme ’dangereux pour la démocratie’ à 66%’’ . En dessous de ce premier sous-titre, se trouvait le second gros titre, écrit avec les mêmes caractères que le premier, mais en rouge, de façon à insister lourdement sur cette pseudo ’révélation’: ‘’... mais 51% partagent certaines idées du Front National’ ’. Le sous-titre, lui, expliquait que ‘’le sondage IPSOS-Libération révèle également que, si 11% des Français se disent proches du F.N. sans être d’accord avec toutes ses opinions, ils sont 40% qui, sans se sentir proches du parti lepéniste, ’approuvent certaines de ses idées’.’ On trouvait enfin, tout en bas de la ’une’ une caricature de Willem représentant Le Pen sous la forme d’un bouledogue affublé d’une tête énorme, gueule béante, dans laquelle se penchait un Français moyen en déclarant ‘’Un peu crado, mais au moins, on est en sécurité là-dedans’ ’.

Il faut resituer rapidement ce sondage dans le contexte politique de l’époque. Quelques jours auparavant, Le Pen avait tenu une nouvelle fois des propos particulièrement odieux, portant en l’occurrence sur ’l’inégalité des races’, ce qui avait suscité la réprobation quasi-unanime de la classe politique et des médias, celle-ci s’étant traduite – il faut le souligner – par une publicité tapageuse autour de Le Pen et du Front National. Juppé, pour sa part, qui craignait comme de nombreux juristes, que les textes en vigueur ne permissent pas d’engager des poursuites judiciaires contre de tels propos, s’était engagé à déposer un projet de loi facilitant la répression de l’intention d’inciter à la haine raciale. Et manifestement, ’Libération’, ne sachant trop comment se singulariser, a cherché, par le biais d’un sondage, ‘’à produire des données insolites ou des pseudo ’scoops’ qui font les premières pages et sont censés attirer les lecteurs’’ 620 tout en essayant ‘d’intervenir dans le jeu politique, de préférence en fonction de la ligne politique défendue par le journal (...) de produire des effets politiques en substituant à la réalité ce que les gens sont censés penser de la réalité après une campagne de presse ayant contribué à fabriquer une certaine représentation de cette réalité’ 621 .

Avec ce sondage consacré à l’opinion des Français sur le Front National et son président, on est tout à fait dans le cas de figure que nous venons d’évoquer en citant Patrick Champagne, où le sondage est tout à la fois une solution de facilité, un moyen (supposé) pour maximiser l’audience et une façon d’utiliser ’l’opinion publique’ pour peser plus fortement dans le débat public, quitte à interpréter, voire à manipuler, les données.

La première remarque qui s’impose est relative à la nature approximative (mais tout à fait réfléchie) des ’révélations’ publiées à la ’une’ de ’Libération’. D’abord, les 63% de Français choqués par Le Pen, sont en fait, si l’on se réfère aux termes stricts de la question posée, des gens ‘choqués par les propos de Le Pen sur l’inégalité des races’ , ce qui n’est pas la même chose. On peut être choqué par les propos de Le Pen sans être choqué par Le Pen en général et vice-versa. Certes le sous-titre explique qu’il s’agit des propos de Le Pen sur ’l’inégalité des races’, mais lors d’une lecture superficielle, on a le sentiment qu’il s’agit de Le Pen en général, d’autant plus que le second gros titre, écrit en rouge qui fait antithèse avec le premier, évoque le Front National et ses idées en général, tellement en général même que la formule ‘51% partagent certaines idées du Front National’ n’a quasiment pas de sens. Nous y reviendrons. En second lieu, il convient de se demander si l’agrégat d’opinions qui permet d’obtenir ce chiffre de 51% a véritablement une signification. Ce chiffre, en effet, on le comprend en lisant le sous-titre, est le résultat d’une opération qui, en l’espèce, n’est pas le fait de l’institut de sondage, mais du journal lui-même qui a pris la liberté de constituer une catégorie unique en additionnant ceux qui ‘’se sentent proches du F.N. mais qui n’approuvent pas certaines de ses idées’ (10%) et surtout ceux ‘qui ’ne se sentent pas proches du F.N. mais qui approuvent certaines de ses idées’ (40%). Il y a là, à notre sens, une manipulation assez grossière dont l’objectif était d’obtenir une majorité à tout prix. Car au nom de quoi peut-on additionner des gens ‘qui ’se sentent proches du F.N.’ et des gens qui ne s’en sentent ’pas proches’, plutôt que d’ajouter des gens qui ’ne se sentent pas proches du F.N.’ mais qui ’approuvent certaines de ses idées’ et des gens ’qui ne se sentent pas proches du F.N. et qui désapprouvent toutes ses idées’ (44%). Cette dernière opération qui n’est pas plus arbitraire que la précédente – et sans doute moins – donnerait un total de 84%, assez proche de la proportion de ceux qui ne votent pas pour la Front National aux différentes élections. Dans l’opération pratiquée par ’Libération’, le critère ’proche du F.N.’ ou ’pas proche du F.N.’ – qui, sur le plan politique, est le seul valide, puisqu’il correspond à une donnée relativement objective comparable à une intention de vote virtuelle – a été purement et simplement évacué au profit d’un autre critère, totalement flou, dont on ignore totalement la signification politique, ’approuver certaines des idées du F.N.’. On voit donc bien comment un sondage, par le simple jeu des questions et des propositions de réponses, construit des catégories qui n’existent pas dans la réalité politique.

Notre seconde remarque portera précisément sur cette dimension, en commençant naturellement par la critique de la catégorie ‘’pas proche du F.N. mais qui approuvent certaines de ses idées’ . Il faut tout d’abord souligner que cette catégorie est paradoxale et artificielle (politiquement parlant) dans la mesure où elle marie deux critères a priori contradictoires. Elle a été construite pour les besoins de la cause, c’est-à-dire pour essayer de montrer que, au-delà de l’électorat du Front National, ‘’Quand Le Pen parle, ce sont environ quatre Français sur dix qui se reconnaissent, peu ou prou, dans ce qu’il dit’ , comme l’écrit Serge July dans son éditorial. Et il poursuit avec cette phrase singulièrement éclairante de la façon dont, après avoir construit de toutes pièces une ’opinion publique’ sur un thème donné, on l’instrumentalise à son profit: ‘’Quels que soient les sentiments qu’inspire ce politicien de secte, ce général de l’insulte, ce sémanticien de la honte, il faut le rapporter à tous ceux qui l’entendent d’une oreille bienveillante’’ 622 . Au-delà de la violence de la diatribe contre Le Pen (dont d’ailleurs nous ne remettons pas en cause la sincérité), il reste que Serge July appuie son argumentation sur la prétendue existence de cette pseudo catégorie de Français qui ’ne se sentent pas proches du F.N. mais qui approuvent certaines de ses idées’. Cette dernière formulation, en second lieu, doit être regardée de près, car elle aussi nous semble très significative d’une pratique très courante dans les sondages d’opinion, à savoir les questions ou les propositions de réponses dont la formulation est tellement floue, tellement générale ou tellement équivoque qu’elle en perd tout sens, ou plutôt qu’elle peut revêtir une multiplicité de sens différents. Et au surplus, comme le note Patrick Champagne, ‘’la compréhension proprement linguistique d’une question (qui est loin d’être effective pour les enquêtés) n’implique pas nécessairement la compréhension pratique du problème qu’elle soumet à l’enquêté, ni a fortiori la reconnaissance du problème impliqué par la question comme ’problème’, et encore moins la connaissance des enjeux, notamment politiques, qu’elle peut comporter’’ 623 . En l’espèce, on peut se demander ce que signifie véritablement pour les interviewés ‘’ne pas se sentir proche du F.N. mais approuver certaines de ses idées’ et, particulièrement, ce que recouvre l’expression ’certaines de ses idées’. De quelles idées s’agit-il ? Sur quel thèmes ? S’agit-il du corpus idéologique de fond qui fait du F.N. un parti fascisant ? S’agit-il du racisme, dont on sait, hélas, qu’il va bien au-delà de l’électorat du F.N. ? S’agit-il des nombreuses propositions du F.N. qui s’inspirent de la même idéologie néo-libérale que les partis de la droite ’classique’ et qui sont donc, certes, réactionnaires, mais pas scandaleuses (salaire maternel, baisse des impôts, déréglementation, baisse des charges patronales, etc.) ? Ou encore, s’agit-il, non pas véritablement d’idées, mais plutôt d’un sentiment provoqué par le discours protestataire et démagogique du F.N. et de son chef, sentiment selon lequel, comme l’avait déclaré Laurent Fabius lorsqu’il était Premier Ministre, ‘’le Front National pose de bonnes questions mais apporte de mauvaises réponses’ ? La formulation ’approuver certaines idées du F.N.’ relève donc sans conteste soit de la faute professionnelle, soit d’une manipulation sciemment organisée dont les effets politiques sont extrêmement graves puisqu’elle permet de donner au Front National une audience qu’il n’a pas et de faire de lui un parti qui serait ’présentable’ s’il était débarrassé des propos extrémistes de son chef.

Notre troisième remarque porte sur un élément assez fréquent dans les sondages ’d’opinion publique’ politiques, à savoir, sur le classement des différentes réponses en fonction de la préférence partisane des interviewés. Cette préoccupation, en soi, nous semble au demeurant tout à fait légitime, dans la mesure où la ’préférence partisane’, si elle n’est pas une donnée totalement scientifique, renvoie tout de même, grosso modo, à une dimension objective et mesurable qui est celle des intentions de vote. Il n’est pas sans intérêt, en l’espèce, de savoir comment se positionnent les différents électorats par rapport au Front National, d’autant que les résultats ainsi obtenus, pour peu qu’ils soient fiables – et on verra ci-après qu’ils ne le sont pas tellement – infirment assez largement les principales interprétations élaborées par ’Libération’. Ainsi, si l’on reprend la question ‘’Quelle est aujourd’hui votre attitude par rapport au Front National ?’’ et la réponse ’pas proche du F.N, mais qui approuve certaines de ses idées’, on constate que c’est surtout l’électorat du R.P.R. (à 59%) qui formule cette appréciation, alors que l’électorat communiste ne la reprend que pour 19%, l’électorat socialiste pour 30% et l’électorat écologiste pour 32%. La ’réalité’ de cette opinion renvoie donc bien, pour une part importante, à une proximité objective entre ’certaines idées’ du F.N. et ’certaines idées’ de la droite parlementaire ’traditionnelle’ davantage qu’à une nouvelle catégorie politique qui ne fait qu’amalgamer sans vergogne des proportions très variables des différents électorats, y compris celui du F.N. qui, à hauteur de 30%, se déclarent ‘’pas proche du F.N. mais qui approuve certaines de ses idées’ . Comprenne qui pourra... En tout cas, tout cela relativise beaucoup le crédit que l’on peut accorder aux déclarations des interviewés pour qualifier leurs propres attitudes. Mais au-delà de cette importante parenthèse, il faut revenir à notre propos initial et souligner la faible fiabilité, ou plutôt le taux d’incertitude très important (au moins plus ou moins de 10%) qui affecte le classement des résultats en fonction de la préférence partisane. En effet, le nombre total de personnes interrogées étant, en l’occurrence de 956 personnes, ce qui correspond à un taux d’incertitude de plus ou moins 2 à 3%, il est probable, si l’échantillon est représentatif, que les différents électorats seront représentés à hauteur de leur influence électorale moyenne, c’est-à-dire par un nombre d’individus assez faible, d’où un taux d’incertitude élevé. Autrement dit, l’électorat communiste (moins de 10%) sera représenté par moins de 95 personnes, l’électorat socialiste (environ 22%) par 200 personnes, l’électorat R.P.R. (environ 20%) par 190 personnes, etc. Du coup, chacun des électorats, à commencer par les moins importants numériquement, se trouvera largement en dessous du minimum nécessaire pour obtenir un taux d’incertitude acceptable. En fait, les résultats ainsi obtenus n’ont pas grande signification, d’autant qu’il faut également prendre en compte le taux d’incertitude de l’ensemble du sondage, et relativiser les déclarations de préférence partisane. On pourrait d’ailleurs formuler exactement la même remarque à propos du classement des résultats d’un sondage en fonction des différentes catégories socioprofessionnelles, la seule différence – mais elle est en l’espèce minime – tenant au fait qu’il n’y a pas d’incertitude sur celles-ci.

Notre quatrième remarque constitue en quelque sorte une généralisation de la deuxième puisqu’elle porte également sur la construction par le sondage et par le commentaire du journaliste, en l’occurrence Jean-Michel Thenard, de catégories politiques tout à fait arbitraires constituées en référence au Front National, comme si celui-ci était véritablement le centre de la vie politique française. Ainsi, Jean-Michel Thenard écrit: ‘’Ainsi se dessinent globalement trois France. La première rassemble un peu plus de 10% des sondés, s’assume proche du F.N., dit partager l’essentiel de ses idées et se confond globalement avec son électorat traditionnel. La deuxième se revendique résolument anti-lepéniste, rassemble 44% des Français et désapprouve toutes les idées du F.N. (...) Une troisième se dit éloignée du F.N. mais approuve certaines de ses idées. Elle rassemble près de 4 Français sur 10 (...) C’est à cette partie de l’opinion que s’adresse Le Pen quand il jure dire tout haut ce que les Français pensent tout bas. C’est elle qu’il espère séduire, mais qu’il repousse à chaque fois qu’il dérape’’ . Cette ’analyse’ du journaliste reprise, sous une forme très résumée, dans un petit encadré inséré dans l’article, sous le titre ’Trois France’ constitue en fait une excellente synthèse de la représentation de la France politique construite par ce sondage; mais évidemment elle n’est pas présentée comme une construction arbitraire, mais comme l’expression d’une réalité profonde que le sondage – et ’Libération’ – ont révélée au peuple ébaubi. Si la première catégorie a effectivement une existence politique – c’est grosso modo l’électorat du Front National -, si la troisième catégorie, on l’a déjà montré, est issue d’un amalgame que rien ne justifie, qu’en est-il de cette deuxième catégorie ’antilepéniste’ qui serait composée de 44% des Français ‘’qui ne se sentent pas proches du F.N. et qui désapprouvent ses idées’ ’. A priori, la formulation semble un peu plus cohérente et moins sujette à interprétation que la précédente. Pourtant, à y regarder de plus près, on peut se demander ce que recouvre vraiment cette catégorie en dehors de toute situation réelle. Comparé à d’autres indications, le chiffre de 44% ’d’antilepénistes’ semble en effet en même temps très élevé et très faible, ce qui laisse à penser, encore une fois, que tous les interviewés n’ont pas compris la même chose lorsqu’ils ont choisi cette proposition de réponse. Si l’on compare, par exemple, ce chiffre de 44% avec les 63% de Français qui ont été ‘’choqués par le discours de Le Pen sur l’inégalité des races’ ou avec les 71% qui ’approuvent un renforcement de la législation permettant de réprimer l’intention d’inciter à la haine raciale’ , les 75% qui considèrent que le F.N. est un ’parti politique raciste’, les 73% qui estiment que le F.N. est ’un parti d’extrême droite’ ou encore, les 66% pour qui le F.N. est ’un parti dangereux pour la démocratie’, on ne peut qu’être surpris de ce déficit. En revanche, si l’on considère que 21% seulement pensent ’qu’il faut interdire le Front National’ ou que 33% d’entre eux sont ‘’favorables au maintien du mode de scrutin actuel afin d’éviter de faire élire des députés F.N.’’ , ou encore si l’on prend en compte la mobilisation réelle contre le Front National (présence dans les manifestations, engagement militant, etc.), on peut penser que le chiffre de 44% ’d’antilepénistes’ est singulièrement élevé. Au surplus, l’étude de la distribution en fonction de la préférence partisane – même avec la prudence qui s’impose – semble montrer une relation assez nette entre celle-ci et l’attitude vis-à-vis du Front National: tout se passe comme si plus les gens étaient classé ’à gauche’ et plus leur rejet de principe du Front National était important. Autrement dit, on peut penser que compte tenu de la réalité politique française, le rapport au Front National est davantage constitué comme un problème politique important dans les partis de gauche que dans les partis de droite et que le rejet du F.N. affiché par les partis de gauche conduit une grande partie de leurs électorats à choisir la réponse la plus proche possible de ce qu’ils pensent être la position du parti pour lequel ils votent. C’est ainsi que 74% des électeurs communistes et 63% des électeurs socialistes ‘déclarent ’qu’ils ne sont pas proches du F.N. et qu’ils désapprouvent toutes ses idées’ alors que seuls 48% des électeurs U.D.F. et 25% des électeurs R.P.R. partagent cette opinion. En somme, la complaisance des partis de droite vis-à-vis du Front National et l’existence entre celui-ci et ceux-là de ’valeurs communes’, comme le disait Charles Pasqua il y a quelques années, conduit naturellement une partie de l’électorat de droite traditionnel à ne pas rejeter en bloc le Front National. Sans doute peut-on contester cette analyse, mais elle nous semble néanmoins montrer que la ‘catégorie ’pas proche du F.N. et qui désapprouve toutes ses idées’ n’a pas plus de réalité politique que celle intitulée ‘’pas proche du F.N. mais qui approuve certaines de ses idées’.’

Notes
620.

Faire l’opinion, opus cité, p. 136.

621.

Ibid. pp. 136-137.

622.

Libération, 16 Septembre 1996,p. 3.

623.

Faire l’opinion, opus cité, pp. 112-113